Lot n° 112

George SAND. L.A.S., Nohant 2 mai [18]52, [à l’acteur Henri Lafontaine] ; 4 pages in-8 très remplies d’une petite écriture à l’encre bleue (petites fentes réparées au papier gommé). Belle et longue lettre sur sa pièce tirée du...

Estimation : 600 / 800
Description
roman Mauprat et sur le théâtre de Nohant. « Mon cher enfant, il est vrai qu’un Mauprat m’a été demandé à la Porte St Martin et que j’ai promis, mais tout cela sans traités et sans écrits directs. […] j’ai promis le rôle de Mauprat à Bignon qui est mon ami, et qui seul, dans la composition de la troupe avant votre projet d’engagement, pouvait jouer ce personnage. Mais que cela ne vous décourage pas de jouer dans la pièce, car je ne fais pas qu’un rôle, vous le savez, dans une pièce, et quand elle sera faite vous choisirez le meilleur en dehors de celui-là. Même en la faisant je songerai à vous particulièrement pour faire valoir votre talent auquel j’ai confiance, vous le savez, et que je tiens de tout mon coeur à mettre sur la ligne qui lui convient ». Elle évoque sa pièce Maître Favilla pour les Variétés, puis le directeur de la Porte Saint-Martin Marc Fournier, qui est un personnage « glissant dans les mains ; il m’a fait déjà un beau tour de son métier. N’importe, puisque la destinée des artistes est d’être floué moralement ou pécuniairement par ceux qui exploitent, il faut bien en prendre son parti, et aller de l’avant ». Elle conseille à Lafontaine de ne pas attendre Mauprat pour débuter à ce théâtre. « Je ne pourrai travailler à Mauprat qu’au mois de juin. Je fais un roman qui finira dans le courant de mai. Il est probable qu’en juillet la pièce sera prête. Il faudrait tâcher de nous voir à ce moment-là si vous étiez libre pour une quinzaine de jours, nous essaierions sur notre théâtre-tabatière de Nohant, sinon de jouer toute la pièce, si nous manquons de personnages, du moins certaines parties où on vous donnerait la réplique en jouant tant bien que mal avec vous. Mais ceci n’est qu’un plaisir que nous prendrions en famille, et qui m’est utile à moi pour la confection de la pièce, car croyez bien que je n’ai pas besoin de vous voir essayer pour savoir que vous jouez admirablement bien n’importe quel type. Seulement ce sera un très grand plaisir pour nous de vous avoir quelque temps dans notre atelier rustico-dramatique, et en vous amusant, même à des improvisations avec mes enfans, vous pourriez me donner l’idée pour vous de quelque type neuf au théâtre, et faisant valoir des qualités que vous n’avez pas eu l’occasion de mettre en lumière »… Quant à Bignon : « Pour rien au monde je ne lui retirerais le rôle que je l’ai prié d’accepter, il ne faudrait même pas lui en montrer du regret car il serait capable de croire que vous parliez d’après mon désir, et il m’offrirait de vous le laisser, avec empressement. Mais je jouerais là un rôle désobligeant envers lui, et je serais désolée d’avoir un tort vis-à-vis de cet excellent artiste et de cet excellent ami »... Correspondance, t. XI, p. 91.
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