Lot n° 1522

[CARNOT (LAZARE)]. Exposé de la situation de l'Empire, présenté à la Chambre des Pairs, dans sa séance du 13 juin 1815, par S. Exc. Le Ministre de l'Intérieur. Paris, De l'Imprimerie impériale, 1815. In-4, maroquin rouge à long grain,...

Estimation : 500 - 600 €
Adjudication : 7 583 €
Description
bordure de palmettes, armoiries au centre, dos lisse orné de roulettes, d'abeilles et de rosaces, roulette intérieure, tranches dorées (Reliure de l'époque).


Jolie reliure de l'époque aux armes de Napoléon.

Cet exposé offre le plus clair tableau de la politique napoléonienne pendant la brève mais intense période des Cent-Jours. Rédigé à la veille de la chute de l'Empire, il constitue bien sûr un document de grande valeur historique mais il possède une dimension dramatique supplémentaire: il fut en effet prononcé devant la Chambre des Pairs (la chambre haute du Parlement) le 13 juin 1815. Cinq jours plus tard, le 18 juin, Napoléon était défait à Waterloo; le 21 juin, il abdiquait définitivement.

Une précieuse relique napoléonnienne.

Cet exposé constitue probablement l'ultime publication du régime impérial. Dans le catalogue de la bibliothèque Louis Barthou, à qui appartenait autrefois ce volume, on lit cette note pertinente :
Cette reliure sur un pareil ouvrage, est, elle aussi, une émouvante relique de l'épopée impériale; elle est datée: 13 juin 1815... Cinq jours plus tard, le 18 juin 1815, c'était Waterloo, l'effondrement de l'Empire.

On peut considérer ce volume comme le dernier qui ait été relié pour l'Empereur. De telles pièces ne se commentent pas.

Dans ce rapport, Carnot passe en revue l'état du pays.
Il évoque la situation des communes, celle des hôpitaux, les travaux publics, les projets d'embellissement de Paris, les mines, les manufactures, le commerce, l'instruction publique, la justice, les cultes et, bien sûr, longuement, l'armée. Malgré le ton rassurant de l'exposé, on perçoit bien que la situation est grave.
On y lit en effet : Un grand nombre d'officiers en retraite ont été rappelés pour servir dans les places (p. 22).
Lazare Carnot (1753-1823), jeune officier du Génie sous l'Ancien Régime, se rallia à la Révolution, obtint un poste de député du Pas-de-Calais à l'Assemblée législative puis à la Convention, avant d'entrer au Comité de Salut public au printemps 1793. Il fut chargé de créer les différentes armées (11 au total) pour la défense de la République contre les coalitions européennes, ce qui lui valut le surnom d' «organisateur de la victoire».
Opposé à Barras, le «Grand Carnot» dut fuir en Allemagne.
Rappelé par Napoléon, il fut élevé au grade de général de division et nommé ministre de la Guerre; mais Carnot, fidèle à ses convictions républicaines, démissionna après 1800. Il se consacra jusqu'en 1814 à des travaux scientifiques qui font de lui, avec Monge, l'un des fondateurs de la géométrie moderne. Il participe d'ailleurs avec ce dernier à la création de l'École polytechnique.
Il reprit du service dans la campagne de 1814 et fut nommé ministre de l'Intérieur pendant les Cent-Jours, un choix décevant pour Napoléon:
Le coup politique déçoit. Napoléon croyait recruter l'organisateur de la victoire, le travailleur de force sans état d'âme. Il découvre un homme vieilli et frileux. [...] «Carnot ne valait rien au ministère de l'Intérieur», tranchera Napoléon à Sainte-Hélène (Dominique de Villepin, Les Cent-Jours ou l'esprit de sacrifice, 2001, pp. 223 et 225).
À la Restauration, il fut banni comme régicide et exilé à Varsovie puis à Magdebourg.
Ses cendres reposent aujourd'hui au Panthéon.

Gardes roussies.

─ Provenance :
• Louis Barthou (I, 1935, n°109, reproduction de la reliure pl. XV).
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