Lot n° 932

PROUST, Marcel. Pastiches et Mélanges. Paris, Nouvelle Revue Française, 1919. In-12 [192 x 125 mm] de 272 pp., (3) ff. : Demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs pincés, tranches dorées sur témoins, couverture et dos conservés (Alix).

Estimation : 8 000 - 12 000 €
Adjudication : 14 300 €
Description
Édition originale.
Recueil fameux de pastiches, principalement parus dans Le Figaro, et de divers textes consacrés à l'architecture, l'histoire de l'art (préface à Ruskin), etc.

▬ PRÉCIEUX ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉ COUVRANT LE RECTO DU PREMIER FEUILLET BLANC :

A André Gide
Cher ami, vous savez
sans doute toute l'histoire de
déménagements, de maladie
aggravée, d'accaparement de
mon livre par les libraires
qui m'a empêché jusqu'ici de
vous envoyer une 1ère édition.
Je voudrais bien connaître
votre adresse, afin de nous
voir un peu.
Votre admirateur
et ami
Marcel Proust.

▬ MERVEILLEUX ENVOI, à même d'absoudre le dédicataire de sa fâcheuse bévue commise pour avoir refusé, au nom des Éditions Gallimard, de publier -Du côté de chez Swann- .

Pour Marcel Proust, l'année 1919 fut des plus bousculées ; les différents événements qui la jalonnèrent expliquent les désagréments qu'évoque le romancier dans son envoi.
Il y eut d'abord deux déménagements : chassé de l'appartement familial du boulevard Haussmann au mois de mai, Proust trouva refuge temporairement dans un meublé appartenant à l'actrice Réjane, rue Laurent-Pichat, avant d'emménager au mois d'octobre rue Hamelin, où il demeura jusqu'à sa mort.

Entretemps, ayant à coeur de rentabiliser un auteur conquis de haute lutte et de faire un "coup" éditorial, Gallimard décida de lancer au mois de juin et en même temps pas moins de trois livres de Marcel Proust:
la première édition de Pastiches et Mélanges,
la deuxième édition de Du côté de chez Swann, et l'édition originale de À l'ombre des jeunes filles en fleurs.

L'écrivain adressa sans doute à André Gide ce volume de Pastiches et Mélanges entre le second déménagement - au mois d'octobre - et peu avant l'obtention du prix Goncourt, en décembre.

Dans son Journal, Gide évoque longuement ses rencontres avec le romancier et confesse à propos d'un concert dont il critiquait l'exécution (en mai 1921) :
"Il en va de même quand je lis Proust ; je hais la virtuosité, mais toujours elle m'en impose et je voudrais pour la bien mépriser en être d'abord capable."

André Gide offrit l'exemplaire à sa secrétaire, Yvonne Davet, comme l'atteste une note manuscrite signée de cette dernière inscrite au verso de la couverture. Elle y indique que Gide lui transmit cet exemplaire avec sept autres du même auteur, "possédant l'oeuvre complète de Proust, par ailleurs, dans la grande édition de luxe." La note a été recouverte d'un papier blanc sans doute par l'amateur suivant, mais elle demeure parfaitement lisible par transparence.

L'exemplaire a ensuite appartenu à Jacques Guérin, qui le fit relier par Mme Alix. (Catalogue Très beaux livres des XIXe et XXe siècles, 1986, nº 112.)

Petite déchirure en tête de l'envoi, sans perte de papier.
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