Lot n° 344

[VOLTAIRE]. Étienne Noël DAMILAVILLE (1723-1768) publiciste, commis aux Finances, ami des Philosophes. L.A.S. « E.D. », 31 juillet 1766, à Voltaire, « mon tres illustre Maître »; 4 pages in-4.{CR} Sur l’arrestation de La Chalotais,...

Estimation : 1 500 / 2 000
Adjudication : 1 600 €
Description
l’exécution du chevalier de La Barre, et l’affaire Sirven.{CR} « Hier ce sont des enfants de 20 ans immolés au fanatisme, à la cupidité et à la jalousie, aujourdhui c’est un vieillard de 65 que la calomnie précipite chargé de fers dans des cachots. L’âge, les talents, les vertus, le mérite, les services rendus, l’estime publique, rien n’y fait, au contraire tout cela excite la rage des méchants et l’homme de bien est proscrit. On dit que le Roi a lu ces mémoires, qui lui ont fait verser des larmes de sang, je ne le crois pas, puisque M. de La Chalotais a été arrêté sur la dénonciation de ses accusateurs […] C’est un bonheur inoui que le mémoire de M. de La Chalotais ait pu percer les murs de sa prison et parvenir jusqu’au public. Il fait une sensation terrible, il n’est personne qui ne pleure sur son sort et j’ose espérer que cet effet pourra le changer. Ô M. de Calonne, où cacherez-vous l’infamie dont votre trahison doit vous couvrir ? qui pourra jamais réparer les outrages et maux que l’homme de bien a souffert ? Quels monstres que les hommes ! »… Il attend « Platon [Diderot] qui va venir diner et conferer avec moi plus particulièrement que nous n’avons pu le faire encore sur l’affaire en question. J’en ai beaucoup causé hier au soir avec Protagore [d’Alembert], personne ne dit non mais cela vaut la peine d’y penser. Platon pense bien comme vous sur la révolution que cela pourrait produire et il est sûr que rien ne seroit plus capable d’accélérer les progrès du bien »…{CR} Il évoque ensuite l’exécution du chevalier de La Barre le 1er juillet pour sacrilège : « Vous avez su l’affreuse tragédie d’Abeville, tout ce qu’il est possible d’avoir, l’annecdote du Cardinal Le Camus est bien singulière et mérite d’être consacrée, son sort et celui de son parent forment un étrange contraste et qu’il ne faudra pas oublier, comme la fatalité se joue des hommes ! »{CR} Puis il en vient à l’affaire Sirven (protestants faussement accusés d’avoir tué leur fille, et en fuite) : « La générosité du Roi de Prusse [Frédéric II] pour Sirven, nous a fait à tous un plaisir bien vif et bien doux. Touttes les ames ne sont donc pas attroces, nous roüons, nous emprisonnons, nous brulons, nous pendons, nous dépouillons les innocens. Les étrangers les secourent ! Nous persecutons le merite et la vertu, ils leurs offrent des aziles. Quelle honte pour la nation et quelle gloire pour eux ! Élie de Beaumont est actuellement occupé à terminer le mémoire de Sirven, il ne le quittera point qu’il ne sera entièrement fini […] Ô Dieux quelle liste de crimes, on passe d’indignation en indignation […] Gemissons, et soyons prudents »…
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