Lot n° 175

Emmanuel, Comte de LAS CASES (1766-1842) compagnon de Napoléon à Sainte-Hélène, auteur du Mémorial de Sainte-Hélène — L.S. — “Le Cte de Las Cases”, Cap de Bonne Espérance mai 1817, à l'Impératrice MARIE-LOUISE ; 3 pages in-4...

Estimation : 1 800 - 2 000 €
Adjudication : 2 834 €
Description
(quelques rousseurs); sous cadre.
Émouvante lettre à Marie-Louise du fidèle compagnon de Napoléon après son expulsion de Sainte-Hélène, alors qu'il est emprisonné avec son fils au Cap de Bonne-Espérance ; il y évoque les portraits de Marie-Louise et du Roi de Rome qui décorent la chambre de Napoléon.

“En quittant le roc de St Hélène dont j'ai été arraché, un de mes premiers besoins a été de transmettre à Votre Majesté des nouvelles de l'Empereur: je tairai à votre coeur les peines, les souffrances, l'amertume dont il était abreuvé chaque jour, je ne parlerai à Votre Majesté que de ses sentiments pour vous. Rendu à la vie privée, votre souvenir occupait toute sa pensée. [...] Votre perte, celle de son fils, l'ignorance de vos destinées, formaient sa plus grande peine. Le petit réduit qui composoit sa chambre à coucher, étoit un vrai sanctuaire de sentiments de famille. Quatre portraits divers de Votre Majesté, cinq du Roi de Rome et un petit buste en marbre, en formoient toutes les décorations”... Il lui envoie une mèche des cheveux de l'Empereur ainsi qu'un plan de Longwood, tracé par son fils... “Je suis dans une captivité rigoureuse”... Il explique que Napoléon voulait écrire à Marie-Louise par l'intermédiaire du Prince Régent; mais comme on exigeait que ses lettres fussent ouvertes, il a préféré se priver de lui écrire...

À la suite de sa lettre, il a fait retranscrire celle que lui a adressée Napoléon, datée de Longwood le 11 décembre 1816, mais dont seule une copie censurée lui a été transmise. Napoléon y rend hommage à la noblesse et à la générosité de Las Cases, l'enjoignant d'oublier les maux qu'on lui a fait subir: “si vous voyez un jour ma femme et mon fils, embrassez les. Depuis deux ans je n'en ai aucune nouvelle ni directe ni indirecte. Il y a dans ce pays depuis 6 mois un botaniste allemand qui les a vus dans le jardin de Schoenbrunn, quelques mois avant son départ. Les barbares ont empêché soigneusement qu'il ne vint me donner de leurs nouvelles. [...] Toutes fois consolez-vous et consolez mes amis. Mon corps se trouve il est vrai au pouvoir de la haine de mes ennemis. Ils n'oublient rien de ce qui peut assouvir leur vengeance, ils me tuent à coup d'épingle. Mais [...] l'insalubrité de ce climat dévorant, le manque de tout ce qu'entretint la vie, mettront je le sens un terme prompt à cette existence”...
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