Lot n° 483

LOUŸS Pierre (1870-1925). L.A.S. « Pierre Louÿs », Samedi saint [21 avril 1905], à COLETTE ; 4 pages petit in-8 à l’encre violette.

Estimation : 800 - 1 000 €
Adjudication : Invendu
Description
♦ Jolie lettre à Colette qui vient de faire paraître Sept Dialogues de Bêtes.

« Aujourd’hui jour de jeûne, dites-moi ce que je vous ai fait. Cela ne vous suffit pas de me “priver de dédicace” et de ne pas m’expliquer pourquoi. Je dépéris parce que je n’ai pas votre livre. Je ne dépéris pas assez, à votre goût. Vous mettez du raffinement dans vos supplices et […] vous me mettez de force sous les yeux de ce matin un article… mais un article. Eh bien je n’en ai lu que vingt lignes de votre article et je me suis arrêté. Je suis morose depuis deux mois. Je ne voulais pas tomber de là dans la mélancolie, de la mélancolie dans la tristesse, de la tristesse dans le chagrin, du chagrin dans la neurasthénie, de la neurasthénie dans l’hypocondrie et de l’hypocondrie dans les résolutions désespérées. Elles sont trop bien les vingt premières lignes de votre article. C’est décourageant. Est-ce que vous n’avez rien de moins bien dans votre livre ? Si. Et l’auteur sait cela mieux que les critiques. Dites-le moi vous-même, par miséricorde, pendant la semaine sainte »…
[Les quatre premier Dialogues de bêtes avaient paru l’année précédente au Mercure de France, et Colette, encouragée par Francis Jammes, venait de les compléter par trois autres récits, pour composer ces Sept Dialogues de bêtes. Quant à l’article qui « décourage » Pierre Louÿs, il s’agit de la Lettre de Claudine signée « Colette Willy » parue dans la revue Le Damier dont le second numéro contenait un article en l’honneur de Colette. ]

Catalogue Pierre Louÿs (Librairie Jean-Claude Vrain, 2009, n° 464).
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