Lot n° 73

Manuscrit Venu De Sainte-Hélène. « Manuscrit venu de l’Isle Ste Hélène d’une manière inconnue » « 2e edition ».

Estimation : 500 / 600
Adjudication : 600 €
Description
Sans lieu ni date [France, vers 1817]. Manuscrit sur papier in-folio de 80 ff., cousu, sous une couverture cartonnée ancienne.

Fameux pastiche qui déchaîna les passions: ces vraies-fausses confidences de l’Empereur déchu furent interdites en France. Lorsque l’éditeur londonien Murray publia en 1817 ce Manuscrit venu de Sainte-Hélène d’une manière inconnue, il ne se doutait sans doute pas du succès qu’il rencontrerait: il dut réimprimer quatre fois l’ouvrage cette même année
1817, en publia une traduction anglaise, tandis que des contrefaçons virent aussitôt le jour à Bruxelles, Gand ou Francfort. Jugé trop séditieux, l’ouvrage fut interdit en France, suscitant plus d’intérêt encore; des copies manuscrites circulèrent dans les salons parisiens et bientôt dans tout le pays. Le manuscrit décrit ici est un de ceux-là. La question était
sur toutes les lèvres: était-ce bien de la main de Napoléon? Le pastiche était si réussi qu’il parvint à tromper nombre de contemporains. Cette brillante supercherie fut longtemps attribuée à un agronome genevois, ami de Mme de Staël et familier du groupe de Coppet, Lullin de Chateauvieux. Depuis, certains penchent pour une oeuvre collective dudit groupe de Coppet - Benjamin Constant, Victor de Broglie, Gabriel Eynard et son cousin Lullin de Chateauvieux, sous l’égide de Mme de Staël. D’autres croient y voir la main de la seule Mme de Staël : l’exilée, ennemie déclarée de l’Empire, aurait été séduite par le Napoléon libéral des Cent-Jours, mais elle n’aurait pu endosser la paternité d’un pastiche plutôt favorable sans se désavouer. Que le Manuscrit venu de Sainte-Hélène ait été une oeuvre collective ou individuelle, qu’il ait été rédigé par le spécialiste des moutons mérinos Lullin de Chateauvieux ou par l’intransigeante Germaine de Staël importe peu : il est un fait certain, c’est que l’ouvrage fit date et, parmi les premiers, contribua à écrire ce qui devint bientôt la légende dorée napoléonienne - ce qui n’est pas le moindre des paradoxes! Quant à l’intéressé lui-même, un amiral anglais du nom de Sir Robert Plampin lui fit parvenir un exemplaire de l’édition londonienne. Napoléon le lut, releva quelques incohérences et des erreurs mais conclut : « Cela est un ouvrage qui marquera et qui fera date. » Son ou ses auteurs n’auraient pu rêver plus bel éloge.
On joint 3 manuscrits religieux.
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