Lot n° 498

MONTHERLANT Henry de (1895-1972). 2 L.A.S. « Montherlant », 1946-1947, à Jean COCTEAU ; 2 pages in-4 (un bord coupé avec perte de quelques mots), et 1 page et demie in-12 avec adresse (carte postale).

Estimation : 500 - 600 €
Adjudication : 780 €
Description
Sur L’Aigle à deux têtes.
[La pièce de Cocteau, L’Aigle à deux têtes, a été créée le 21 décembre 1946 au théâtre Hébertot, avec Edwige Feuillère et Jean Marais dans les deux rôles principaux, Silvia Monfort et Jacques Varennes.]

• 24 décembre 1946.
« Mon Cher Cocteau,
“Nous sommes dévorés par la légende”, dites-vous à peu près dans l’Aigle (les hommes, les nations elles aussi, – le mauvais vin, la piquette des légendes). J’y songeais en écoutant quelques-unes des réflexions que suscitait votre pièce hier soir. Quoi que vous écriviez, vous êtes et vous serez jugé sur l’idée (fausse) qu’on se fait de vous : jamais sur l’œuvre NUE. Votre Aigle m’a très très impressionné, et un peu troublé – sainement troublé, du trouble de l’émulation […] Cela (cette œuvre) me parait fort extraordinaire, et ce que vous avez fait de mieux, mais qu’il faut connaître aussi le livre en main ; car cela est profond, et, au théâtre, on n’a pas le temps de réfléchir. Vos quatre principaux personnages sont excellemment interprétés. Tout cela m’a paru faire beaucoup d’effet, quoique j’aie vérifié (depuis deux ans que je ne me suis pas trouvé dans une salle de théâtre) ce que j’avais déjà compris à la R[eine] Morte une salle de théâtre est, avant tout, un endroit où on vient tousser. Que ces toux peuvent être gênantes ! […] Dans votre pièce, il y a des beautés dans tous les registres celui de l’intelligence, celui de la sensibilité, celui de l’action ».

• Rome 4 novembre 1947.
Il le remercie pour La Difficulté d’être :
« J’ai aimé ce livre si franc, où vous apparaissez si différent de votre légende, où vous apparaissez dans votre simplicité. Je viens de faire pèlerinage (l’anniversaire de sa mort) à la tombe de Pauline de Beaumont, où elle est représentée de la façon la plus voluptueuse, dans l’acte de mourir comme appelant un homme dans ses bras et telle que je pense que l’artiste n’a pu le faire que sur les indications les plus précises ce celui qui l’avait aimée [Chateaubriand]. Aucun doute, ce n’est pas un père ni un frère qui a commandé ce bas-relief-là »...
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