Lot n° 110

SAVARY (Jean Marie René).

Estimation : 400 - 500 EUROS
Adjudication : Invendu
Description
Lettre autographe signée « le duc de Rovigo » [adressée au duc de Bourbon]. Paris, 18 octobre 1821. 3 pp. in-folio. Sa ligne de défense concernant son rôle dans l'exécution du duc d'Enghien : honneur et devoir du soldat aux temps troubles de la Révolution « Monseigneur, je supplie Votre Altesse Royale de n'attribuer qu'au besoin que j'éprouve d'obtenir son estime, la liberté que je prends de mettre mon nom sous ses yeux et de lui demander l'honneur de l'entretenir ; ma confiance dans l'équité de Votre Altesse Royale me fait espérer qu'elle me pardonnera d'oser renouveller ses douleures pour satisfaire au cri de l'honneur qui m'en impose le devoir. je n'ai rien ignoré, monseigneur, de tout ce qui m'a été imputé dans l'événement qui me conduit devant Votre Altesse Royale, et c'est parce que je sçais à quel point elle est prévenue contre moi que j'attache encore plus de prix à être moimême l'interprète d'une justification qui intéresse le repos comme la gloire de ma vie. je ne Viens point m'excuser, Monseigneur, Votre Altesse Royale verra que je n'ai pas besoin d'être ménagé, ni lui faire des révélations sur qui que ce soit, elle pourra de même juger si j'en suis capable. Le premier de mes devoirs a dû être d'éclairer la religion du roi, et quoique je dusse être satisfait de ce qu'il a daigné me dire, je ne trouverai un repos parfait qu'après avoir entendu les mêmes paroles de la bouche de Votre Altesse Royale, et j'ose me flatter qu'elle concevra de moi une opinion moins défavorable après qu'elle m'aura admis à l'honneur de lui parler. aux temps où les dissentions ciViles aVoient mis les armes à la main à tous les partis, quoique à peine dans le monde et sans expérience, j'ai été assez heureux pour rester étranger aux honteux écarts qui ont signalé ces fatales époques ; je n'ai fait que la guerre, et j'ai du tout à la guerre qui a fait de moi l'ancêtre de ma famille. j'y ai eu l'honneur de combattre contre Vous, monseigneur, j'étois le comandant d'un des pelotons du centre de la ligne de cavalerie que vous enfonçâtes personnellement à la charge de Bertsheim [bataille de Berstheim qui, près de Haguenau, mit aux prises le 2 décembre 1793 les troupes républicaines de Gouvion-Saint-Cyr aux Autrichiens appuyés par l'amée de Condé], je vous ai vu blesser dans la mêlée par un m[aréch]al des logis du rég[imen]t de Royal-Roussillon Cavalerie. J'étois alors dans l'âge où l'amour de la gloire fait rechercher tout les genres de périls, mais Votre Altesse Royale est trop juste pour reconnoître dans ces sentiments-là autre chose sinon que j'étois digne de la suivre dans un champ de bataille si le destin n'en avoit pas ordonné différemment, et jusqu'à présent je lui rends grâce de m'avoir conduit à cent combats et pas encore à un jugement. Votre Altesse Royale est trop grande pour vouloir conserver une opinion établie sur les calomnies dont j'ai été l'objet, je suis au contraire persuadé qu'elle la redressera avec plaisir parce que les armes de révolutions ne doivent point atteindre le cœur de Votre Altesse Royale. Le premier des biens d'un guerrier est la réputation, parce qu'elle est son œuvre propre, et comment pourroit-il supporter la privation de l'estime du prince sous les ordres duquel il peut être appellé à l'honneur de servir un jour. si la rigueure aVec laquelle j'ai rempli mes deVoirs m'a rendu hostile contre Votre maison, monseigneur, c'étoit la conséquence d'un deVoir indépendant de moi, et non celle d'une disposition personnelle particulière, et je ne serois point autorisé aujourd'hui à réclamer votre estime si j'avois transigé avec ce qui m'etoit imposé quand j'étois ennemi, et, digne héritier du Grand Condé, Votre Altesse Royale ne recherchera pas plus que lui ceux l'avoient combattu en faisant leur devoir... » Femme de lettres à succès, Madeleine de Scudery (1608-1701) fut, orpheline dès son jeune âge, élevée par un oncle ecclésiastique qui lui donna une éducation soignée. Elle fréquenta l'hôtel de Rambouillet et en poursuivit la tradition en ouvrant son propre salon littéraire, où l'on continua à élaborer et pratiquer l'art de la conversation. Elle y reçut hommes de lettres et aristocrates tels Conrart, Chapelain, Pellisson, le duc de La Rochefoucauld, le duc de Montausier, la marquise de Sévigné, la comtesse de La Fayette ou la future marquise de Maintenon. Elle écrivit deux romans, Le Grand Cyrus (1649-1653), plus ou moins en collaboration avec son frère l'officier et écrivain Georges de Scudéry, puis Clélie (16541660), seule, qui prit rang parmi les plus éclatants succès éditoriaux du Grand Siècle, en inaugurant en France la tradition du roman psychologique. Ami de Ménage, de madame de Lafayette et de madame de Scudery, le prélat Pierre Daniel Huet (16301721) se fit un nom par sa grande érudition et fut sous-précepteur du Dauphin. Dans le paysage intellectuel de l'époque, il compta parmi les anticartésiens.
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