Lot n° 257

NAPOLÉON IV (1856-1879) Prince Impérial — 5 L.A.S. — “Napoléon”, février 1879 ; 18 pages in-8 ; montées sur onglets dans un volume cartonné petit in-fol.

Estimation : 2 000 - 2 500 €
Adjudication : Invendu
Description
Très bel ensemble sur son engagement dans la guerre de l'Angleterre contre les Zoulous.

[Le 22 janvier 1879, l'armée anglaise avait été défaite à Isandhlwana, perdant 800 hommes.
Dès que la nouvelle fut connue à Londres le 11 février, il fut décidé d'envoyer une expédition punitive placée sous le commandement de Lord Chelmsford. De nombreux officiers s'engagèrent, dont les amis de Woolwich du Prince Impérial. Celui-ci prit sa décision très rapidement: dès le 17 février, il demanda à partir au Duc George de CAMBRIDGE, Commandant en chef de l'Armée britannique, qui lui opposa d'abord un refus, de même que le premier ministre Disraëli, mais, par l'intermédiaire de l'Impératrice Eugénie (pourtant réticente), la Reine Victoria donna son accord le 24 février : le Prince Impérial pouvait aller en Afrique du Sud, mais comme observateur, sans commandement. Il s'embarqua le 27 février à Southampton. Le 25 février 1879, le Duc de Cambridge écrivait à Lord Chelmsford: “ma seule crainte est qu'il soit trop courageux”; en effet, le Prince trouva la mort au combat le 1er juin 1879.]

Les trois premières lettres sont adressées au Duc George de CAMBRIDGE, Commandant en chef de l'Armée britannique.
Gloucester House [résidence du Duc de Cambridge, février 1879]. Il regrette de l'avoir manqué: “Je serais heureux de causer avec Votre Altesse Royale du nouveau plan que sa lettre m'expose [...] Je serais disposé à m'embarquer dans n'importe quelle condition si une fois rendu sur le théâtre des opérations il m'était possible de servir dans une situation quelconque”...
Junior United Service Club à Londres, 21 février 1879. Il a reçu sa lettre: “Avant de vous dire toute la peine qu'elle m'a causée je tiens à remercier Votre Altesse Royale de la flatteuse approbation qu'elle donne aux motifs qui ont déterminé ma démarche. J'eusse été heureux de partager les fatigues et les dangers de mes camarades, qui tous ont le bonheur de faire campagne. Quoique je ne sois pas vaniteux au point de croire que mes services pouvaient être utiles à la cause que je voulais servir je trouvais toutes fois dans cette guerre l'occasion de témoigner ma reconnaissance envers la Reine et la nation d'une façon qui plaisait à mon caractère. - Lorsqu'à Woolwich et plus tard j'eus l'honneur de porter l'uniforme anglais j'espérais que ce serait dans les rangs de nos alliés que je ferais mes premières armes. En perdant cet espoir je perds une des consolations de mon exil. Je n'en reste pas moins profondément dévoué à la Reine et profondément reconnaissant à

Votre Altesse Royale de l'intérêt qu'elle m'a toujours témoigné”...

South Western Hotel, Southampton, [vers le 26 février 1879]. “Avant de quitter l'Angleterre, je tiens à remercier Votre Altesse Royale de l'intérêt dont elle m'a donné ces temps derniers tant de preuves. Je suivrai les bons conseils qu'elle veut bien me donner et je la prie de croire à ma reconnaissance qui ne finira qu'avec ma vie”...

Les deux autres lettres sont adressées à son ami intime Louis CONNEAU.
Camden Place, Chislehurst, 18 février 1879. Il lui reproche de ne pas lui avoir écrit depuis longtemps: “Est-ce ainsi que l'on oublie un camarade qui vous aime comme s'il était votre frère? Je vous écris ces quelques lignes pour vous annoncer une g[ran]de résolution que j'ai prise et que de puissants mobiles m'ont dictée. - Je pars dans 9 jours pour le cap de Bonne Espérance où la guerre a pris une grande extension et j'y resterai quelques mois. Vous verrai-je avant mon départ? J'en serais bien heureux. [...] Ne parlez à personne de ma résolution. - Je m'embarque le 27 fév[rier]”... 25 février 1879. Son ami Espinasse expliquera à Conneau les motifs de son départ. “Ne croyez pas que j'agisse à la légère ni que j'abandonne mes devoirs envers le pays. J'ai cru utile de montrer une fois pour toutes que j'étais de ceux qui savent se décider et mépriser les blâmes. Ce n'est qu'à ce prix qu'on persuade au public qu'on est fait de la pâte des hommes nés pour le commandement. Je vous embrasse de tout mon coeur et je regrette que vous ne partagiez pas mon bonheur d'aller au feu”...

─ On joint :
• 2 photographies: le Prince Impérial en uniforme (London Stereoscopic Company); groupe d'officiers de Woolwich, avec le Prince Impérial au centre (photo par Taylor à Woolwich).

─ Ancienne collection Christopher FORBES (5 mars 2016, nos 133-134).
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