Lot n° 227

APOLLINAIRE (Guillaume). 1880-1918. Écrivain poète. L.A.S. «ton Gui» à son amie Lou. (Nîmes), 1er février 1915. 2 pp. in-4, en-tête du Grand Hôtel du Midi & de la Poste à Nîmes ; avec enveloppe à l'adresse de son appartement parisien,...

Estimation : 1 200 - 1 500 €
Adjudication : 4 375 €
Description
Bd Saint-Germain, marques postales.


Lettre d'amour d'Apollinaire à la comtesse Louise de Coligny ; le poète effectue ses classes militaires à la caserne de Nîmes en attendant d'être envoyé sur le front. Mon coeur (...)
Lou exquis, tes lettres sont mignonnes tout plein et je voudrais bien être dans ce Baratier transformé en maisons de fous. Je suis heureux aussi que tu ailles au front et très jaloux que Matte ait réussi ce que j'ai pas pu réussir.

Ce matin on nous adjoint un nouvel élève, jeune homme de l'École de Chartres nommé Léonard et qui est un admirateur, sérieux parce qu'il a tout lu, même mon livre des peintres cubistes.
Il a protesté quand j'ai été arrêté, à cette époque il était à Louis-le-Grand et son pion était Nicolini. Tu vois comme les choses vont. Ai oublié de t'écrire hier que samedi diné chez Nicolini. L'ainée de ses filles (Mimi 5 ans) est d'une intelligence remarquable et te ressemble un peu, a tes yeux c'est extraordinaire et ça m'a fait une impression fantastique de m'apercevoir de cela j'ai été aussitôt ivre. Je t'ai vue là près de moi, enfant, enfant pure dans un petit lit.
C'était délicieusement doux.
Mme Nicolini s'occupe de la chambre, mais je persiste à croire que toi tu trouverais mieux (...). Aujourd'hui beau temps et froid moyen. Je suis fou de joie. Tu penses, deux lettres de toi et 2 lettres épatantement gentilles. Je t'adore, jaloux que ton derrière soit couleur nègre et que je ne sois pas le dessinateur de ce Black and White.
Bien pour la question homme du monde. Je suis ton maître, ton élève, tout le tremblement, c'est merveilleux, un vrai pastisse (un embrouillamini) comme on dit ici en niçois.
Mon Lou, l'homme du monde soulève son képi pour te saluer de loin et l'amant t'embrasse partout.
Le maître voudrait te fesser gentiment pour affirmer sa domination. Il te prendrait sous le bras, et assis sur une chaise, tandis que ton derrière serait bien en l'air, il soulèverait ta jupe, écarterait ton pantalon fendu, soulèverait la courte chemise et pan pan pan, petit Lou.
Puis quand tes yeux seraient bien langoureux, tes yeux merveilleux, on cesserait et pimpam dans les miches (...).
Partager