Lot n° 86

Jean GUITTON. Cahier autographe signé (plusieurs fois), 1989-1995 ; cahier in-4 d’environ 165 pages, reliure similicuir brun estampillé Livre d’or sur le plat sup., tranches dorées. Cahier « Tokyo Nagasaki » de 1989 sur un voyage au...

Estimation : 1 200 / 1 500
Adjudication : 1 792 €
Description
Japon et un entretien avec l’impératrice Michiko, puis repris, relu et augmenté dans les années qui suivirent. Y figurent aussi des citations de Saint Anselme, Saint Augustin, Bergson, Pouget ; des réflexions sur l’âge et l’activité cérébrale, les Évangiles, l’Eucharistie, la foi, la conversion ; des notes et entrées consacrées à Xénophon, Shakespeare, Bérulle, La Bruyère, La Fontaine, Goethe, Mauriac, Dickens, Foucauld, la Première Guerre mondiale, Marcel Déat, etc. Encres de couleurs diverses, avec croquis et dessins originaux. Le voyage au Japon commence le 21 juin 1989 par un entretien avec son traducteur Takeno, descendant des « crypto-chrétiens qui ont conservé la foi cath., 300 ans, sans prêtres ». Explications sur le Shintoïsme et le Bouddhisme, la transmission de la foi catholique. « Puis il me parle de l’Empereur Hirohito en me disant, Il n’était pas libre, il était prisonnier des militaires qui ont conseillé Pearl-Harbour (que lui désapprouvait). Et, de même, en 45, les militaires voulaient continuer la guerre désespérément. Les grands de ce monde son prisonniers de l’entourage. Ici, plus qu’ailleurs ! Quant à M. [Michiko] elle est catholique ; mais ici encore, elle ne peut pas le dire à cause de l’entourage de son mari empereur, hier encore considéré comme dieu. Ainsi parle T. avec calme, paix, et autorité. Il aime Pascal et S. V. de Paul, l’un pour la vérité, l’autre pour la charité. L’avenir de l’Ég. ne l’intéresse pas, car il sait que le nombre n’importe pas mais la qualité, le royaume de Dieu »... à midi, rencontre avec l’ambassadeur Bernard Dorin autour d’une table, puis conférence sur Pascal... Guitton a préparé une liste de « thèmes » à aborder avec l’Impératrice (le Japon comme lieu de la spiritualité, l’idée de tradition, etc.), esquissé son portrait, puis raconté l’audience, le lendemain : tenue de Michiko, cadeaux préliminaires, échanges. « Je lui dis que je suis Philosophe préoccupé d’être pleinement raisonnable, – et donc d’atteindre, par l’intelligence, le sommet : qui est pour moi Dieu, mais un dieu créateur, un dieu qu’on prie. Alors, elle répond que c’est une grave question de savoir si Dieu est créateur ou s’il ne se confond pas avec la “nature”. Et ici elle cite en latin Marcus-Aurelius voulant dire que son premier modèle comme impératrice était cet empereur pieux, mais sur la voie du christianisme... Elle parle de l’immortalité de l’âme »... Ils parlent du panthéisme, de sa « seconde vocation » d’œcuménisme (appel à l’union et au-delà, à l’Unité), qu’elle partage « dans ce moment où le monde s’unifie », et de l’origine de cette vocation (souvenir de 1908). Discussion sur l’Unité dans son rapport avec la Pureté (axiome de Lacordaire), avec geste répété de l’Impératrice de lever les mains réunies en forme d’ogive, puis sur la ressemblance entre la charge d’un philosophe et celle d’une impératrice (référence à Descartes). « Michiko prononça ce mot de prière à propos de l’Empereur avec douceur et netteté, ce que je ne puis oublier. Alors l’entretien porta plus spécialement sur l’âme japonaise, sur la place du Japon dans “l’unification des âmes” », et ensuite, sur l’avenir, la tradition, le « petit monastère catholique et un peu bouddhique » qu’il va construire en France, et de son projet de « dire l’essence [...] et de mourir en pleine action, les armes à la main. Elle sourit et elle dit que c’est aussi son projet pour sa nation, aux côtés de l’Empereur »... Cadeau délicat de l’Impératrice, visite du Parc interdit... D’autres pages consacrées à Pie X et Jean-Paul II, ses conversations avec Bernard Dorin, sa visite à Nagasaki... Dessins aquarellés : paysage, « Solitude », « Mélancolie de la femme », « Madame D. de M. », « Séverine », etc. On joint un autre cahier autographe signé (plusieurs fois « JG »), 1993-1994 ; cahier in-4 d’environ 77 pages, rel. similicuir noir estampillé Livre d’Or sur le plat sup., tranches dorées. Cahier de notes et dessins du philosophe nonagénaire, s’ouvrant par l’inscription : « Non tecum sed TU ego sum », dont on trouvera plusieurs variantes par la suite. Y figurent la minute d’une lettre personnelle commentant les élections parlementaires de mars 1993 (« 3/4 Chirac Balladur » : « une vraie “révolution” comme il en arrive rarement de la vie politique »), un portrait au crayon noir de « Balladur le 22 mars interrogeant sa destinée », des citations de Pascal et Saint Basile, des noms d’écrivains (Morand, Montherlant, Mondor, Pagnol), les étapes de la fin de la vie et la mort de Pompidou, des notes sur une consultation ophtalmologique, des références aux Évangiles, des schémas d’affinités politiques (Bérégovoy, Pinay, Balladur...), l’adresse de Mitterrand à Latché, notes sur une visite du nonce le 23 juillet 1993, et dessins à l’aquarelle : « Ma destinée prévue », « Holocauste était mon Jésus », « Regard de Dieu sur une Tour », « La nouvelle Europe », etc. On joint une L.A.S. à lui adressée par Mgr Paolo Bertoli, Rome 20 juin 1989.
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