Description
belles oraisons et rondeaulx contemplatifz composez par Pierre Gringoire dict Vaudemont herault d'armes de treshault et vertueux Prince Monseigneur le Duc de Lorraine de Bar et de Calabre.
Par le commandement de haulte et noble princesse Madame Renée de Bourbon Duchesse de Lorraine.
On les vend a Paris, en la rue Sainct Jacques en la maison de Jehan Petit libraire demourant a l'enseigne de la fleur de lis dor [Paris, [Nicolas Cousteau (?)] pour Jean Petit, [vers 1540]].
In-4, 98 ff. (collation : [A]-B4, a-o4/8, p6), impression sur papier, texte en français et en latin, caractères gothiques, impression en lettres rouge et noir, marques typographiques de Jehan Petit (au titre et sig. p6 verso : Renouard 885), lettrines et caractères (97G) de N. Cousteau (?), bois figurant l'homme anatomique et 13 bois attribuées à Gabriel Salmon, notes au crayon au verso de la seconde garde (parfois erronées).
Reliure de plein vélin rigide, triple filet doré en encadrement sur les plats, dos lisse cloisonné avec lion héraldique répété, tranches dorées, gardes papier marbré (restaurations au coin inférieur droit sur plat supérieur et aux coiffes ; Xquelques taches et mouillures au papier ; exemplaire rogné un peu court dans les premiers cahiers).
Dimensions : 130 x 185 mm.
Almanach pour les années 1540 à 1554 (sig. [A]4 verso).
Privilège daté du 15 novembre 1525 [sic pour 1527] (sig. [A]2 recto).
Lacombe, 415 :
«Edition calquée sur celles qui avaient paru précédemment (voir plus haut no. 404).
La collation est la même mais les cahiers de la première partie portent la signature a-p ; le fol. 1 (signature a 1) est, par erreur, chiffré iii...» (Lacombe, 1907, p. 239).
Rare.
Édition de circa 1540, état A [sixième édition, avec le privilège royal daté du 15 novembre 1527 (date indiquée par erreur : «15 novembre 1525» car la sixième année du règne de François Ier ne peut s'accorder avec ce millésime) et l'almanach de 1540 à 1554].
Sans la seconde partie des Chants royaulx au titre séparé, imprimé par Oudin Petit qui exerce à partir de 1541 (voir Tenschert, 2015, no. 116.2).
L'état B de cette édition présente au feuillet sig. m2 recto, à la place du bois du «Christ aux outrages», un bois figurant Job (voir Tenschert, 2015, vol. VII, no. 116.1, p. 3102)
L'état A présente au feuillet m2 recto le célèbre bois représentant le «Christ aux outrages» signé du monogramme de Gabriel Salmon :
«Personnage dans l'attitude du Christ, entouré des instruments de la Passion aux mains de musiciens italiens», utilisé dans les deux premières éditions de circa 1525 et de circa 1528 et ici réemployé circa 1540.
Rappelons que la première édition fut interdite par la Faculté de Théologie (arrêt du Parlement du 28 août 1525) mais l'auteur obtint cependant un privilège royal du 10 octobre 1527 (et non 1525).
Officiellement, la traduction en français de textes bibliques était reprochée à l'auteur car la Sorbonne n'approuvait pas la traduction de textes sacrés en langue vulgaire.
Mais il est clair que c'était aussi l'image blasphématoire de Gringore en figure christique qui dérangeait. Ce bois sera remplacé en 1528 par celui de «l'Homme à genoux» (Lacombe, 1907, no. 381).
Pierre Gringore, écrivain et dramaturge, faisant partie des Grands Rhétoriqueurs, se serait fait représenter sous les traits du Christ outragé pour se plaindre de comédiens italiens ayant gagné la faveur du roi qui les privilégiaient pour composer les entrées solennelles (voir E. Picot, Pierre Gringore et les comédiens italiens, Paris, 1878).
On trouve à la fin de l'ouvrage (sig. p6 verso), au-dessus de la marque de Jean Petit, un huitain commençant par «Gubernateur...», donnant en accrostiche le nom de «Gringore».
BP16_109842 ;
H. Bohatta, Bibliographie der Livres d'heures..., Vienne, 1924, n° 1197 ;
L. Delisle, Chantilly. Le cabinet des livres, Paris, 1905, n° 860 (I) ; F. Higman, Piety and the people, Aldershot, 1996, G 53 ;
P. Lacombe, Livres d'heures imprimés au 15e et au 16e siècle..., Paris, 1907, n° 415 ;
R. Mortimer, French 16th-century books, Cambridge (Mass.), 1964, I, n° 259 (sur le texte et l'iconographie) ;
P. Renouard, Les marques typographiques parisiennes des XVe et XVIe siècles, Paris, 1926, n° 885 (marque de J. Petit) ;
Tenschert, H. Horae B.M.V. 365 gedruckte Studenbücher der Sammlung Bibermühle, 1487-1586, Heribert Tenschert, 2015, vol. VII, no. 116.1 et 116.2 (Paris, Nicolas Couteau pour Jehan Petit, c. 1540).
Sur Gabriel Salmon dessinateur des bois des Heures de nostre dame de Pierre Gringore, voir J. Choux, «L'art lorrain... au début de la Renaissance... Gabriel Salmon», in Le Pays lorrain (1971), n° 3, p. 123-126 ;
L. Karl, «Les Heures de Nostre Dame par Pierre Gringore», in Revue du seizième siècle, XVIII (1931), p. 352-355 ; P. Marot, «Les origines allemandes de Gabriel Salmon...», in Mémorial du voyage en Rhénanie... des Antiquaires de France (1953), p. 315-318.