Lot n° 484

LOUŸS Pierre (1870-1925). L.A.S. « P. », Vendredi 16 [septembre 1910, à son frère Georges LOUIS] ; 4 pages in-8 à l’encre violette, vignette et en-tête Grand Hôtel de Tamaris.

Estimation : 400 - 500 €
Adjudication : Invendu
Description
► Superbe lettre sur la littérature et la critique littéraire, disant son admiration pour Chateaubriand.

« Suis pas de l’avis de FAGUET. On écrit beaucoup mieux le français en 1910 qu’en 1610. Il y a plus de mauvais écrivains ? Oui ; comme il y a plus de mauvais soldats […] jadis on était 300 ; on est 100.000. Mais les bons écrivains ont augmenté en nombre. Non seulement je ne vois pas la décadence, mais je ne vois pas même la crise. C’est un fait bien singulier : les critiques ne comprennent jamais rien à leur époque. Vois le plus honoré d’eux tous : SAINTE-BEUVE. –Sainte-Beuve était convaincu qu’il y avait eu en France de grands classiques ; puis d’intéressants romantiques ; puis la fin de tout vers 1845. L’époque où il écrivait (1855-1870), c’était pour lui la pleine décadence. Et pour nous, c’est peut-être la plus brillante de notre histoire littéraire.
Hugo (Légende, Contemplations, Misérables)
Michelet
Renan – Vie de Jésus
Flaubert – Bovary, Salammbô
Leconte de Lisle.
Tous les Parnassiens.
Les Goncourt.
Fromentin.
A. de Vigny (ses plus beaux poëmes)
Tout ça, pour Sainte-Beuve, ce n’était rien. “Ah ! en 1672, la littérature était heureuse !”
Et d’ailleurs les époques ! Qu’est-ce que cela fait ? L’an VIII, 1800, est-ce une époque littéraire ? Il n’y a personne et Atala paraît. Atala que je viens de relire, en trouvant… que la Princesse de Clèves était bien peu de choses auprès de cela. J’ai aussi relu les Martyrs et je suis tombé sur deux phrases prodigieuses. […] Cela, c’est une merveille, et c’est un art littéraire que personne ne soupçonnait au XVIIe siècle. […] C’est mieux que du Faguet ».

Mille lettres inédites de Pierre Louÿs à Georges Louis, p. 824 (n° 614).

• Catalogue Pierre Louÿs (Librairie Jean-Claude Vrain, 2009, n° 337).
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