MAILLOL ARISTIDE (1861 - 1944) - L.A.S. «Aristide», [Marly-le-Roi 15 septembre 1910], à son neveu. Gaspard MAILLOL (1880-1945) à Vacquiers, domaine du Pourrat (Haute-Garonne) ; 7 pages in-8 à l'encre violette (légères fentes et taches),...
Estimation :
800 - 1 000 €
Adjudication :
1 300 €
Description
enveloppe (timbre découpé).
♦ Très belle lettre de conseils à son jeune neveu peintre.
«Tes tableaux sont reçus au salon d'automne, et tout à fait à ton honneur». Il explique que, membre du jury de peinture, il n'a pu y aller le dimanche, mais seulement le lundi, et aucun de ceux à qui il avait recommandé son neveu n'était venu: «Alors je suis resté toute la journée pour revoir les tableaux et dessins qui étaient pour la révision. Quel n'est pas mon étonnement de ne pas voir tes tableaux.
Je demande alors au pointeur de regarder si tu étais aux reçus, tu étais en effet reçu.
Tu n'as donc eu besoin de personne pour te recevoir. Tes tableaux sont passés du premier coup. J'en ai été très content». Il n'a envoyé pour lui que deux tableaux, et va demander une bonne place». Il rapporte l'opinion de ses amis Maurice DENIS, K.X. ROUSSEL et MATISSE sur les tableaux de Gaspard :
«Je suis aussi de leur avis [...] Il y a un talent à développer. Il faut de l'étude sérieuse. Tes tableaux sont moins bien dessinés que ceux d'il y a 3 ans. C'est moins vrai. Cela manque d'étude directe. Mais tu as gagné d'après Denis et Matisse sur les compositions. C'est bien composé. Il y a trop de naïvetés, des lourdeurs effrayantes qui font rire. On dirait que tu n'as jamais vu d'arbres ni de maisons [...] tout cela est ridicule, un peu trop ridicule »
... Il conseille à Gaspard de louer ses propriétés, plutôt que de les vendre, «mais il faut que tu t'arranges pour venir à Paris sinon tu es foutu. C'est le meilleur moyen de t'en tirer [...] Tu gagneras ta vie sitôt que tu seras connu»
... Puis il critique le projet d'un album d'aquarelles: «on ne fait pas de préface pour un album d'aquarelles et puis on n'a jamais vu d'album d'aquarelles. Il faudrait donc que tu fasses des lithographies - et encore pourquoi une préface - as-tu donc si besoin qu'on te glorifie - cela est ridicule. Travaille mon ami travaille on fera ton éloge si tu as des qualités mais ne t'en occupe pas - sois indifférent au succès il viendra si tu ne le cherches pas et si tu le cherches tu risques fort de ne jamais le trouver.
En attendant, dessine des pieds des mains des arbres des maisons - cela t'apprendra la forme de tout ce que tu ne connais pas. Ici en 15 jours tu feras plus de progrès que dans 20 ans en province»...
♦ Très belle lettre de conseils à son jeune neveu peintre.
«Tes tableaux sont reçus au salon d'automne, et tout à fait à ton honneur». Il explique que, membre du jury de peinture, il n'a pu y aller le dimanche, mais seulement le lundi, et aucun de ceux à qui il avait recommandé son neveu n'était venu: «Alors je suis resté toute la journée pour revoir les tableaux et dessins qui étaient pour la révision. Quel n'est pas mon étonnement de ne pas voir tes tableaux.
Je demande alors au pointeur de regarder si tu étais aux reçus, tu étais en effet reçu.
Tu n'as donc eu besoin de personne pour te recevoir. Tes tableaux sont passés du premier coup. J'en ai été très content». Il n'a envoyé pour lui que deux tableaux, et va demander une bonne place». Il rapporte l'opinion de ses amis Maurice DENIS, K.X. ROUSSEL et MATISSE sur les tableaux de Gaspard :
«Je suis aussi de leur avis [...] Il y a un talent à développer. Il faut de l'étude sérieuse. Tes tableaux sont moins bien dessinés que ceux d'il y a 3 ans. C'est moins vrai. Cela manque d'étude directe. Mais tu as gagné d'après Denis et Matisse sur les compositions. C'est bien composé. Il y a trop de naïvetés, des lourdeurs effrayantes qui font rire. On dirait que tu n'as jamais vu d'arbres ni de maisons [...] tout cela est ridicule, un peu trop ridicule »
... Il conseille à Gaspard de louer ses propriétés, plutôt que de les vendre, «mais il faut que tu t'arranges pour venir à Paris sinon tu es foutu. C'est le meilleur moyen de t'en tirer [...] Tu gagneras ta vie sitôt que tu seras connu»
... Puis il critique le projet d'un album d'aquarelles: «on ne fait pas de préface pour un album d'aquarelles et puis on n'a jamais vu d'album d'aquarelles. Il faudrait donc que tu fasses des lithographies - et encore pourquoi une préface - as-tu donc si besoin qu'on te glorifie - cela est ridicule. Travaille mon ami travaille on fera ton éloge si tu as des qualités mais ne t'en occupe pas - sois indifférent au succès il viendra si tu ne le cherches pas et si tu le cherches tu risques fort de ne jamais le trouver.
En attendant, dessine des pieds des mains des arbres des maisons - cela t'apprendra la forme de tout ce que tu ne connais pas. Ici en 15 jours tu feras plus de progrès que dans 20 ans en province»...
