Lot n° 123

VILLIERS DE L'ISLE ADAM (Auguste de).

Estimation : 500 - 600 EUROS
Adjudication : 1 000 €
Description
Manuscrit autographe intitulé « El Desdichado ». 2 pp. 1/2 in-12 sur 3 ff. reliés en un volume de demi-percaline bronze à la bradel. Poème en prose paru dans La Lune du 18 août 1867, qui forme le noyau primitif des « Souvenirs occultes » parus dans ses Contes cruels en 1883 à Paris chez Calmann-Lévy. Légende nervalienne par son titre et son symbolisme syncrétique, mais hantée par l'obsession d'une filiation avec un passé médiéval mythique. « je suis issu d'une famille de celtes, dure comme les rochers. j'appartiens à cette race de marins, fleur illustre d'armor, souche de bizarres guerriers, dont le dernier membre, mon aïeul, – (mon vieux père n'étant qu'un agronome), – combattit aux côtés du bailli de Suffren dans des expéditions d'Asie, et se distingua spécialement dans les Indes, comme spoliateur de tombeaux. L'aventurier se risquait, de nuit, dans les sépulcres des anciens rois de ces contrées pacifiques et, les sacoches de pierreries au fond de la barque, remontait des fleuves au clair de lune. Séduit, toutefois, par les mielleux discours et les insidieux paradoxes du colonel Sombre, il donna dans une embuscade, et périt au milieu d'affreux supplices. Les hordes hymalaïennes disséminèrent ses trésors dans les cavernes, au sommet des montagnes. Et les vieilles pierreries y brillent encore, pareilles à des regards toujours allumés sur les races. J'ai hérité, moi, des éblouissements du soldat funèbre et de ses terreurs. j'habite une Ville ancienne et fortifiée ou m’enchaîne la mélancolie. Je m'attarde quand les soirs du solennel automne allument la cime rouillée des forêts. Parmi les resplendissements de la rosée, je me promène, de nuit, dans les noires allées, comme l'aïeul se promenait dans les tombeaux, et je sens, alors, que je porte dans mon âme le reflet des richesses stériles d'un grand nombre de rois oubliés... » En exergue, Auguste Villiers de L'Isle-Adam a inscrit une citation approximative de la nouvelle Bérénice d'Edgar Allan Poe : « Mon nom de baptême est Egæus, et il n'y a pas, dans toute la contrée, de plus mélancolique manoir que mon vieux manoir héréditaire. »
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