Description
importants qui composent le Cabinet de feu M. le Duc d'Aumont
Paris, P. F. Julliot fils et A. J. Paillet, 1782.
► REMARQUABLE EXEMPLAIRE MIS EN COULEURS PAR CHARLES-GERMAIN DE SAINT-AUBIN DE L'UNE DES VENTES LES PLUS IMPORTANTES DANS L'HISTOIRE DES ARTS AU XVIIIe SIÈCLE, CELLE DU DUC D'AUMONT.
►CHARLES-GERMAIN DE SAINT-AUBIN A FAIT AJOUTER À SON PROPRE EXEMPLAIRE 49 FEUILLETS SUR LESQUELS IL AVAIT AUPARAVANT AQUARELLÉ AVEC LE PLUS GRAND SOIN 116 OBJETS D'ART.
► CET EXEMPLAIRE PERSONNEL DE CHARLES-GERMAIN DE SAINT-AUBIN FUT ALORS RELIÉ POUR LUI, PUIS RACHETÉ PAR SON FILS DANS SA VENTE APRÈS DÉCÈS.
► IL EST CITÉ PAR LES GONCOURT ET A APPARTENU AUX ANCIENNES COLLECTIONS DE CAMILLE GROULT, DU BARON PICHON ET DES BARONS DE ROTHSCHILD
ÉDITION ORIGINALE
In-8 (194 x 122mm), relié sans le faux-titre qui est remplacé par un frontispice dessiné par Charles-Germain de Saint-Aubin
─ ILLUSTRATION ORIGINALE AJOUTÉE :
49 feuillets insérés à l'époque : leurs tranches sont dorées et ils sont pris dans la couture de la reliure prouvant ainsi l'antériorité de leur conception. Dans l'angle supérieur de trois de ces feuillets figurent au crayon des mentions de pagination autographes de Charles-Germain de Saint-Aubin qui sont autant d'instructions destinées au relieur du livre (en face des p. 22, 83 et 116).
Ces feuillets ont été auparavant (i. e. : avant la reliure) ornés de dessins PAR CHARLES-GERMAIN DE SAINT-AUBIN ET ILS PORTENT SES MENTIONS AUTOGRAPHES. On dénombre : un grand dessin à l'aquarelle jaune et verte en guise de frontispice représentant le n° 338 du catalogue (une pendule de Berthoud) et 115 DESSINS à l'aquarelle de différentes couleurs représentant les lots du catalogue ou parfois d'autres objets venant d'autres collections, SOIT EN TOUT 116 DESSINS DE CHARLES-GERMAIN DE SAINT-AUBIN DONT 17 À PLEINE PAGE ET L'UN D'EUX, EN FACE DU N° 299, AVEC UN "VANTAIL QUI SE LÈVE" (comme l'écrivent les Goncourt)
─ ILLUSTRATION :
28 planches (sur 30) gravées au trait et aquarellées par Charles-Germain de Saint-Aubin, manquent depuis l'origine les planches 5 et 8.
─ ANNOTATIONS:
♦ 1. au verso du premier feuillet de garde : Table des objets contenus dans ce catalogue... autographe de Charles-Germain de Saint-Aubin, et un texte d'une autre encre : vers cette époque, c'était une mode parmi les artistes de charger les Catalogues de croquis et d'esquisses...
sans doute de la main du peintre et graveur Regnault-Delalande qui organisa la vente aux enchères d'Augustin de Saint-Aubin (4 avril 1808);
♦ 2. au verso du frontispice:
♦ 2.a. liste des héritiers du Duc d'Aumont, autographe de Charles-Germain de Saint-Aubin, encre brune, et peu ou prou le même que celui de l'exemplaire de l'INHA également autographe (même vente, autre exemplaire du Baron Pichon, Cat. I, n° 526, désormais appelé Pichon 526-INHA) :
Ses héritiers sont... Charles-Germain ajoute quelques détails piquants : la Duchesse de Villeroy est dite ici mariée à un homme avec lequel elle ne vit pas. Le 6e Duc d'Aumont titré Duc de Mazarin par son mariage avec Anne de Duras est ici qualifié de mauvais sujet
♦ 2.b. CÉLÈBRE TEXTE de Charles-Germain de Saint-Aubin, autographe, encre brune, souvent cité : Au soin que je prends pour compléter mes catalogues, vous imaginez que je prends beaucoup d'intérêt à la variété des prix, à l'émigration des objets, au progrès des arts, au profit des marchands : point du tout, les ventes sont pour moi un passe-temps, une comédie où chaque acteur joue naïvement son rôle. La vanité des uns, la cupidité des autres, la ruse de celui-ci, la méfiance de celui-là, je connais à peu près tous les acteurs et les différents ressorts qui les font mouvoir ; cela m'amuse. Je suis même pour quelque chose dans la pièce, ma figure, un peu singulière, prète à la caricature et j'amuse sans le savoir des gens qui m'amusent. On pourrait faire pis ou mieux
♦ 3. Le catalogue lui-même est alors constellé de notes autographes de Charles-Germain de Saint-Aubin à l'encre brune. Celle figurant en marge de l'Avertissement (je doute qu'on soit bien d'accord...) se retrouve textuellement dans Pichon 526-INHA. Plus précisément, les nombreuses notes de l'exemplaire Pichon 526-INHA ont été transposées dans cet exemplaire. Si l'on compare les notes au crayon de l'exemplaire Pichon 526-INHA, repassées à l'encre par Charles-Germain lui-même, on constate un plus grand détail des acquéreurs.
Là où l'exemplaire Pichon 526-INHA ne donne comme noms que Paillet ou Julliot ou d'autres encore, l'identité finale des grands amateurs est levée dans cet exemplaire-ci. Pour ne prendre qu'un exemple parmi de très nombreux, on y lit de la main de Charles-Germain, à l'encre : Pour le Roy, nous les verrons au Muséum du Louvre (lot 1)... alors que ne figure que le prix dans Pichon 526-INHA
♦ 4. On remarquera, à la fin, la conclusion de ce catalogue conçu comme un spectacle de lecture, de la main de Charles-Germain : Ne blâmez pas le temps que j'ai donné à le faire ce Catalogue, il y a des passe-temps moins innocents. S'il vous amuse autant qu'il nous a amusé, vous m'excuserez peut-être. Sinon, laissezle là : il y a des hochets pour tous les âges... Suivent quatre pages autographes de Charles-Germain recopiant une pièce satirique contre le duc d'Aumont écrite par Marmontel et lue autrefois par lui dans le salon de Mme Geoffrin. Cette satire lui avait valu la Bastille en 1759.
♦ 5. Note à l'encre d'Augustin de Saint-Aubin, fils de Charles- Germain, en marge de la page de titre : il s'est distribué à mon père, et moi je l'ai payé tel qu'il est embelli de sa main, la somme de 45 livres à sa vente. Je l'aurais payé 40 louis si l'on eût pu deviner le cas que je fais de ce catalogue
• RELIURE STRICTEMENT DE L'ÉPOQUE FAITE POUR CHARLES-GERMAIN DE SAINT-AUBIN. Maroquin rouge, décor doré, triple filet en encadrement, dos à nerfs orné et doré, tranches dorées.
─ PROVENANCE:
♦ 1. Charles-Germain de Saint-Aubin, mis en couleurs par lui et relié pour lui, avec son ex-libris gravé et cette mention placée dans une couronne de fleurs "De la bibliothèque de Ch. Germain de St Aubin". La vente après décès de Charles-Germain eut lieu le 8 mars 1786. Nous n'avons pas eu le temps d'en retrouver le catalogue. Dacier note la présence de 130 catalogues dont "30 reliés et les autres brochés, mais beaucoup avec les prix et différentes apostilles, réflexions et observations manuscrites, le tout recueilli avec soin depuis de longues années jusqu'en 1785" (E. Dacier, Gabriel de Saint-Aubin... L'Homme et l'oeuvre, t. I, Paris, 1929, p. 11)
♦ 2. Germain-Augustin de Saint-Aubin (1758-1825). Il racheta cet exemplaire dans la vente de son père conformément à la note autographe à l'encre brune déjà mentionnée et qui figure sur la page de titre
♦ 3. Camille Groult, comme mentionné par Edmond de Goncourt dans L'Art du XVIIIe siècle : "M. Groult, un passionné des Saint- Aubin, a bien voulu me communiquer un autre précieux volume de Charles-Germain de Saint-Aubin. C'est un catalogue du Duc d'Aumont, 1782"..., (3è édition, 1880, pp. 414-415). Les vingt particularités relevées par Goncourt se retrouvent exactement dans celui-ci
♦ 4. Auguste et Philippe Sichel, marchands d'art, comme cité par Edmond de Goncourt dans son Journal : "il y avait chez les Sichel un catalogue du duc d'Aumont avec des dessins de Germain de Saint-Aubin"... (30 juin 1881).
On remarquera leur date d'entrée et code de prix au crayon au bas de la dernière garde : 21 juin 81 hiss
♦ 5. Baron Jérôme Pichon (Cat. 1897, I, n° 527). Le descriptif désigne cet exemplaire : "un frontispice... 28 planches" (sur 30), cite la longue note de Charles-Germain, la note d'Augustin de Saint- Aubin, et la présence de l'ex-libris de Charles-Germain.
L'exemplaire correspond à celui de Camille Groult décrit plus haut.
→ Edmond de Goncourt prétend dans son Journal que le comte d'Armaillé racheta cet exemplaire acquis par le Baron Pichon (30 juin 1881). Ceci est impossible pour deux raisons : l'exemplaire figure dans la vente Pichon, et nous avons eu accès par un cher ami bibliophile françois à la liste des catalogues possédés par le comte d'Armaillé.
De la vente Aumont, il n'eut jamais qu'un exemplaire en maroquin bleu aux armes Conti-Orléans. Cette erreur d'aiguillage due à Edmond de Goncourt se retrouve d'ailleurs dans Cohen-de Ricci qui n'identifie pas l'exemplaire Groult à celui du baron Pichon.
♦ 6. Maurice Chalvet, libraire à Paris
♦ 7. Baronne Alexandrine de Rothschild, spolié pendant la guerre
♦ 8. Stig Wilton (ex-libris ; vente Sotheby's Londres, 13 février 1951, lot 368). Lors de cette vente de 1951, Pierre Verlet eut la chance d'examiner ce catalogue :
"Dacier signale également deux catalogues de la vente du Duc d'Aumont, illustrés par Germain de Saint-Aubin, que posséda la Baron Pichon au XIXe siècle : l'un de ces exemplaires appartient aujourd'hui à la Bibliothèque Doucet, l'autre fut vendu chez Sotheby's le 13 février 1951.
On me permettra de souligner la valeur documentaire particulière de ce dernier exemplaire. Un hasard heureux m'amène à Londres le soir de la vente, faite sur l'ordre d'un bibliophile scandinave. Je reçois d'un ami anglais [Anthony Hobson ?] la proposition de voir aussitôt le catalogue, que certains, sincères ou non, ont déclaré faux. Je n'ai pas à prendre parti sur ce point, n'étant pas expert, mais j'éprouve un grand plaisir à feuilleter le volume. Je reconnais sur l'un des dessins un vase du Louvre dont on ignorait jusque là l'origine Aumont. Comment un faussaire aurait-il pu avoir cette idée ?
→ La seule description imprimée du catalogue était insuffisante.
→ On s'aperçut ensuite que le précieux livre avait été volé en France une dizaine d'années plus tôt par les nazis. Il fut restitué à son ancien propriétaire, chez qui je pus le revoir dans le plus grand secret pendant une heure, sans avoir le droit, hélas, d'en faire prendre des photographies. Ce fut cependant assez pour saisir la présence d'une paire de superbes vases de Chine montés vers 1730 en bronze doré, qui appartient au Louvre.
→ La provenance de ces vases, demeurée inconnue, devenait évidente, mais seulement après voir vu le dessin en face du n° 163 du catalogue du Duc d'Aumont. Tel est le rôle curieux des dessins, qui nous font voir l'objet encore resté dans la nuit, malgré une description publiée dans un ancien catalogue, que nous n'avons pas su lire" (P. Verlet, Les Bronzes dorés français du XVIIIe siècle, 1987, pp. 299-301)
♦ 9. Restitué aux collections Rothschild. Christopher de Hamel raconte avec brio la destinée inouïe de ce livre :
"Le lot 368 de la vente Sotheby's du 13 février 1951 était l'exemplaire ayant appartenu à Pichon du catalogue de la vente du Duc d'Aumont en 1782, illustré par Charles-Germain de Saint-Aubin.
→ Ce lot était désigné comme appartenant à M. Stig Wilton, de Stockholm, et fut vendu 520 livres sterling.
▌Je remercie le Dr Anthony Hobson de m'avoir raconté ce qui se passa ensuite : après la vente, un libraire français [nous : évidemment Maurice Chalvet] se rappela avoir vendu le même livre aux Rothschild de Paris [nous : évidemment Alexandrine de Rothschild]. M. Wilton raconta alors qu'il faisait partie de la Croix-Rouge pendant la guerre et qu'un jour de 1945, à Varsovie, il avait découvert un wagon de marchandises abandonné, rempli de livres anciens en maroquin rouge et vert, se demandant d'où ils venaient et, comme la neige tombait (ainsi qu'il raconte), il prit l'un d'eux, le plus petit, dans l'espoir de découvrir l'origine de cet extraordinaire chargement. Ce wagon pourrait avoir contenu une bonne partie des imprimés de la bibliothèque d'Alexandrine de Rothschild." (Les Rothschild collectionneurs de manuscrits, Paris, BnF, 2004, p. 79)
♦ 10. Vendu par Maurice Rheims (1988)
Louis-Marie d'Aumont (1709-1782), cinquième duc d'Aumont, constitua l'une des plus grandes collections d'oeuvres d'art au XVIIIe siècle, principalement orientée vers les vases, colonnes, tables, bronzes, porcelaines... tels que cités dans le titre du catalogue de cette vente après décès. Il fut l'un des principaux Seigneurs des Cours de Louis XV et Louis XVI puisque l'un des quatre Premiers gentilhommes de la Cour, en charge des Menus Plaisirs et avec accès direct au Roi. Depuis 1776, il avait rassemblé sa collection dans son hôtel de la place Louis XV, devenu aujourd'hui le Crillon, là où eut lieu la vente le 12 décembre 1782 et où l'ensemble du Cabinet avait été exposé pendant trois semaines. Cette vente fut et est encore l'un des grands événements du marché de l'art.
Le Roi Louis XVI se rendit acquéreur d'un grand nombre d'objets pour son futur Museum - mot qui se retrouve ici plusieurs fois sous la plume de Charles-Germain de Saint-Aubin -, ce futur Musée du Louvre qui avait été conçu selon le projet du comte d'Angiviller, directeur général des Bâtiments du Roi. Les objets Aumont, aujourd'hui encore, contribuent à l'éclat des galeries du Louvre. La note devant le lot n° 1 du présent catalogue, les deux vases de porphyre à tête de bélier adjugés 14580 livres, dit :
Pour le Roy, nous les verrons au Museum du Louvre (p. 6).
Les deux exemplaires du Baron Pichon
Ce catalogue est illustré par 116 dessins d'oeuvres d'art, tous à l'aquarelle, répartis sur 49 feuillets dus à Charles-Germain de Saint-Aubin (1721-1786).
Charles-Germain, frère du très fameux artiste Gabriel de Saint- Aubin (1724-1780), était "dessinateur du roy" en broderies et dentelles, métier dans lequel il acquit une jolie fortune puisqu'à trente-cinq ans, il possédait 70.000 livres (Gabriel de Saint-Aubin, Musée du Louvre, 2008, p. 71). Mais il a moins de talent que son frère Gabriel, artiste de l'instant, "chroniqueur hors pair de l'âge des Lumières" (H. Loyrette, op. cit.) et auteur de ces fameux catalogues illustrés de dessins au crayon dans les marges, pris sur le vif, dont la précision permet aujourd'hui encore d'identifier des objets qui seraient inconnus sans cela.
Les aquarelles de ce catalogue présentent en effet quelques maladresses que Gabriel n'aurait pas commises.
Gabriel meurt en 1780. L'un de ses proches, le Baron Baillet de Saint-Julien acquiert la "majeure partie des catalogues illustrés par Gabriel" à la vente après décès de l'artiste (mars 1780, op. cit., p. 83).
Depuis le temps des Goncourt, ce remarquable corpus de livres dessinés et annotés est devenu un champ privilégié de recherches érudites, surtout depuis la publication de la liste de Colin B. Bailey en 2008 qui en dénombre près de soixantedeux (op. cit., pp. 292-299).
La vente de la collection du Duc d'Aumont en décembre 1782 eut un tel retentissement que, sans doute, Charles- Germain décida de relancer la pratique de son frère.
→ Un exemplaire réunissant trois catalogues annotés et dessinés par Charles-Germain mais bien moins intéressant que celui-ci, tous postérieurs au décès de Gabriel et reliés ensemble à la fin du XIXe siècle seulement, est d'ailleurs récemment passé en vente (Christie's Paris, 22 avril 2016, lot 45, 44.700, ventes Le Blanc de 1781, Le Boeuf de 1783, et Le Brun de décembre 1780). Il possédait aussi quelques aquarelles (11) dessinées sur huit feuillets ajoutés. Car Charles-Germain reprend bien une pratique héritée de son frère Gabriel.
Il crée d'abord un premier catalogue (Pichon n°526-INHA V Rés 1782/14) où les lots sont dessinés au crayon dans la marge. Puis il recompose un autre exemplaire du catalogue auquel il ajoute ses aquarelles et des annotations plus développées (Pichon n°527-présent exemplaire). Une temporalité semble d'ailleurs s'esquisser puisque cet exemplaire offre des dates manuscrites autographes postérieures à la vente Aumont (aux n° 218 et 297 apparaît par exemple une date de 1784) ou présente, en de rares occasions, des objets vendus postérieurement à Aumont (vendu chez le Boeuf, 1783, au lot 38 ou encore en face du lot 40) comme pour mieux expliquer "l'émigration des objets".
Ce décalage se révèle par un autre aspect :
les couleurs de certains objets dessinés par Charles-Germain ne correspondent parfois pas à celles des objets du Louvre. Il a dû exécuter son travail de mémoire, après la vente.
Une recherche lus complète serait nécessaire. Charles-Germain s'est aidé pour maints dessins en couleurs des croquis en noir de Pichon 526 (par exemple aux pp. 53, 55, 83). Certains dessins en couleurs de Pichon 527 (cet exemplaire) n'apparaissent pourtant pas sous forme de croquis en noir dans Pichon 516, comme par exemple aux pp. 76 (n° 178), 106 (n° 313), p. 108 (n° 314). Enfin la grande table au chiffre "D" (pour Durfort ?) est dessinée en noir sur le dernier feuillet de Pichon 526-INHA - son dessin n'apparaît pas sur l'exemplaire digitalisé - et fait l'objet dans Pichon 527 d'un grand dessin sur un feuillet séparé
À qui étaient destinés ces catalogues richement illustrés ayant subi une sorte de "mise à jour" nourrie de détails postérieurs aux ventes elles-mêmes (enrichissement des provenances, mise en couleur, renseignements sur l'"émigration des objets", etc.) ? Nul ne le sait. De même, parmi la soixantaine de catalogues illustrés par Gabriel de Saint-Aubin, chefs-d'oeuvre de l'instant, certains ont-ils servi de point de départ à un autre usage, comme le soulignait Colin B. Bailey : "Les différentes fonctions que ces catalogues étaient appelés à remplir avaient-elles une incidence sur les techniques choisies par [Gabriel de] Saint-Aubin pour ses croquis et sur leur niveau d'achèvement ? C'est une question à laquelle il n'est pas facile de répondre.
On sait qu'au moins trois catalogues furent illustrés à deux reprises par Saint-Aubin, l'exemplaire relié, augmenté de feuilles intercalées [nous soulignons], et donc plus volumineux, étant vraisemblablement destiné à un client ou commanditaire" (Op. cit., p. 77).
Colin B. Bailey cite alors trois exemplaires de catalogues ayant fait l'objet d'une reprise et donc d'une mise en page particulière avec intercalage de feuillets destinés à recevoir des dessins élaborés : ceux des ventes Conti (BnF), Guillaume Martin (Pierpont Morgan) et Thiers (Petit Palais).
Ces trois exemples sont trop peu nombreux pour en tirer une loi. À la question posée dès 1969 par Michel Le Moël et Pierre Rosenberg : "en érudit minutieux, Saint-Aubin tenait-il ses catalogues à jour ?", C. Bailey avait répondu en 2008 en ajoutant que Charles-Germain finissait à la plume les annotations de son frère (op. cit., p. 104), soulignant par là le rôle du frère. Une fois Gabriel de Saint-Aubin disparu en 1780, Charles-Germain décida sans doute de reprendre seul toutes les étapes de cette création plusieurs fois tentée. Nous en avons ici un magnifique exemple avec cette mise en couleurs de la vente Aumont qui illustre bien "le soin que je prends pour compléter mes catalogues" (Charles-Germain de Saint-Aubin, cité par Colin C. Bailey, op. cit. p. 104).
Ce livre a obtenu son certificat d'exportation
RÉFÉRENCES : Cohen-de Ricci, 523