Lot n° 41

FONTENELLE (Bernard Le Bovier de).

Estimation : 600 - 800 EUROS
Adjudication : 800 €
Description
Manuscrit autographe intitulé « Satire troisième. Sur l'indulgence qu'il faut avoir pour les défauts de ses amis ». 1 p. 1/2 in-4. Note sur une des satires d'Horace, la troisième du premier livre. Fontenelle en condense l'« argument » (comme il l'a ici écrit en titre puis biffé) : une réflexion sur les vices et l'amitié, la lucidité qu'il faut garder sur soi et les indulgents conseils qu'il faut se prodiguer entre amis pour s'amender. Il souligne ainsi la critique du paradoxe stoïcien de l'égalité des fautes. Cette note conserve le ton de causerie ironique de bon aloi de la satire d'origine, jetant de fait un pont entre les pratiques du cercle amical constitué autour de Mécène auquel appartenaient Horace ou Virgile, et les salons du siècle de Louis XIV. « Vous ne sauriés sans imprudence blâmer les deffauts d'autruy si vous ne convenés des vôtres, et par là vous luy donnés la même prise sur vous. Aprenons donc à ne nous pas choquer si légèrement des défauts des autres, principalement de nos amis. Leurs bonnes qualités nous doivent faire suporter sans dégoût les mauvaises ; notre amitié nous les affoiblir ; la raison et l'équité ne nous les faire au moins compter que pour ce qu'elles sont. Il est vray que les stoïciens soutiennent que tous les vices sont égaux. Mais combien cette opinion n'est-elle point contraire à la raison et à la justice quy, par l'inégalité des peines, reconnoissent entre les vues de l'inégalité ? Après tout, de quel poids peut être le sentiment de ces misérables sophismes ? La seulle idée qu'ils veulent nous donner de leur sage, sufit pour les convaincre d'être fous. » Fontenelle cite en exergue du présent manuscrit le premier vers latin de cette satire : « Omnibus hoc vitium est cantoribus, inter amicos / ut numquam inducant animum cantare rogati, / injussi numquam desistant », soit : « De tous les chanteurs c'est le vice, qu'entre amis, /priés de chanter, jamais ils ne s'y résolvent, / tandis que non sollicités, jamais ils ne s'abstiennent] ». Jacques Dupuy, notable et mécène. D'une famille de marchands, notaires et officiers municipaux, il fut capitaine châtelain de Saint-Galmier de 1544 à 1574, et, comme son cousin Hugues Dupuy, premier président au parlement de Dombes, il se piqua de soutenir la vie intellectuelle locale, ainsi qu'en attestent les dédicaces qui lui sont adressées dans des livres imprimés par Jean Surrelh, Gilbert Damalis ou Benoît Voron. La famille Dupuy serait bientôt alliée aux Brûlart, Molé, Séguier, de Thou : deux petits neveux de Jacques Dupuy connaîtraient un destin remarquable, Pierre et Jacques Dupuy, bibliothécaire de Christophe de Thou puis de la Bibliothèque royale. Claude d'Urfé, officier, diplomate, et gouverneur de trois futurs rois. Baron d'Entraigues et de Beauvoirsur-Arnon, Claude d'Urfé (1501-1558) fut un proche serviteur des rois de France : il accompagna François Ier dans sa campagne d'Italie, et, bien que nommé bailli de Forez en 1535, fut envoyé comme ambassadeur au concile de Trente (1546-1547) puis à Rome (1549-1551). Henri II le fit alors gouverneur des enfants de France (1553-1558), parmi lesquels les futurs Charles IX, François II et Henri III. Amateur des lettres et des arts, il avait embelli son château de La Bastie, près de Montbrison, en faisant appel à des artistes italiens, et y avait réuni une importante collection de manuscrits et imprimés – il y reçut François Ier en 1536. Son petit-fils, Honoré d'Urfé, serait l'auteur de la célèbre pastorale L'Astrée.
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