Lot n° 209

NERVAL (Gérard de). Lettre autographe signée à son éditeur Daniel Giraud, [Passy, 22 [sic, malgré le cachet] octobre 1853], 1 page in-8 (202 x 132 mm) sur un bifeuillet, adresse autographe et marque postale au verso, sous chemise demi-maroquin...

Estimation : 3 000 - 4 000 €
Adjudication : 10 000 €
Description
noir moderne.
Lettre inédite à l'éditeur des Filles du feu.

Cette lettre fut écrite de la clinique du Dr Blanche, à Passy, où Nerval était hospitalisé, à la suite d'une nouvelle crise de folie, fin septembre 1853 ; notons qu'il n'indique pas son adresse à son correspondant, lui annonçant seulement qu'il passera le voir.
C'est durant cet automne de 1853 que Nerval composa, un peu à la hâte, son recueil Les Filles du feu, réunissant d'anciens textes déjà publiés. Il négociera avec son éditeur Giraud un nouveau contrat, et le livre paraîtra en janvier 1854. Comme l'observe Cl. Pichois, «étant donné l'état de Gérard, la publication tient du miracle».

→ Cette lettre est extrêmement intéressante, car elle est tout entière consacrée au recueil, auquel Nerval donne ici un titre qui ne sera pas maintenu: Mélusine ou les filles du feu. Il rassure d'abord son éditeur: J'ai eu une rechute mais peu grave quoique un peu prolongée pour nos affaires. Depuis huit jours je travaille au volume, j'ai presque tout, je vais tout à fait bien. Lundi vous pourrez mettre en train le livre définitivement.

Suivent ces importantes précisions : J'ai l'idée d'intituler cela Mélusine ou les filles du feu. Il y aurait cinq histoires répondant à ce titre Angélique, -Rosalie [sans doute Octavie], - Jemmy, &c. Je vous donnerai en même temps Sylvie [parue dans la Revue des Deux Mondes du 15 août 1853] mais vous savez que je ne m'en gage [sic] là que relativement peut-être faudra-t-il y intéresser Lecou [Victor Lecou, éditeur des Illuminés]. Il l'avertit cependant: Mais n'en parlez pas encore. Tout peut paraître comme cela a été dit. Sylvie sera effectivement incluse dans l'édition Giraud des Filles du Feu.

En post-scriptum, après avoir annoncé sa visite, il continue: J'ai ici la traduction allemande de Sylvie traduite très exactement, nous en causerons.
Cette note confirme l'existence d'une traduction en allemand, due à Heinrich Seuffert et restée inédite.

► Précieuse lettre inédite, donnant d'importantes précisions sur la genèse du célèbre recueil de Nerval.

Œuvres complètes, éd. Cl. Pichois et J. Guillaume, Pléiade, t. III, 1993, p. 818-819 : quelques lignes citées d'après J. Richer («Nouveaux compléments à la correspondance de Gérard de Nerval», Studi francesi, 1967, p. 452-456), qui en a repris le texte d'un catalogue de la librairie Privat. -
Voir Cl. Pichois et M. Brix, Gérard de Nerval, Fayard, 1995, p. 337.
Mouillures.
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