Lot n° 82

Eugène LABICHE. Manuscrit autographe, et manuscrits de travail en partie autographes, pour Le Roi dort, [1868-1876] ; 234 pages petit in-4, 194 pages en 4 cahiers in-4, et 253 pages in-4 ou petit in-4. Important et très intéressant ensemble...

Estimation : 600 / 800
Description
des manuscrits de travail des deux versions de cette pièce. Cette « féerie-vaudeville » en 3 actes de Labiche et Alfred Delacour (pseudonyme d’Alfred Dartigue, 1817-1883), écrite en 1868 pour le Châtelet, fut remaniée et créée au théâtre des Variétés le 31 mars 1876 ; un des rares insuccès de Labiche, elle ne fut jouée que douze fois ; non imprimée à l’époque, elle a été publiée pour la première fois en 1966 par Gilbert Sigaux d’après une copie conservée aux Archives nationales [OC, t. VIII, p. 241]. « Nous sommes au royaume des Songes : Mlle Zilda, rêve de première classe, a eu le malheur dans un mouvement de vivacité de donner un soufflet à son roi. […] Le roi des Songes doit sévir : il sévit. Zilda partira en exil sur la terre ; là, elle devra parvenir à se faire épouser par le prince Alzéador et l’amener ensuite à lui donner à elle-même un soufflet, en manière de talion. Or, la tâche de l’impétueuse Zilda est singulièrement facilitée par le don précieux – pas toujours – que lui a fait le roi des Songes, de pouvoir, à son gré, procurer aux mortels un paisible sommeil. Alzéador, tout justement, se trouve affligé du supplice de l’insomnie : il donnerait son royaume pour un somme ; Zilda ne lui demande que sa main et lui délivre une traite payable sur Morphée, qui n’aura pas un pavot à lui refuser. Marché conclu. Reste le soufflet. Mais voilà que ces jeunes époux s’adorent et que jamais Alzéador ne donnera pour de bon un franc et vrai soufflet à sa chère Zilda, pour laquelle il n’a que des baisers. Ma foi, la gentille Zilda s’en contente, elle brûle la politesse au roi des Songes et préfère, aux rêves éternels qui l’attendent dans son royaume, les agréables réalités qu’elle trouve dans les bras d’Alzéador » (Charles de La Rounat, Le XIXe Siècle, 4 avril 1876). Parmi une quinzaine de personnages, Zilda était jouée par Berthe Legrand, le prince Alzéador par Dupuis, et le roi des Songes par Baron. Manuscrit autographe complet d’une première version inédite intitulée La Clé des songes, en 4 actes et 18 tableaux [8 dans le texte imprimé]. Écrit à l’encre brune sur papier vergé d’Hudelist à Hallines, il est paginé de 1 à 233, plus une page avec la liste des personnages (233 p.) ; il présente des ratures et corrections, et des additions marginales ; les couplets ont été ajoutés dans les marges par Alfred Delacour, remplaçant parfois des répliques biffées de Labiche. La liste des personnages est différente de la version éditée, et donne le nom de 5 acteurs prévus : Le Prince Alzéador (Lesueur) ; Le Prince Flic-Flac de Rhadamar (Tissier) ; Bobino (Williams) ; Régulus, concierge du roi des songes ; Maître Rédillon, avocat ; Bec-de-miel (Touzez) ; Le Président ; Alpha, Delta, Upsilon, médecins ; Mathurin, fermier ; Fadinas, Reculard, Touche-à-tout, conseillers du prince Alzéador ; File-toujours, chef d’état-major ; Perdicas, astrologue ; La Princesse Rhomboïde (Clarisse Miroy) ; Zilda, Zénio, Marillis, génies ; La régie. Le manuscrit est ainsi divisé (nous donnons entre crochets les titres de la copie) : – Acte I. 1er tableau (« Le théâtre représente un boudoir dans le palais du roi des Songes »…, p. 1-13) ; 2e tableau, Le Dortoir des Songes (p. 14-20, dont les 3 dernières refaites en marge par Delacour) ; 3e tableau, [Le Tribunal des Songes] (p. 21-41). – Acte II. 4e tableau, [Les Oiseaux enchantés] (p. 42-57) ; 5e tableau, [La Ferme du Grand Maïs] (p. 58-82) ; 6e tableau, [La Panade du Prince] (p. 83-95) ; 7e tableau, [Le Souper] (p. 96-101) ; 8e tableau, [La séance du Conseil] (p. 102-114) ; 9e tableau [Départ pour le pays des songes] (p. 115-123). – Acte III. 10e tableau, [Le Pays des Songes] (p. 124-138) ; 11e tableau, [La Lorgnette enchantée] (p. 139-153) ; 12e tableau, La Guerre (« un camp, p. 154-171) ; 13e tableau, [Le Cauchemar] (p. 172-182) ; 14e tableau, Voyage aérien [Le Voyage en ballon] (p. 183). – Acte IV. 15e tableau, [Le Réveil] (p. 184-202) ; 16e tableau, [La Nuit de noces] (p. 203-214, dont les p. 206 et 207 bis par Delacour) ; 17e tableau, [Le Soufflet] (p. 215-233) ; 18e tableau, Apothéose (p. 233). Ce manuscrit avait été remis en 1868 à Hippolyte Hostein pour le Châtelet, et restitué après la faillite d’Hostein au terme d’un procès, comme l’expliquent un n° de la Gazette des Tribunaux du 9 juillet 1869, et une lettre de l’avoué Paul Dauphin, joints. Manuscrit de copiste de cette première version (4 cahiers in-4 de 38, 72, 44 et 40 pages), avec quelques corrections autographes ; sur la page de titre, Labiche sous le titre « Fantaisie en 4 actes » et les noms des auteurs : « MMrs Eugène Labiche et Delacour » ; au verso, il a dressé de sa main la liste des personnages. La plupart des tableaux ont reçu un titre (décalage d’un titre par suite de la division du 12e tableau en deux : 12e, La Guerre ; 13e, Le Camp). Manuscrit de travail en partie autographe de la version de 1876, intitulée Le Roi dort ! Les deux premiers actes sont élaborés sur un manuscrit de copiste de la première version (2 cahiers portant le cachet du Bureau de copies dramatiques Dubois). — Acte I (19 ff.), avec, insérées en tête, 1 page autographe de Labiche refaisant le plan général des 3 actes (la fin manque), et 2 pages de Delacour dressant la liste des personnages et la distribution, le décor et les costumes ; l’acte est remanié par Delacour, avec collettes (3 pages autographes) et corrections, et quelques corrections autographes de Labiche, qui a notamment inscrit en tête le nouveau titre. — Acte II (40 ff., plus 6 pages autographes de Labiche insérées, et 2 de Delacour), abondamment corrigé et remanié par Delacour et Labiche, formant les tableaux 2 à 5 ; en tête, Delacour a dressé la liste des décors et des costumes ; nombreuses corrections et importantes additions autographes de Labiche et Delacour, notamment en marge de passages biffés ; Labiche a surtout profondément remanié les scènes 3 et 4 du 4e tableau, La Panade du Prince, sur 6 pages ajoutées et dans les marges. — Acte III (125 pages), en grande partie autographe par Labiche, à partir de feuillets détachés du copiste et d’un nouveau manuscrit refait par Delacour (numérotation des tableaux parfois inexacte). – 6e tableau (ex 16e), Le Réveil : à la suite des 2 premiers ff. de la copie corrigée, manuscrit de Delacour (paginé 3 à 8, Labiche biffe la page 3 et la réécrit en marge), remplacé par une nouvelle version autographe de Labiche (paginée 3 à 14, plus une page ajoutée) de tout le tableau depuis la fin de la scène 1. – 7e tableau : manuscrit de Delacour (paginé 9-16, insérant 2 ff. du copiste), remplacé par la nouvelle version autographe de Labiche (paginée 15-18), que terminent 3 ff. du copiste (pag. 19-23). – Suit un tableau écarté, numéroté 7e La nuit de noces (pages 24-27 par Delacour avec corrections de Labiche, puis copie paginée 29-36 ; copie de cette version corrigée, paginée 25-35). – 8e tableau (ex 17e puis 9e), Le Soufflet : copie corrigée par Labiche et Delacour (paginée 36-50), dont les p. 40, [bis et ter] de la main de Delacour, puis refaites par Labiche (p. 40-41) ; copie d’une nouvelle version (cahier de 18 pages, avec notes au crayon de mise en scène), dont la fin biffée et refaite dans les marges par Delacour ; manuscrits autographes de Labiche, pour remanier ce tableau : brouillon d’un premier début (3 p.), manuscrit des scènes 1,2, 3 et début de la scène 4 (paginé 1-7), nouvelle version de la fin de la scène 1 au début de la scène 4 (pag. 1-5), fin de la pièce (pag. 1-3, et 2 versions alternatives de répliques sur 3 pages). On joint la page 6 d’une note autographe de Labiche sur La Clé des songes, dont Hostein « n’a pas écrit un mot et au plan de laquelle il n’a pas concouru », sa collaboration devant consister « dans la mise en œuvre de l’ouvrage, dans les trucs qu’il devait trouver, dans la grande et incontestable expérience de metteur en scène, et il faut le dire aussi dans l’énorme dépense qu’il devait faire »…
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