Description
autre vol. de 20 pages in-fol. (cartonnage papier brun),
et
46 pages in-4 ou in-8 (remplies d'une petite écriture serrée, la plupart avec adresse et marques postales, plusieurs avec sceaux de cire aux armes) ;
en allemand.
Important ensemble de manuscrits et de correspondances du peintre et archéologue von Stackelberg, découvreur du paysage grec.
[Le Baron Otto Magnus von STACKELBERG, peintre et archéologue allemand d'origine balte, fit de nombreux voyages archéologiques en Italie et en Grèce, où il découvrit notamment le temple d'Apollon à Bassae et celui de Zeus à Égine. Avec son ami Eduard Gerhard et Theodor Panofka, il fonda à Rome un institut qui deviendra l'Institut archéologique allemand, ainsi que la Societa Iperborea Romana (Die Römischen Hyperboreer). Il publia plusieurs ouvrages : Costumes et usages des peuples de la Grèce moderne (Rome, 1825), Der Apol- lotempel zu Bassae in Arcadien und die daselbst ausgegrabenen Bildwerke (Rome, 1826), La Grèce. Vues pittoresques et topogra- phiques (Paris, [1829]-1834), Die Gräber der Hellenen in Bildwerken und Vasengemälden (Berlin, 1837)... On le considère comme le «découvreur du paysage grec».
La plupart des archives de Stackelberg, notamment ses dessins originaux des paysages grecs, qui se trouvaient dans les archives du Deutsches Archäologisches Institut à Berlin, semblent avoir disparu en 1945 à la fin de la guerre.] [Griechische Landschaftsbeschreibungen]. Manuscrit autographe (97 pages in-fol. et in-4, avec de nombreuses ratures et corrections, et d'importantes additions marginales). Ce volume de descriptions très détaillées de paysages grecs se rattache à l'ouvrage publié à Paris en 1829-1834, La Grèce. Vues pittoresques et topographiques, dessins par O. M. baron de Stackelberg, comme le confirment deux lettres de 1833 (par Stackelberg et Ungern-Sternberg) concernant l'achèvement du «Vedutenwerk». Les descriptions sont en allemand, mais les titres des chapitres et des vues (certains avec variantes) sont rédigés en français (quelques vues avec le seul titre).
Ce manuscrit est divisé en 13 chapitres, correspondant aux diverses régions, avec les descriptions des paysages et des principaux monuments, numérotés de I à CVII. I Laconie avec l'île de Cythère :
I Leuctres et le Ténare,
II Cardamyle, aujourd'hui Scardamoula,
III Gérénia, aujourd'hui Malta,
IV Plaine de l'Eurotas, vue de la ville de Mistra, V Chaîne du Taygète, vue prise du théâtre de Sparte,
VI Acropole de Sparte,
VII Île de Cythère [titre seul].
II Messénie :
VIII Thuria, aujourd'hui Calamata,
IX Grande porte de Messène [...]
XII Vue du golphe de Cypa- rissia.
III Argolide :
XIII Plaine d'Argos et de Mycène [...]
XXIII L'intérieur du Mont-fendu à Egine.
IV Arcadie :
XXIV Mégalopolis [...]
XXXVI Chute du Styx.
V Elide avec l'isle de Zacynthus :
XXXVII Cours de l'Alphée, vu de Phrixus,
XXXVIII Plaine d'Olympie [...]
XL Plaine de Zacynthos.
VI Achaïe :
XLI Monastère de Mégaspileon [...]
XLIX L'amphithéâtre de Corinthe.
VII Attique avec l'isle de Salamine, de Céos et d'Eubée :
L Vue du port et de la ville de Mégare,
LI Champs Rhariens près Eleusis,
LII Panorama d'Athènes [...]
LXXI Vue d'Aegae en Eubée.
VIII Béotie :
LXXII Vue du port d'Aulis et de Chalcis sur l'Euripe [...]
LXXVI Antre et Oracle de Trophonius à Lébadée.
IX Phocide :
LXXVII Ruines de Panopée et plaine de Chaeronée [...]
LXXXI Plaine de Crissa.
X Aetolie :
LXXXII Côtes de l'Aetolie vues de Patras,
LXXXIII [titre seul].
XI Acarnanie, avec les îles d'Ithaque, de Céphalénie et de Leucadie :
LXXXIV Nicopolis [...]
XCI Panorama du Golphe Pélasgique pris d'Aeantium, aujourd'hui Trikéri.
XII Thessalie avec l'île de Scopelus : XCII Vue du pays de Magnésie [...] CIII Vue générale des Météores, monastères sur le Pinde.
XIII Epire avec l'île de Corcyre : CIV Janina et le lac Acherousia [titre seul] [...] CVII Port de Palaeopolis à Corcyre.
À la suite, sur 4 pages in-4, «Addition de Vues à l'ouvrage sur la Grèce», avec 12 descriptions de vues (par Charles Cockerell et Charles Barry), dont le «Temple d'Apollon à Bassae». Puis, sur 11 pages in-fol., «Explicat. des Vignettes», soit 31 entrées (4 avec le seul titre), concernant Athènes, les Météores, le Parnasse, Mycènes et le «Trésor d'Atrée», Bassae, Thèbes, etc.
Über eine eherne Ciste und Patera aus Präneste. Manuscrit auto- graphe (20 pages in-fol., avec ratures et corrections, et de nombreuses additions marginales, certaines au crayon). La correspondance avec Gerhard permet de dater cette étude de 1827-1828, destinée aux Hyberboräisch-Römischen Studien. Stackelberg y décrit deux objets découverts à Praenesta (Palestrina) en 1826, et en développe le programme iconographique : une ciste [«Ciste Revil», Bristish Museum] avec, sur le couvercle, les Néréides montées sur des monstres marins («Der Nereiden Wasserbringung») et, sur la paroi extérieure, le sacrifice aux mânes de Patrocle («Mannsopfer für Patroklus») ; et une patère en forme de miroir («Vorstellung auf der spiegelförmigen Patera»).
Correspondance. Les lettres de Stackelberg datent principalement de son séjour à Rome dans les années 1824-1828 ; les trois dernières, de novembre 1828 à mars 1829, sont écrites de Paris ; elles sont toutes (sauf une, écrite bien plus tôt d'Athènes aux frères Riepenhausen, le 5 février 1812) adressées au grand archéologue allemand Eduard GERHARD (Posen 1795-Berlin 1867, cofondateur avec Stackelberg et Panofka de l'Istituto di correpondenza archeologica, ancêtre de l'Institut archéologique allemand, qui dirigera les Antiques du Musée royal de Berlin et y sera professeur à l'Université), à ses différentes adresses en Italie (Florence, Naples et Rome) et en Allemagne (Munich, Breslau [Wroclaw] et Berlin) ; une lettre (30 août 1827) est dictée à un secrétaire, la santé de Stackelberg l'empêchant d'écrire. On a joint une L.A.S. du baron von UNGERN-STERNBERG, écrite de Dresde le 1er décembre 1833 à Gerhard, alors que Stackelberg est trop malade pour écrire. Ces lettres témoignent d'une profonde amitié avec Gerhard, qui manque énormément à Stackelberg, ainsi qu'à ceux restés avec lui à Rome. Ces lettres remplacent les «discussions savantes» et les «conversations d'antiquaires», qui lui font cruellement défaut. Elles donnent un intéressant aperçu du cercle d'importants voyageurs, archéologues, artistes et de la communauté germanophone de Rome : Peter Oluf Bröndsted, Carl Haller von Hallerstein, Jacob Linckh, Charles Robert Cockerell, Georg Koës, August Kestner, Franz von Reden, Raoul-Rochette, les frères Riepenhausen, etc. Chaque lettre se termine par un salut chaleureux à Theodor Panofka.
Il est très souvent question de nouvelles découvertes de fouilles, ainsi que de l'acquisition d'oeuvres d'art anciennes ou de leurs copies ; Stackelberg annonce «de nouvelles antiquités» qui lui sont parve- nues, et évoque des fouilles dans des «trous» en Italie (Pompéi, Resina et Portici, Tusculum, Tarquinia) et en Grèce. Il rend compte des collections qu'il a pu voir ou qui sont offertes dans le commerce. Une partie importante de la correspondance est consacrée à la société des «Römischen Hyperboreer», ou Societa Iperborea Romana, qui était une préoccupation constante de Stackelberg. Il s'interroge sur son titre : «Hyperboreisch-Römische Gesellschaft», qu'il est réti- cent à utiliser dans leurs publications : «Hyperboreisch-Römische Denkschriften, oder Annalen [...] wäre ein guter Titel, Memorie oder Annali Hyperborei-Romani», soulignant que les Russes ont dû s'en- gager par écrit de n'appartenir à aucune société (28.X.1826). Stackelberg avait également conçu le sceau de la société avec un griffon et un loup, utilisé pour sceller une des lettres («Greif und Wolf in ihren Geschäften, Leben nehmend und erhaltend, neben dem Symbol des Lichtes, dem sie angehören, und welches ein heiliges Leuchten bezeichnet, unter rankender Pflanzenverzierung, so sprechend in symmetrischem Verein», 23.VIII.1825). Il a aussi écrit des articles pour leurs Monumenti antichi inediti, dont le texte sur la Ciste und Patera aus Praeneste, insistant pour une publication rapide, pour ne pas être devancé par Raoul-Rochette (30.VIII.1827). Stackelberg tient Gerhard au courant de ses recherches, mentionne ses propres travaux en informant son ami de leurs progrès, ainsi que des pro- blèmes d'écriture et de publication : outre l'article précédemment cité, son album La Grèce, vues pittoresques et topographiques, les Trachten und Gebräuche der Neugriechen, Der Apollotempel zu Bassae, ses «Gräberwerk» et «Phigalisches Werk» ou Phigalica, ainsi qu'un traité sur les trônes. Il se plaint des difficultés rencontrées avec les éditeurs et les traducteurs, les graveurs et lithographes, etc. Quant à sa vie privée, Stackelberg parle de ses douleurs et souf- frances, sa santé étant très fragile ; sensible au sirocco et aux pluies, sujet aux vertiges et aux vomissements, il est atteint d'une maladie des nerfs qui l'oblige à une inactivité complète de l'esprit et à l'oisi- veté, trouvant refuge dans la musique... La dernière lettre de Rome contient la jolie description des cérémonies d'adieu organisées par les frères Riepenhausen, Kestner, Thorwaldsen, Göttling, etc. pour leur ami Stackelberg (22.VII.1828).
La première lettre, écrite d'Athènes le 5 février 1812 aux frères Johannes et Franz RIEPENHAUSEN à Rome, montre le jeune voyageur enthou- siaste de sa découverte de la Grèce, avec de nombreuses décou- vertes et une belle récolte. La Grèce est toujours le pays des artistes («Griechenland ist noch immer das Land für Künstler»). Il évoque la découverte de statues à Égine, pour lesquelles le Prince Régent d'Angleterre a offert 6 000 livres sterling et envoyé deux navires. À la suite de quoi le bon Haller a reçu du Kronprinz de Bavière une bonne somme pour les fouilles et l'achat d'antiquités. Brönstedt et Linkh sont à Zéa depuis un mois, occupés à fouiller dans les ruines d'une ville antique, Chartaia...
Mentionnons enfin la lettre de Paris du 24 janvier 1829, où il est venu pour achever l'édition de son ouvrage commencé, La Grèce, vues pittoresques et topographiques, notamment pour les costumes, les coutumes et les vues de la Grèce («die vorteilhaften Costüme und Gebräuche und die Ansichten von Griechenland»). Il se plaint des rédacteurs et éditeurs, de leurs brillantes promesses, du froid de Paris, et de la jalousie à l'égard de son ouvrage («Eifersucht über mein Griechisches Werk von 150 Ansichten») inspirée par une cabale d'artistes, de savants et de libraires. Il veut pourtant achever son oeuvre à Paris, quitte à en réduire la splendeur et à rogner sur ses avantages. Les artistes français lui ont fait trop de louanges pour qu'il ne laisse pas Paris se glorifier de la publication de l'ouvrage dont il a préparé le prospectus («Sollte demohngeachtet der Wunsch nicht erfüllt werden, so soll das Werck doch hier ausgeführt werden, obgleich mit Einschränkung der Pracht und mit minderem Vortheil für mich. Die französischen Künstler haben mir allzu viel Lob ertheilt, als dass ich nicht Paris den Ruhm der Erscheinung des Werkes lassen sollte. Schon habe ich den Prospektus fertig und zu jeder Ansicht kommt eine gedrängte, möglichst kurze Erklärung»...)
─ PROVENANCE
• Otto JAHN (1819-1869, philologue, archéologue et musicologue alle- mand, disciple de Gerhard ; les deux manuscrits portent son ex-libris) ;
• Dieter OHLY (1911-1979, archéologue allemand, il fut notamment directeur des Antikensammlungen et de la Glyptothek de Munich).
─ Bibliographie
• Gerhart Rodenwaldt, O. M. von Stackelberg. Der Entdecker der grie- chischen Landschaft (München, Berlin, Deutscher Kunstverlag, [1957].
─ On joint
• un important dossier documentaire sur Stackelberg, contenant notamment l'ouvrage de Rodenwaldt, et la plaquette Erinnerung an Dieter Ohly (München, 1980).