Lot n° 124

BUFFON GEORGES-LOUIS LECLERC, COMTE DE (1707-1788) - NATURALISTE ET ÉCRIVAIN L.A.S., [fin 1757 ou début 1758], auComte de TRESSAN, à Toul ; 3 pages in-4, adresse avec cachet de cire rouge aux armes (brisé).

Estimation : 2 500 / 3 000
Adjudication : 10 400 €
Description
Signed autograph letter [end of 1757 or beginning 1758], addressed to the Count of TRESSAN in Toul ; 3 pages in-4.

Intéressante lettre inédite sur Diderot, d'Alembert, l'Encyclopédie et la polémique des Cacouacs, et sur la succession de Réaumur.

Il regrette de ne pouvoir lui écrire plus souvent et longuement. «Occupé d'affaires, de tracasseries même au sujet des arrangements d'académie et de cabinets, pressé d'ailleurs de finir pour retourner à Montbard où je voudrais être et où on se lasse de m'attendre. [...]
Nous déménageons les cabinets Réaumur à grand force et il y en a deja plus de la moitié icy ; le Cadet Daubenton en est profondément occupé du matin au soir».
Les formalités juridiques l'ont beaucoup accaparé. «Vous savez qu'on a mis obstacle à ce que DIDEROT entre à l'Académie, mais ce que vous ne savez peut-être pas [...] c'est que D'ALEMBERT est brouillé avec DUCLOS. Tous les gens qui aiment le bien des choses ont blâmé d'Alembert d'avoir quitté l'encyclopédie, [...] je l'ai exhorté de mon mieux pour l'engager à reprendre, il n'entend point raison et m'a paru très decidé à n'en rien faire ; Diderot se conduit on ne peut mieux dans cette circonstance, quoique mécontent de d'Alembert il continue de le voir, il voudroit même le raccommoder avec Duclos mais tout cela est difficile et je crois que cela finira par tacher de remplacer d'Alembert qui s'est fait des ennemis de gayeté de coeur». Puis il évoque la polémique anti-philosophes :
«Je n'ai pas lu les Cacouacs quoiqu'on m'ait dit que j'y étois - si d'Alembert eut pris le même parti de ne pas lire les critiques il n'auroit pas quitté dans un temps surtout où ses ennemis en triomphent»...
Au sujet de la distribution des fonds que RÉAUMUR avait légués par testament à l'Académie des Sciences, «rien n'a été fait [...].
Le ministre veut attendre que l'année soit révolue»...Buffon remercie Tressan pour son envoi : «la caisse ne contenait que des cones d'épiceas, mais en revanche le sac étoit bien gros et bien rempli de bonnes graines épluchées de vrai sapin».

Quant à sa proposition d'envoi de foetus, il en a déjà à disposition, «et meme une suitte de foetus de tous les ages. Mr Daubenton vous enverra au premier jour des yeux d'émail, un cameleon quelques papillons & un casque avec quelqu'autres drogues».

Il termine en déplorant le renvoi de M. dePorte, premier commis des colonies :
«c'etoit l'homme de France qui avoit le plus de capacité dans cette partie»...
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