Lot n° 62

COCTEAU JEAN (1889 - 1963) - 67 LETTRES AUTOGRAPHES SIGNÉES À André PARINAUD.Paris, Milly la Foret, Saint JeanCap Ferrat, 1950 à 1962.

Estimation : 12 000 / 15 000
Adjudication : 14 300 €
Description
67 lettres autographes signées au journaliste André Parinaud, spécialiste des entretiens notamment ceux avec André Breton.

67 SIGNED AUTOGRAPH LETTERS TO ANDRE PARINAUD. PARIS, MILLY LA FORÊT, SAINT JEAN CAP FERRAT, 1950 TO 1962.
Autograph letters addressed to the journalist André Parinaud, who interviewed André Breton.

Quelques lettres sont sur le papier à entête de la villa «Santosospir» de Madame Weisweiller, figurent également 4 télégrammes et 3 photographies de Jean Cocteau.La correspondance est intense et intime, le ton est emporté souvent agressif.

On y découvre un écrivain humain voir modeste bien éloigné de la vie parisienne :
«Je vivrais loin des lettres en équilibre sur des planches».
Il propose de mettre en exergue la phrase :
«Il est bien difficile de parler de n'importe quoi avec n'importe qui...».
«Est ce que tu te rends compte que Radiguet n'est pas cité, vivement la bombe atomique».
«Je tâcherai de vous écrire un texte, ensuite j'irai à Patmos où je mangerai tous mes textes».

Il travaille à la réalisation de la chapelle Villefranche et à celle de la mairie de Menton.
Il se plaint d'une étude qu'il vient de sortir :

«Un livre sur ma personne et sur mon œuvre qui les déforment l'une et l'autre en Angleterre et en Amérique, m'avait donné un dégoût de l'encre et le désir de mettre la mienne à dormir dans ma cave.
La chapelle Saint-Pierre que je croyais une vieille clocharde, dormant sous les filets de pêche et la poussière se trouve être une fois remise à neuf, une merveilleuse Romane».
Sur Bunuel et leurs différents :

«Le style dépasse les styles. Le recul supprime les obstacles d'école et il arrive qu'on confonde nos fiL.M.s, qu'on m'attribue «Le Chien andalou» et qu'on attribue à Bunuel «Le Sang d'un poète».

Sur un article tronqué dans la revue Arts :
«Mais la suppression des premiers paragraphes dans lequel le message se fonde, ruine toute ma thèse de la transcendance de l'individu par le moi interne dont nous ne sommes que la main-d'œuvre... sans cela je bavarde et je ne bavarde jamais».

Au sujet de la publication de sa monographie :
«La conspiration du silence est la grande arme des époques bruyantes».

Lettre violente suite à la publication d'une ode d'Audiberti :
«Il faudra bien que les premiers deviennent les premiers et qu'un événement considérable des lettres ne te dégrade pas dans la honte de mensonges, de fausses visites et de fausses preuves d'amour».

Il assume son élection à l'Académie :

«La gauche et droite gauchère étant devenues la mode, je suis entré à l'Académie comme jadis, lorsque la mode était de droite je me suis fait communiste. Question de fraîcheur et de solitude».

Publication dans la gazette de Lausanne :
«Pomerand ajoutera quelques aphorismes neufs.
Cette interview est de sa part une manière de chef d'œuvre du genre».

Réponse sur l'événement du 28 mai 1956.
Pierre Seghers et André Parinaud avaient organisé La nuit de la poésie au Théâtre du Chatelet.
«Les lettristes insultent votre entreprise (non sans raison) et veulent le prix qui en résulte».

Dans un télégramme en 1957 :
«Pourquoi demander dur travail pour publier tissu de fautes. Jean Cocteau».

Le 18 juin 1958, il donne son «adieu définitif»...
«Je rechute encore comme on dit. Les microbes se plaisent en ma personne».

L'on découvre dans cette franche correspondance un Jean Cocteau beaucoup moins lisse qu'il n'y paraît.
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