Lot n° 54

Eugène LABICHE. Manuscrit autographe, et 2 manuscrits de travail en partie autographes pour Deux Papas très bien ou la grammaire de chicard, [1844] ; 46 pages in-fol., 102 pages in-4, et 25 pages in-fol. Très intéressant dossier de travail...

Estimation : 300 / 400
Description
pour Deux Papas très bien ou la grammaire de chicard, comédie-vaudeville en un acte par Labiche et Auguste Lefranc (1814-1878), créée au Théâtre du Palais-Royal le 6 novembre 1844, avec Leménil et Grassot dans les rôles des pères, Poupardin (négociant) et Tourterot (propriétaire à Châtellerault), et, dans ceux de leurs enfants qui se marieront à la fin de la pièce, Germain (le médecin César Tourterot) et Mlle Juliette (Camille Poupardin), ainsi que Lacourrière dans celui de l’avoué Gélinotte (prétendant éconduit, mais qui se révèle fils naturel de Poupardin). C’est la onzième pièce connue de Labiche, et la dixième en collaboration avec Lefranc (avec qui Labiche écrivit 36 pièces) ; elle fut alors publiée chez Beck, et recueillie (c’est la deuxième de ses pièces que Labiche retient) en 1878 dans le Théâtre complet [OC, t. I, p. 151]. « C’est une aimable satire de la manie qu’on eut, à l’époque où la pièce fut jouée, d’assaisonner la conversation de mots d’argot (qui étaient aussi des mots-scies), comme chicard, chicocandard » (Gilbert Sigaux). * Manuscrit de travail en partie autographe d’une première version, Un Anglais « comédie vaudeville, 1 acte » (10-36 pages grand in-fol., certains bords un peu effrangés et déchirures réparées au dernier f.). Les 10 premières pages (scènes 1 à 9) sont de la main d’Auguste Lefranc, avec béquets, ratures et corrections, et d’importantes corrections et additions de la main de Labiche, qui a inscrit en tête la liste des personnages. La suite est entièrement de la main de Labiche, avec de nombreuses ratures et corrections (et quelques petites additions marginales par Lefranc). En 23 scènes, cette version est plus longue et fort différente de la version définitive : un des principaux protagonistes est Sir Pitiful, « Baronnet anglais » (ce personnage disparaîtra de la version finale), Poupardin est noble, le prétendant éconduit se nomme Alfred Duménil, et la scène se passe à Chinon. * Manuscrit de copiste avec corrections autographes, Un Anglais ([1]-101 pages in-4 en cahiers cousus). Cette mise au net du manuscrit précédent porte de nombreuses ratures et corrections, ainsi que quelques additions marginales, de la main de Labiche. * Manuscrit autographe de la nouvelle version, intitulée Le Père de l’étudiant, et annotée au dos « Le Docteur Césarius, plan » (25 pages grand in-fol., qqs feuillets effrangés avec qqs petites déchirures). Cette nouvelle version, où l’Anglais a disparu, annonce la version définitive (dans un texte assez différent), mais elle est cependant plus développée, avec 22 scènes (15 dans le texte imprimé), et fait intervenir le notaire Peillotet (supprimé ensuite) ; la scène se déroule maintenant à Courtenay (ce sera Châtellerault dans la pièce). Entièrement de la main de Labiche, elle présente de nombreuses ratures et corrections ; on relève quelques additions marginales de la main de Lefranc. Il s’agit d’un scénario très détaillé, avec de nombreuses didascalies, et où une partie des dialogues est rédigée, mêlée à des indications pour l’écriture définitive ; ainsi dans la 1ère scène, au milieu d’une réplique de Tourterot : « Bien poser le personnage de César qui lui a appris son argot et est seul capable de le comprendre dans l’Indre et Loire » ; dans la scène 2, cette indication biffée : « poser que Tourterot étonne Poupardin qui ne l’a pas vu depuis dix ans, par son nouveau langage – poser en outre la susceptibilité de Poupardin à l’endroit de la grammaire – faire pressentir l’altercation qu’il a eue cette nuit dans le coupé avec un inconnu grossier », remplacée par : « poser par un a-parte et par des signes d’intelligence entre les deux pères que Camille ignore le but réel de la visite »… Etc.
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