Lot n° 395

FERNAND LÉGER (1881-1955). Lettre autographe signée. Vernon, septembre [19]19. Ens. 12 p. sur 4 f. in-folio (40,2 x 13,8 cm) et 3 f. in-8 (20,3 x 13,7 cm).

Estimation : 15 000 - 20 000 €
Adjudication : Invendu
Description
Longue lettre autographe signée à Léonce Rosenberg, sous forme d'autobiographie artistique, abondamment raturé et corrigé.

Léger répond à une « profession de foi » de son marchand (lettre du 24 août 1919) qui sépare les artistes en deux courants, l'un méditerranéen et l'autre nordique:
« J'ai votre document que j'ai lu avec toute l'attention qu'il mérite, croyez-le [...] cette question des Méditerranéens et des Nordiques prend pour moi une signification assez importante pour que j'y réponde avec la même énergie que vous. »

Il expose à Rosenberg quel a été son cheminement humain, qui est le même que cette génération qui vient de rentrer de la Première Guerre mondiale :
« […] nous sommes les générations qui avons vécu et assisté au développement brusqué de l'Humain dans tous les sens. On croyait peut-être tenir des extrêmes avant la guerre, on s'est trompé. »
Et d'expliquer comment l'art a suivi la même courbe et d'établir la distinction entre les Nords et les Suds :
« Les « Suds » ont développé au maximum les contrastes des matières, les « Nords » ont exaspéré la forme et les couleurs. »

Après avoir posé ses postulats, Léger s'y appuie pour illustrer sa propre trajectoire picturale, il se considère comme un nordique, et la remettre dans son contexte de création :
« […] je suis celui qui a été le plus loin dans la réaction de construction contre la fin impressionniste. […] J'ai exaspéré la Forme, je crois vous le démontrer, ma couleur habille les formes. La Forme chez moi est 1 et la couleur 2. »
Cette lettre constitue un véritable manifeste de l'art de Fernand Léger et n'a pas, à notre connaissance, été publiée dans son intégralité.

─ Bibliographie ;
- DEROUET, Une correspondance d'affaires. Correspondances Fernand Léger-Léonce Rosenberg 1917-1937, Cahiers du Musée national d'art moderne, Paris, 1996.

Taches, trous, petites déchirures marginales avec manques et restauration à l'adhésif sans gêne pour la lecture, quelques annotations à la mine de plomb.
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