Lot n° 150

GUIBERT JACQUES-ANTOINE-HIPPOLYTE, COMTE DE (1743-1790). MANUSCRITS autographes pour son Histoire de la constitution militaire de la France depuis la fondation de la monarchie jusqu’à nos jours, [vers 1780] ; 145 pages in-fol. ou in-4.

Estimation : 5 000 - 7 000 €
Adjudication : Invendu
Description
Important ensemble de manuscrits pour son Histoire de la constitution militaire de la France restée inachevée.

De cet ouvrage, Guibert n’a écrit que la « Préface » et une « Introduction », recueillies dans les Œuvres militaires publiées par sa veuve, tome V, Œuvres diverses (Magimel, 1803).
Les présents manuscrits correspondent aux pages 3 à 176 de ce volume.
Préface (titre et 26 pages en un cahier in-fol. plus ff. blancs), abondamment raturée et corrigée (pp. 3-43 de l’édition).
Après un hommage appuyé à MONTESQUIEU et à D’ALEMBERT, qui ont renouvelé le genre de la préface, Guibert présente la sienne comme l’histoire de la conception de son ouvrage, car « comme la Minerve de la fable il ne sort pas du cerveau tout armé » : l’ouvrage fut entrepris pour pallier une carrière militaire « manquée », rendre service au Roi , à ses ministres, et aux Français…
Guibert raconte comment il définit progressivement son champ d’étude ; il nomme les érudits qui l’ont assisté, rappelle ses propres travaux antérieurs, et présente son ambition de remonter jusqu’aux Gaules.
« C’est toute cette grande epoque, c’est cette memorable revolution qui forme mon introduction sous le titre de Tableau de la decadence de l’empire romain dans les Gaules et de la fondation de la monarchie françoise »…
La suite sera chronologique, et s’étendra jusqu’à l’administration du Prince de MONTBAREY (1777-1780). Guibert voudrait qu’un Moniteur éclairé corrige l’irresponsabilité ministérielle couverte par le secret d’État… « Qui etes vous va-t-on s’écrier, pour juger ainsi les ministres et leurs operations, pour anticiper sur l’histoire, pour oser même ce quelle nauroit peut etre pas osé ? Qui je suis ? Un militaire citoÿen, ces deux titres […] doivent supposer de la hardiesse et du courage »... Il réclame l’appui de ses compagnons d’armes pour éclairer le public et le gouvernemen ; l’ouvrage, « en servant de frein aux ministres à venir dans les fausses operations qu’ils voudroient faire […] pourra fournir d’immenses lumieres a ceux qui oseront entreprendre le projet de regenerer le militaire et de donner une armée au roÿaume. […] ce ne sera que quand les lumieres seront plus generalement repandues, que quand l’evidence des bons principes, et celle de toutes les fautes de ladministration contre ces principes sera devenue populaire, et que quand ainsi toutes les grandes innovations qu’il faut faire, tous les grands coups qu’il faut frapper seront applaudis par le vœu unanime. Tel est le grand objet que j’ai eu lambition de remplir »…

Introduction.
Tableau de la décadence de l’empire romain en Occident.
Invasion des Gaules. Commencements de la monarchie françoise.
5 cahiers : 2 cahiers in-fol. numérotés « 4 » et « 5 », un cahier in-4 numéroté « 2 et 3 », plus 2 petits cahiers in-4, formant un manuscrit de premier jet de 42 pages in-fol. et 77 pages in-4, abondamment raturé et corrigé (pp. 45-176 de l’édition).

L’Introduction commence dans le cahier n° 4, à la suite d’Usages coutumes et mœurs militaires et Tableau de la g[randeur] et decad. des Romains par Montesquieu (12 p.). Survol de l’Empire romain, faisant référence : à Tacite, Suétone, Dion, Montesquieu, Gibbon, etc. Guibert insiste sur la longue et lente décadence de la République qui précéda l’Empire, brosse un beau tableau d’un immense territoire peuplé d’à peu près le même nombre d’habitants que l’Europe moderne, et ne fait pas mystère de tout ce qu’il trouve à admirer dans l’Empire, et dans son fondateur « calomnié » par les historiens modernes : sa constitution, ses routes, ses monuments, son juste partage entre les autorités civile et militaire, sa législation, l’universalité de sa langue, son système militaire, ses soldats aguerris, disciplinés et ayant le sens de l’honneur, quoi qu’en dise Montesquieu…
« Nous n’avons fait partout que recueillir leurs débris et batir sur leurs ruines »…

▬ On joint :
• un dossier de pièces utilisées par Guibert pour sa documentation, et de pièces historiques diverses.

• Archives du Comte de GUIBERT (vente 14 octobre 1993, n° 64) ;
puis
• Collection Philippe de FLERS.
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