Lot n° 66
Sélection Bibliorare

VALÉRY PAUL (1871-1945) - CORRESPONDANCE à sa fille Agathe, 1906-1945 ; 164 lettres ou poèmes, la plupart L.A.S., dont 44 cartes postales, 3 lettres avec dessin, 11 lettres dactylographiées, une lettre dictée, une photo dédicacée, et...

Estimation : 40 000 / 50 000
Adjudication : 48 100 €
Description
dessins joints (plus 2 lettres jointes d'Agathe Valéry à son père) ;
environ 270 pages formats divers, adresses et enveloppes (quelques documents joints).

CORRESPONDANCE TO HIS DAUGHTER AGATHE, 1906-1945 ;
164 letters or poems, mostly signed autograph letters, including 44 postcards,
3 letters with drawings,
11 typed letters,
a dictated letter,
a photograph with dedication and attached drawings (in addition 2 letters by Agathe to her father) ; approximately 270 pages in various formats, addresses and envelopes (a few documents attached); attached 14 letters to his son-in-law Paul ROUART, mostly signed autograph letters (including 3 postcards, a typed letter, one fixed with tape, approximately 20 pp.), 1926-1932 and some not dated, including a letter written from Polynesia when Agathe had her hair cut.
Attached 6 photographs representing Paul Valéry, including 2 with the little Agathe, and one with his children Claude and Agathe ; a drawing by Georges d'ESPAGNAT representing the little Agathe reading (graphite and colored pencils, 12,5 x 14,5 cm, slightly damaged) ; a postcard by Paul VALÉRY to his mother Mme Valéry de Grassi ; one signed autograph letter, to his cousin Pauline Sperati about Agathe's baptism ; one signed autograph letter to André GIDE (1907) when Agathe was sick (a bit tarnished); 2 signed autograph letters to Charlotte LECOQ (1918 et 1926).

EXPOSITION Paul Valéry, Bibliothèque nationale, 1956 (nos 212, 214, 219, 221, 224, 226).

► Très belle correspondance inédite à sa fille Agathe, pleine d'affection et de fantaisie, avec des poèmes et des dessins, qui va de la naissance d'Agathe jusqu'à la mort du poète.
Nous ne pouvons donner ici qu'un aperçu, à travers quelques citations, de ces lettres de toute une vie d'un père à sa fille aimée, alliance sans pareille d'humour et de tendresse, où Agathe devient la confidente des ouvrages en cours, de la vie épuisante du conférencier, des soucis financiers, des voyages et charges officielles, etc.

La première lettre, adressée par Valéry à sa mère, relate dans le détail l'accouchement de Jeannie et la naissance, le 7 mars 1906, d'«Agathe-Anne-Julie-Paule» qui à 9h20 «sortait une grosse tête et dès le bec hors de la gousse, hurlait comme un canard - je croyais être à la campagne près d'une familière mare.
Elle est très jolie, de l'avis général, et quoique père je suis de cet avis.
D'ailleurs elle me ressemble - c'est tout dire. Si tu la voyais dans son moïse - elle est charmante elle n'a pas du tout l'air d'un vieux savant.
Et dès la naissance elle avait l'air éveillé comme un petit coq. Elle faisait semblant de regarder tout le monde et son père - et elle m'attrappait le doigt très gentiment.
[...] Elle a l'oreille de son père - et les yeux à poches qui me distinguent et le nez petit à gros trous triangulaires»...
Il signe
«Papette Bipère».

Dessin original à la plume pour le faire-part de naissance représentant Agathe dans son berceau (12,2 x 8 cm), avec le faire-part gravé.

Valéry appelle Agathe :
«Ma chère fillette», «Mon petit Gathon» ou Gathou,
«Mon vieux petit Croûton», «Ma petite Guigui»,
«Ma chère Crouste», «Ma chère Croûte»,
«Ma chère petite porte-fesse», «bécasse de Cacatière»,
«Ma chère Gathe» ou Gat, «Ma chère petitoune»,
«Ma petite bécasse», «Ma chère Toutoune»,
«Ma chère Fondue», «Ma chère cocotte»,
«Ma petite Cacahouette d'un sou»,
«Ma petite Pallotina di Polastro», «Ma chère andouille»,
«Ma petite bouboute bombichon garni maison»,
«Ma grosse Toutoute», «Mon vieux Coucou-à-la-fille»,
«Ma grosse Crousticoujoun», «Ma grosse cocotte n° 1»,
«Mon petit croûton», «Ma chère Croucroute et Cie»,
«Ma chère Cocotte à la coque», etc.
Il signe, outre le traditionnel
«Papa» (ou «Pap.»),
et
«Valéry père» ou PV (ou un paraphe), de nombreux noms de fantaisie :
«Ton père De Claques», «Merlin»,
«Pip», «P.p.», «Le Directeur»,
«Ambroise», «Toussaint»,
«IlL.M.o Conte degli Immerdatori di Famiglia»,
«Emmanuel-Charlot Le Luc Endives, aspirant grand père»,
«Le Papegeai des Gambes», etc.

Poèmes. Une «Fable. Le Gathon et les cerises», où Valéry s'amuse à mettre en scène ses deux enfants Claude et Agathe :
«Maître Cloclo pour le Mesnil partant
Avait songe par profondes titise
Où bien cacher ses confites cerises
Maître Gathon qui n'est jamais content
Quelque festin que le destin lui donne,
Flaire un régal qui s'abandonne»...

Un autre, Guignol, pour une séance de marionnettes, est accompagné d'une épreuve annotée de l'eau-forte conçue par Valéry pour le carton d'invitation :
«Invariablement, Guignol ! /
C'est Moi /
Sur le rebord extraordinaire »...

Poème dactylographié pour l'anniversaire d'Agathe (7 mars 1919, 3 quatrains) :
«Cran, cran, cran, voici bien treize ans /
Chère Agathe que vous naquîtes»...

A ma fille, sizain :
«Vous n'aurez qu'une fois seize ans, /
Profitez-en, profitez-en»...

Amusant sizain pour ses «filles fifilles» (Agathe et sa fille Martine) :
«Picotte, Cocotte, Martine, Tartine, /
Agathe, Frégate, Toutoune, Croûton !»...

On relève, en outre, le brouillon d'un projet de
«Lettre à un enfant» ou à «Monsieur Lepapa» :
«Vous voulez bien me demander ce qu'il faut faire faire "pour donner à votre enfant le sens et le goût de la poésie".
Rien de plus simple. Ne faites rien. Les enfants ont leur poésie parfaitement - qui est leurs jeux. [...]
La poésie, qu'est-ce que c'est. C'est la préférence. Préférer c'est créer ce qui vous plaît»...

Une lettre à sa femme («Mon petit nigaud»), séjournant au château du Mesnil (près Gargenville) avec Agathe, en 1909 ou 1910, évoque son travail :
«Je travaille assez, mais pour trouver l'impuissance. Certains problèmes sont désespérants pour qui a la manie de la précision et s'est donné pour tâcher de la mettre là où elle ne peut, par définition, s'introduire»...

Il parle aussi de GIDE :
«Le démon de la littérature l'agite. Il a l'air de s'arracher le cerveau sur mille affaires dont - hélas ! - je ne donnerais pas 2 sous. Il est toujours assiégé par les Allemands qui le lisent, le traduisent, le comprennent - le rendent plus cabotin»...

Il envoie à sa Gathon «une poupée du cre d'orge»...

Une autre lettre, après une blessure d'Agathe, interdit au petit Claude de toucher à la voiture et à la balançoire ;
il raconte un dîner chez les Bonniot avec Mme Mallarmé.

43 cartes postales illustrées sont envoyées lors de ses voyages (une au dos de sa silhouette découpée) :
Gênes, Port-en-Bessin, Florence, Granville, château de l'Isle Manière (près Avranches), château de Pontaubault (Manche), Capbreton, Zurich, Menton, Tolède, Vence, Bénerville, la Graulet (prèsde Bergerac, chez Catherine Pozzi), Londres, Milan, Bruxelles, Libourne, Blois, Rome, Marseille, Nice, Salzburg, Copenhague (carte cosignée par Niels BOHR), etc.

─[1911]. Il imagine une lettre écrite et signée par le nounours «Henri Badou 1er prix de témoignage» à sa «chère petite maman Agate» : «Ton papa m'apprend à écrire et à compter.
1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 0. Des fois, j'ai eu peur, la nuit. Il y a eu des gros ton nerres, et des gouttes sont entrées, tac tac sur le plancher. Et puis le phonographe Madame de Salles, qui criait des chansons épouvantables. Alors je me suis caché derrière ton âne, et j'ai vu le Pape de Claude et sa Jeanne d'Arc qui avaient peur aussi. Ils sont montés sur le bateau et puis sur la grue électrique»...
─ [1911], racontant un séjour à la mer :
«Si tu voyais les choses de la plage, les vagues, le sable, les pelles, les filets, et toutes les petites bêtes qu'on trouve, les coquillettes, les tout petits poissons, les tout petits crabes qui courent et les herbes de la mer [...] Quand on se baigne, on va se déshabiller dans une petite maison de bois et puis on descend vers l'eau. On voit des messieurs et des dames qui sont très drôles. Il y a des messieurs très gros qui ont des jambes comme des marronniers et des bras comme des jambons. Ils sont noués à la taille par des beaux rubans rouges, et quand ils entrent dans la mer, ils font grand bruit et grande écume. Les dames mettent de petits bonnets en caoutchouc où elles enferment tous leurs cheveux. Il y en a qui crient en entrant dans l'eau, et alors les gros messieurs les attrapent et les trempent comme des mouillettes dans un oeuf»...
─ [21 juillet 1912].
«Mon vieux petit Croûton, Je voudrais bien te voir avec Solange dans les bocages du Mesnil. Mais une grosse mouche toute poilue qui est venue par ma fenêtre m'a dit, en faisant ron-ron, que parfois on se giffle avec la petite amie. Cela est moins gentil, quoique parfois nécessaire. Je t'embrasse bien et je te pince très fort. Embrasse pour moi Tourde-Langue et Mal-Assis, et puis aussi Solangine.
Ton père De Claques».
─ Une autre (1913), dactylographiée, et signée «Ibichisupipi», donne à Agathe des nouvelles de son ours Badou.
─ [Été 1916], nouvelles de la famille, notamment des frères Claude et François (né le 17 juillet) :
«Ici on a bien chaud. Badou grille et sent le rôti. Nonne [Mme Valéry mère] a chaud. Moune [Jeannie Valéry] a chaud, et chaud j'ai. Quant à Petit Rousseau, il dort généralement. Mais depuis ses 15 jours c'est une grande personne qui commence à regarder son Père. Son Père lui a donné déjà au moins mille noms, et quelques secs, durs, verts. Puis il a eu ses notes de quinzaine. 9 sur 10 de tétise (tétise des commençants bien entendu ; il ne pourrait pas composer avec Claude, soyez donc raisonnable, madame).
Il a eu un 3 d'intelligence, un 5 de risette. Il a été dernier en bain la première fois, et premier la seconde fois. Il n'a rien dit dans l'eau et y semblait heureux. Il fait ses traductions de lolo en crocrotte, assez bellement.
Il n'aura pas le Tableau d'Horreur»...
─ [12 avril 1918] : «Je te remercie de tes lettres et de tes peinturlures. Le paysage n'est pas encore ton fort. D'ailleurs, c'est un art secondaire.
La figure, la composition avant tout, et le style avant la nature, voilà l'Évangile. La couleur est un agrément du diable»...
─ [Été 1918], récit du voyage avec Édouard Lebey pour le château de l'Isle-Manière près d'Avranches ; description de sa chambre dite du «petit pêcheur» ; dessin commenté de son majestueux pot de chambre...
- Inquiétudes sur la fin de la guerre :
«Je ne vois pas quand finiront ces convulsions ni comment. Personne n'en sait rien. Dieu a donné sa langue aux chats et le diable, nouveau riche, n'est pas pressé d'en finir.
On dit que Clémenceau va se marier avec Jeanne d'Arc. Mais ils attendent que les draps de lit et les serviettes soient moins chers. On dit que Napoléon a fait une scène à Haig.
On dit aussi que Judas est élu président du Soviet, à l'unanimité. Mais tout cela, ce sont des bruits et des rumeurs. Ce qu'il y a de certain c'est que le Pape vient de s'engager dans la Légion étrangère.
Les enfants de Marie lui font un masque tout doré contre les gaz»...
─ Vendredi [1918].
Il lit Calderon, qui vaut Shakespeare... «Il est vrai que pour toi tous ces inconnus sont égaux. Je t'engage à travailler. Tu n'es pas sans en avoir besoin. N'attends pas que le besoin se fasse sentir. Tu fais des fautes qui commencent à être assez ridicules. [...] Renonçons à ces petites ordures grammaticales.
[...] Soyez chics, très bien, mais de toutes parts. Il y en a qui ont les pieds propres et les idées vaseuses. Je préfère l'inverse»...
─ [1919 ?]
«Sais-tu que j'ai refusé de dîner ce soir dans l'intimité avec la reine de Roumanie ! Je refuse de dîner avec Majestés !
La délicieuse et intelligentissime Princesse Stouzo m'a écrit hier soir pour ce dîner "intime !" au Ritz. Mais j'attends 2 raseurs ce soir, et de plus je n'ai pas de boutons royaux de plastron»...
Suit une lettre fantaisiste au cher Boucarou :
«Il y avait une fois une mouche sur le bout de mon nez. Et elle chantait une petite chanson toute petite, avec des petites paroles et un petit air. Alors je ne l'entendais pas assez bien, et elle est partie, et elle [est] revenue se mettre sur le bord de mon oreille. Et là je l'entendais très bien. Elle chantait : Bizi, Bizi, Bïnbizi de la bourricoute, Bizi, Bizi, tant pis pour lui, Boucarou de la Boucaroude, tant pis pour toi si tu m'écoutes, Bizi, Bizi, Bïnbizi ! Je suis la très méchante mouche»...
─ Vendredi [avril 1922], séjour à Vence [chez Catherine Pozzi] : belle description de la vue du Baou Blancs autour de Vence, où il corrige les épreuves de Charmes : «je crois que ce sera tres bien. C'est d'un 17me un peu éhonté. Tous ces bois anciens, culs de lampe, etc. et les beaux caractères - cela fait classique»...
─ [Octobre 1922], voyage à Londres pour inaugurer une plaque en l'honneur de Verlaine et faire une causerie sur «Poésie et Langage» chez Lady Colefax : «Qu'est-ce que tu veux ! Il faut vivre !» Et il signe : «Papa Commis voyageur en crachats, salive».
─ [Aout 1923], séjour en Auvergne au château de Chazeron, promenade à Châtel-Guyon... «Vous vous moquez de votre Père - ce qui est assez dans votre nature, mais qui n'est point de son goust. Il n'est pas dans l'ordre que votre illustre Auteur vous doive de vous écrire le premier ains c'est à vous mademoiselle ma fille, qu'il appartenait de me rendre vos devoirs. [...] souffrez que je vous donne la battue, la fessée majeure, et la pincée jusqu'au noir, vous estimant heureuse que ne vous fasse jeter aux carpes du vivier par mes valets et aultres pourboiromanes»... [1924 ?], visite à l'Aquarium de Monaco : «Affreuses et élégantes murènes, qui sont des serpents à museau pointu, couleur jaune et tachetés, dont la nage est d'une souplesse et d'un dangereux extraordinaires. Leur chair est empoisonnée (dit la notice), leur morsure est envenimée - et cependant on les mange.
Il y a des êtres paradoxaux et fols comme les limules qui sont une casserole en émail verdâtre avec la queue, sous laquelle un vague crabe semble collé. La casserole est dix fois trop grande pour le crabe y adjacent.
Les mâles se reconnaissent à ceci qu'ils se font tirer la casserole par les femelles. Il y a des araignées très horribles qui grouillent, des soles qui se dégagent du sable auquel elles se confondaient. Un poulpe qui dormait et de gros poissons avec des yeux comme les tiens qui venaient me regarder en face à travers le cristal»... Il envoie deux dessins de poissons à l'encre de Chine. [20 fevrier 1924], conférence à Monaco, et séjour au palais.
─ [Début 1925], séjour à la Polynesie sur la presqu'île de Giens chez la comtesse Béhague... Une lettre est ornée d'une aquarelle représentant la fenêtre de sa chambre avec vue sur la mer...
«À 20 ans j'étais déjà célèbre. À 21 j'étais inconnu. À 25, un type, un bizarre ; à 28 un P.C. de 1800 frs ; à 30, un époux bureaucrate ; à 40 un père de famille à patron ; à 50, un poète hermétique ; - à 54 l'homme du monde et éminent essayiste et académicien, successeur de France, double de Jean Aicard, tout, quoi ! - À 90 ans il entra dans les ordres et fut canonisé par Chocolat VIII en 1987 (environ). Sa momie est conservée au Palais de Monaco à côté du bocal où flotte un gros veau marin cru Lefèvre, selon la légende. Mais de cette momie miraculeuse un doigt de pied est à Cette - Église St Louis. Un tibia à Batia. Les boyaux à Montpellier au Musée Fabre. Voir les guides et le Michelin. Toute la famille et la descendance sont dispensées de faire maigre le dimanche, et caca les veilles de fête»...
─ En 1927, Agathe se marie (carte de faire-part des fiançailles jointe) et devient Mme Paul ROUART. 1er mai 1927, il fait suivre une lettre de Florence Blumenthal. La Polynesie [juin 1929], visite du yacht le Tenax de Mme Béhague, «le comble du confortable contenu dans une coque sévère et trapue d'ancien militaire. 11 noeuds seulement. Mais ceci suffisant pour croisières. [...] Je peins des nudités. C'est plus facile que les fleurs et pots. D'ailleurs les fleurs m'embêtent. Tout le monde sait ça. J'ai fait un Narcisse (naturellement) avec une grosse lune orangée qui lui éclaire le dos. Il est couleurs de dragée. Très zoli. J'ai fait une Ève au Serpent qui est un amour»...
─ Une lettre est illustrée d'un dessin à la plume du yacht.
─ [3 septembre 1929], à Rome, visite de la Bibliothèque Vaticane.
─ [Novembre 1929], audition d'Amphion chez Ida Rubinstein.
─ [Nice 24.VII.1933], amusante lettre agrémentée de vers de mirliton contant les cérémonies d'ouverture du Centre méditerranéen, signée : «Comte Salloppier de Saint Luc (et autres lieux) Père de recalé, Mangeur d'honneur des Palaces de la côte Fournisseur de S.S.».
─ [Marseille 16.III.1932], tournée de conférences à Avignon, Lyon, Grenoble ; visite de l'aéroport de Lyon qui l'impressionne.
─ Florence [23.V.1933], conférence devant la Princesse de Piémont ; dîner à sa droite...
─ Nice 1934, installation à l'Hôtel Ruhl, avec dessin à la plume de la vue sur la mer et le Mont Boron.
─ [Août 1935], sur sa petite-fille Martine (née le 2 janvier)...
«Mes garçons ne pensent pas assez que j'ai l'âge où ils me devraient supporter. On va sur les 64. C'est un chiffre. Tout le le dit, excepté
1° ces messieurs ;
2° mon sentiment que je n'ai encore rien fait»...
─ Munich [7.XI.1936], conférence à Munich, visite de Pinacothèque...
─ [Marseille 20.V.1938], il fait une cantate [Cantate du Narcisse] avec Germaine Tailleferre.
─ [Genève 18.VII.1939], conférences à la Société des Nations, «dans cette vaste salle de l'immense bâtisse - où il y a ça et là des W.C. admirables, incomparables»...
─ [Mai 1940], inquiétudes sur la guerre : «Cet Hitler commence à me faire mal au thermomètre »...
─ 1942, séjours au château de Montrozier (Aveyron) chez Robert de Billy...
─ 30 juin 1943, photo dédicacée : «à ma petite Agathe son auteur peut-être favori Paul Valéry». Jeudi, lettre écrite par-dessus un dessin Narcisse, détaillant l'arrivée d'une caisse de victuailles envoyée par la Roumanie.
─ [Avril 1944]. «Impossible de rien faire. C'est le vide mental absolu. Une nouveauté sinistre dans mon histoire. [...] D'autre part, le pauvre Faust [Mon Faust] est là. J'ai rouvert son énorme dossier [...] cette pièce ne se dégage pas. Elle ne peut se défaire de son vice initial - qui est d'avoir été entrepris sans but déterminé
- et d'avoir vécu de réplique en réplique»...
D'autres lettres parlent de son travail sur Mon Faust.
─ [1er aout 1944], il raconte la lecture Mon Faust chez Jean Voilier.
─ Dimanche [27 aout 1944], sur la libération de Paris : «Tu aurais joui, entr'autres choses, du siège du réservoir, avec reddition des boches, qui sont descendus, les mains à la nuque croisées, sous les huées et les injures, ce qui était de trop, dans l'avenue comblée de chars Leclerc.
Les maisons de l'avenue sont criblées, car il y a à présent des gens invisibles qui tirent tout à coup des toits. [...]. Alors interviennent les soi-disant défenseurs qui arrosent les façades de jets de mitrailleuse et de mitraillettes»...Récit du défilé de la victoire, auquel il assiste des balcons du Figaro avec son fils François, fusillades...
─ [13 juin 1945], dernière lettre à Agathe, dictée à sa femme avant sa première hémorragie :
«Je n'en puis plus de n'exister que par gênes, souffrances, et remèdes plus ou moins désagréables auxquels, d'ailleurs, je ne crois pas»...
▬ ON JOINT
• 14 lettres à son gendre Paul ROUART, la plupart L.A.S. (dont 3 cartes postales, une lettre dactyl., une réparée au scotch, environ 20 p.), 1926-1932 et s.d., dont nous citerons cet extrait d'une lettre écrite de la Polynésie, quand Agathe s'est fait couper les cheveux : «elle s'est fait rogner les tifs ?
- Je la déshérite. J'espère du moins qu'elle l'a fait comme j'aime que ce soit fait. Pas de Jeanne d'Arc, mais razibus comme toi et moi. C'est beaucoup plus joli que le genre couvre oreilles. Les femmes sont folles - car d'ici peu nous arriverons à la dame chauve. Tu vois ça ! Des seins et un genou ! Enfin... c'est bien le Crépuscule des Dames ! Damerdammerung !»...
▬ On joint aussi
• 6 photographies représentant Paul Valéry, dont 2 avec la petite Agathe, et une avec ses enfants Claude et Agathe ;
• un dessin de Georges d'ESPAGNAT représentant la petite Agathe lisant (mine de plomb et crayon de couleurs, 12,5 x 14,5 cm, accident) ;
plus
• une carte postale a.s. de Paul VALÉRY à sa mère Mme Valéry de Grassi ;
• une L.A.S. à sa cousine Pauline Sperati au sujet du baptême d'Agathe, dont elle est la marraine ;
• une L.A.S. à André Gide (1907) lors d'une maladie d'Agathe (lettre un peu passée) ; et
• 2 L.A.S. à la bonne Charlotte LECOQ (1918 et 1926).

▬ EXPOSITION
• Paul Valery, Bibliothèque nationale, 1956 (nos 212, 214, 219, 221, 224, 226).
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