Lot n° 690

RODIN AUGUSTE (1840 - 1917) - AGENDA autographe avec notes et dessins, Agenda pour 1904. Au Bon Marché, Paris; agenda; In-16, 10 x 6,5 cm, environ 120 pages écrites ou dessinées principalement au crayon (le reste vierge), reliure de cuir brun...

Estimation : 10 000 - 15 000 €
Adjudication : 19 500 €
Description
à décor estampé et titre doré.
► Précieux agenda rempli de notations et pensées, et d'une trentaine de dessins ou croquis.

Ce sont tantôt des réflexions sur l'art, des notations sur des monuments, des pensées intimes, des choses vues, etc.
L'agenda n'a pas été utilisé comme tel, mais plutôt comme un carnet de poche, en particulier lors d'un voyage (ou des voyages) à Blois et en Touraine.

Nous ne pouvons en donner ici que quelques extraits.

•«Mesure innée d'art dans le modeste modèle pour nous sculpter» (garde).
•«Tout le bonheur passé me revient face Église Clamart» (3 janvier).
•«Trois allées de tilleuils, c'est absolument les nefs de cathédrales gothiques».
•«Je ne vais ni en Italie mais dans le ciel paysage céleste l'amour gagne la terre» (15 janvier).
•«Les moulures gothiques sont quelque fois inspirées de la tempête» (18 janvier).
•«Le pendentif de ces petites tourelles est un cul de lampe se terminant par un chapiteau renaissance mais avec la courbe qui est restée dans les pilastres et qui est celle de la fin du ciel» (22 janvier).
•«Elle me rappelait ma soeur qui embeaume ma pensée ma mémoire. Ah chère jeunesse» (29 janvier).
•«Le plan incliné permet de voir les moulures de ¾ ce qui les rend plus douces et accentue le trait de force» (8 février).
•«Vous êtes du pays de Loire où l'amour fin est conservé et donnez votre suffrage comme autrefois» (12 février).
•«Les nuances de l'amour aux mille couleurs enveloppent le monde et mon coeur»... (13 février).
•«Les moulures gothiques sont comme la mer - les ressauts comme les lignes colorées» (16 février).
•«Cette fois je n'ai pas vu des cathéd. mais le ciel même qui verse le bonheur bleu. Comme des feuilles d'achante les nuages garnissent la droite quelle transposition d'avoir mis aux astres ce qui est ici» (23 février).
•«Journées glorieuses de toute la largeur de la Loire d'acier moiré, les nuages s'élancent par bonds, s'élancent partout légers [...] seul le vent tyranise et tire» (10-11 mars).
•«Arcs trapus portés par colonnes trapues entrées souvent basses. Nous entrons dans le vaisseau aux élégantes colonnes nervées»... (14 mars).
•«La croix et la bannière les contreforts sont comme des volées d'encensoirs. [...] Est-ce que la belle France va mourir par les conseillers municipaux» (22-23 mars).
•«En montant ces degrés j'entends la cloche comme la voix du passé qui paraît avoir tort malgré ses touchants regrets» (1er avril).
•«En France la modestie modèle toutes les femmes en France et leur donne le charme insurpassable et pénétrant. Ne changez pas leur éducation le chef d'oeuvre serait dorénavant mal éclairé. Il faut l'église et toute cette architecture, il lui faut la musique, il lui faut l'artiste qui a contemplé et médité la beauté des Samothraces pour comprendre cette beauté qui porte le bonheur divin et qui est pour le sculpteur qui l'apperçoit l'inspiratrice» (13 avril).
•«Ai-je pris un peu de ce mystère (ombre) pour mes sculptures sans cela trop banales» (17 juin).
•«La décoration de ces églises a été faite par les siècles comme leur musique anonyme et dont la grandeur peut attendre la mort des modes pour replacer le goût dans son trône éternel. Les pissotières ne remplaceront jamais les églises. [...] Les sons de l'orgue on dirait ont modelé cette église» (13-14 décembre).
•«Est-ce Chambord est-ce la Loire cette église romane en a la même lumière douce et graduée la lumière est prise dans un cercle et s'élargit vers la nef, où elle blanchit jusqu'à la porte ouverte» (16 décembre). Etc.

•Dessins au crayon (2 à la plume) :
chapiteau gothique, profil de moulure, clef de voûte, porches romans, corniches, moulures, clocher, porche de Beaugency, gargouilles de Blois, choeur d'église, ange, base de colonne, etc.

▬ PROVENANCE :
• Bibliothèque du Docteur Lucien-Graux (VIII, 11-12 décembre 1958, partie du n° 280).
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