Lot n° 149

MORLAND SAMUEL (1625-1695). Diplomate anglais et inventeur. Manuscrit autographe avec 5 dessins originaux à la plume, [Londres vers 1670] ; 3 pages in-fol. sur 2 ff. réglés à l’encre rouge (marque de pli, et petite déchirure) ; en anglais

Estimation : 3 000 - 4 000 €
Adjudication : 5 850 €
Description

Très rare description de son tuba stentoro-phonica, ou « trompette parlante », porte-voix qui fut adopté par Charles II pour la Marine.

Morland a publié en 1672 une brève description de son invention : Tuba stentoro-phonica, an instrument of excellent use, as well at sea, as at land; invented and variously experimented in the year 1670. And humbly presented to the Kings most excellent Majesty Charles II. In the year 1671. By S. Morland. The instruments (or speaking-trumpets) of all sizes and dimensions, are made and sold by Mr. Simon Beal, one of His Majesties trumps in Suffolk-street (London, 1672).

Ce manuscrit, inédit, est le seul parmi les rares manuscrits connus de Morland à mentionner cette invention ; il est différent du texte édité ; il présente quelques corrections et additions interlinéaires. Les cinq figures très finement dessinées à la plume et l’encre brune (I à V) présentent elles aussi des différences avec celles gravées dans le livre.

Morland expose à « Your Highness » comment il eut l’idée d’inventer, en s’inspirant de la trompette qui augmente et amplifie une note, un instrument qui amplifierait de la même façon le son des syllabes, mots et discours. Il fit d’abord fabriquer un tube en verre, mais il n’était pas assez large pour y appliquer la bouche de l’orateur. Il s’adressa alors à un fabricant de trompettes, à qui il donna les instructions pour fabriquer un tube de cuivre avec une embouchure (fig. I), dont il donne les dimensions. Il raconte son premier essai, très concluant, dans St James Park ; le son était si grand que la garde de Whitehall envoya un sergent et des mousquetaires pour appréhender Morland. Le second essai fut fait devant le Roi, qui, à l’autre bout du parc, entendit chaque mot distinctement ; ses Horse-Guards, affolés, chevauchèrent alors pour s’emparer de Morland, mais le Roi les arrêta et les tranquillisa. L’instrument, par temps calme, pouvait être entendu au moins à un mile anglais ; d’autres essais et de nouvelles formes (fig. II à V) permirent à Morland de perfectionner son instrument pour être entendu à 4 ou 5 miles au moins. On pourrait ainsi communiquer d’un bateau à l’autre, ou avec une ville assiégée, en utilisant un langage chiffré pour le secret. Le dernier paragraphe explique comment bien positionner l’instrument, pour qu’il s’applique parfaitement à la bouche, sans laisser passer d’air…

Samuel Morland (1625-1695) commença sa carrière comme diplomate au service de Cromwell, qui l’envoya à Turin comme ambassadeur extraordinaire après les massacres des Vaudois du Piémont, qu’il relatera dans son premier livre : The History of the Evangelical Churches of the Valleys of Piemont (1658). Travaillant au service de l’espionnage, il développa la cryptographie, et se rallia à Charles II. Mathématicien, il inventa en 1664 une machine à calculer, mais aussi, outre ce porte-voix, une pompe à eau, et divers engins hydrauliques

Référence : H.W. Dickinson, Sir Samuel Morland : Diplomat and Inventor (Newcomen Society, 1970).

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