Lot n° 205

Charles BAUDELAIRE. L.A.S. « C.B. » (deux fois), 31 mai 1862, à sa mère Mme AUPICK ; 5 pages et quart in-8, les quatre premières sur un bifeuillet de papier bleu.

Estimation : 4 000 / 5 000 €
Adjudication : Invendu
Description
LONGUE LETTRE À SA MÈRE SUR L’ÉTAT DE SES FINANCES.

Baudelaire accepte l’argent que sa mère compte lui envoyer, et il lui réclame 100 francs de plus d’argent ; mais il ne pourra pas la rembourser rapidement. Il rapportera certainement de l’argent : « je dois considérer cet argent comme ne m’appartenant pas ; il appartient à toi et à d’autres personnes.

Toutes les sommes sur lesquelles je puis compter appartiennent à quelqu’un ». Il promet à sa mère « des explications concluantes ». Il a donné congé à son hôtel. « Je suis moins pauvre en vêtements que tu le crois. Je rapporterai beaucoup de mauvais linge qui sera très bon avec des manchettes et des cols neufs. Je consacrerai 300 fr. au tailleur et au linge. Seulement il faut que je paye comptant. Si ce n’est pas prêt au dernier moment, je ferai envoyer les objets à Honfleur. Je veux avant tout partir. Je ne veux plus entendre parler de maisons de confection, de vêtements tout faits. C’est infâme. – Seulement pour le linge »... Il faut régler les petites dettes, les gages des domestiques, les caisses, le voyage ; faire des comptes, des visites, et notamment à ANCELLE, « cet homme bégayant qui n’a aucun respect pour mon temps ! » – visite qui effraie Baudelaire. Il promet à sa mère des explications : « La disposition de tout mon argent (articles, droits d’auteur de toute sorte) d’ici à trois mois. – Le récit des effroyables dégoûts om je suis tombé. &c… »
Il reproche à sa mère des « phrases terribles, qui m’ont fait penser longuement et tristement. […]
Cette douceur et ce demi-reproche m’ont fait un mal salutaire »… Il espère cependant partir et être à Honfleur pour la Pentecôte…
« Tout ce que j’ai à produire paye mes dettes actuelles d’ici à la fin de l’année, toi comprise, et comprise la soulte. Mais quel chien de métier ! Quant à mon revenu, mangé pour cette année, je suis décidé à le laisser dormir, et à le capitaliser indéfiniment, quand même il n’y aurait plus de Conseil judiciaire. J’ai une peur horrible de la misère. Je veux faire mes 6000 fr. de revenu »...

Correspondance (Pléiade), t. II, p. 247.
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