Lot n° 477

LAMENNAIS Félicité de (1782-1854). L.A.S. « F. de la Mennais », La Chenaie 16 mai 1834, à Franz liszt à Paris ; 1 page et demie petit in-4, adresse (fente au f. d’adresse).

Estimation : 600 - 800 €
Adjudication : 2 600 €
Description
► Très belle lettre répondant aux transports de Liszt, lecteur des Paroles d’un croyant.

« Que votre lettre, mon cher enfant, m’a été douce et qu’elle m’a fait du bien ! Mon cœur a tant besoin de s’appuier sur d’autres cœurs, sur des cœurs qui le comprennent et le sentent ! Aimer n’est pas seulement le parfum de la vie, mais la vie même. Aimons-nous donc sur cette pauvre terre, aimons-nous jusqu’à la fin, pour nous aimer encore après dans la vie véritable, là où rien ne finit plus »… Il se réjouit d’avance de sa visite avec Joseph d’Ortigue et Sainte-Beuve, et voudrait que Montalembert, dont l’âme est triste, pût se joindre à eux... « Qui ne souffre point dans ces temps de bassesse et de lâchetés ? Je serais bien heureux, mon enfant, si les Paroles qui vous ont ému pouvaient aussi en émouvoir d’autres, si Dieu leur donnait puissance pour réveiller les âmes assoupies, pour remuer au fond des entrailles du peuple quelques sentimens généreux, des résolutions grandes et fermes et de salutaires espérances d’avenir. Quoi qu’il arrive, j’ai foi au triomphe de l’humanité. Le mauvais passé, le passé aride, ténébreux, haineux, oppresseur, aura beau se débattre contre sa destinée, il sera vaincu sans retour. Le christianisme affranchi tuera tout ce qui a déshonoré le christianisme, tout ce qui a foulé, broyé et fait gémir la terre en son nom. Sa tâche n’est point accomplie encore, il ne fait que de naître, et, dans les secrets divins qu’il renferme, sont cachés pour l’homme des trésors d’amour, de lumière et de bienfaits que le temps ouvrira. Croyons, travaillons, combattons, sans jamais nous lasser, sans nous décourager jamais, et si notre carrière de soldat est rude, il y aura pour nous un repos glorieux et de grandes joies dans la tombe »…
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