Lot n° 162

Charles NODIER

Estimation : 500 / 600
Adjudication : 550 €
Description
(1780-1844). L.A.S., 24 juin 1839, [à M. Millot] ; 2 pages et demie in-4 (petites fentes réparées). Consultation philologique sur le mot Marchandise. Nodier a été interrogé par M. Millot, au nom des administrateurs des Messageries Françaises, sur le sens de ce mot, pour savoir s’il désigne le trafic, le négoce, la chose commerciale en elle-même, ou « seulement la matière, ou les objets sur lesquels s’exerce la spéculation ». Cette réponse de Nodier, ainsi qu’une seconde, avec les lettres de Millot, a été publiée en plaquette : Consultation grammaticale sur le mot Marchandise (Paris, Maulde et Renoult, 1839). Nodier, « de l’Académie française », répond : « Quoique mes opinions personnelles n’ayent d’autorité que sous la sanction de l’Académie, je me livre volontiers à l’examen de la question que vous m’avez fait l’honneur de me soumettre, parce qu’elle ne présente pas à mon avis la moindre difficulté essentielle. L’ancienne acception du mot marchandise dans la langue françoise est celle qu’on représente plus généralement aujourd’hui par le mot commerce, mais l’acception primitive subsiste. Marchandise signifie aussi la denrée, la matière ou l’objet d’exploitation sur lesquels se fondent les divers genres de marchandise ou de commerce »... Nodier s’oppose aux dictionnaires de Nicot, Monet, Richelet, Trévoux, et même de l’Académie, en arguant que la terminaison en ise prouve l’antériorité de la première acception… « On a quelquefois reproché au style du Palais de pécher par l’archaïsme, c’est-à-dire par sa fidélité aux acceptions anciennes. C’est le plus grand éloge qu’on puisse en faire. Si le texte de la loi était sujet aux caprices de l’usage, la loi serait le chaos. Il y a vingt mots qui ont subi dans leur acception de plus grands changements que le mot marchandise, et qui n’en sont pas moins pris en justice dans leur acception originelle. L’opinion des juristes philosophes n’a jamais varié sur ce point »… Il démontre l’identité étymologique des mots marchandise et commerce. Et de conclure : « Que ces deux mots ayent fourni, parmi les déviations d’un long usage, à des acceptions diverses, je suis le premier à le reconnoître ; mais ils n’en restent pas moins indivisibles dans leur acception primitive et dans les termes de la législation. Quand on voudra leur faire signifier autre chose, il faudra déchirer la loi, et en publier une nouvelle »...
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