Lot n° 349

Sophie, Comtesse de SÉGUR. L.A., Paris 11 janvier 1870, à sa « chère petite chérie », sa petite-fille, Camille de MALARET, Mme Léon LADUREAU DE BELOT ; 4 pages in-8 à son chiffre couronné (petit deuil).

Estimation : 1 000 / 1 200 €
Adjudication : 1 375 €
Description
SUR L’ASSASSINAT DU JOURNALISTE VICTOR NOIR PAR PIERRE BONAPARTE.

La maladie l’a « réduite à un état d’esclavage », mais elle aborde avec vigueur les nouvelles politiques, à commencer par le refus, par l’Empereur, de la démission de l’Ambassadeur de France en Angleterre, Charles de LA VALETTE.
« Tant pis ! Ce Lavalette vaut bien moins encore que le malheureux Prince Pierre BONAPARTE qui va être jugé comme meurtrier, grâce à ce brigand de ROCHEFORT. Ce dernier avait écrit dans son infâme journal (Le Réveil je crois) des abominations contre ce Prince Pierre à propos d’une histoire de dettes :
le Prince envoie à Rochefort un cartel. Celui-ci, lâche comme tous les coquins ignobles, refuse et lui envoye un ami pour se battre à sa place. Le Prince Pierre se fâche, dit des sottises à l’ami, qui riposte ; ils se querellent, ils se prennent à la gorge, ils se battent ; le Prince reçoit deux soufflets ; il saute sur ses pistolets, en décharge un à bout portant sur le coquin et le tue raide.
Grande rumeur, terreur, cris ; les Bancel, Raspail, Rochefort et Cie crient vengeance, demandent du sang.
L’affaire est communiquée à l’Empereur qui permet l’arrestation de son parent, (ignoble et coupable sans contredit). Tout ce qui est opposition et révolutionnaire va s’emparer de cette histoire bien fâcheuse pour le pauvre Empereur qui venait de faire noblement abnégation de son pouvoir suprême pour calmer les esprits, pour faire taire les ennemis de sa dynastie et de la France et pour nous sauver tous de la révolution socialiste qui nous menaçait. Et tous ces coquins vont comme de coutume, tout faire retomber sur lui »…

Elle est anxieuse pour le compte de sa petite-fille et de son enfant [Camille avait épousé le 14 mai 1868 Léon LADUREAU DE BELOT, sinistre aventurier, dont elle eut un fils Paul, né le 3 mars 1869, mais dont elle se sépara bien vite] :
« Nous espérons que l’enquête sera repoussée, mais si elle ne l’était pas, elle aurait du moins l’avantage de mettre au grand jour les turpitudes de ton abominable mari et les indignités conjugales dont il s’est rendu coupable.
La séparation n’en sera que plus nettement formulée, et ton enfant te sera plus entièrement livré jusqu’à sa majorité.
Mr Chéramy m’a assuré que cela ne ferait pas l’ombre d’un doute. […] Mme de LABÉDOYÈRE s’est brouillée à ton sujet avec ta belle-mère […].
Cette femme s’exprime en termes abominables à ce qu’il paraît sur nous tous et sur ton abandon de ton mari ; personne ne veut plus la voir »…
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