Lot n° 230

Prosper MÉRIMÉE. L.A.S., Paris 26 mai 1854, à un ami [le baron Georges-Napoléon Baude, attaché d’ambassade à Rome ?] ; 4 pages in-8 à en-tête du Sénat (lég. rouss.).{CR} Sur la vente des collections d’art du marquis Campana,...

Estimation : 700 / 800
Adjudication : Invendu
Description
convoitées par la Russie. Ayant rendu visite au marquis Campana, Mérimée confirme qu’il semble désireux de vendre sa collection : « Je me suis apitoyé sur le sort des statuettes étrusques qui iraient se faire geler près du pôle. Il semble avoir peu de goût pour ce voyage, mais il m’a avoué très franchement que la Marquise trouvait à dire qu’il gardât tant d’argent chez lui qui ne lui rapportait rien, et avec lequel on pouvait avoir tant de chevaux, de robes, de diamants, etc. Autant que j’ai pu en juger les propositions du prince Wolkonski [attaché à l’ambassade de Russie à Rome] ne sont encore que très vagues. Le marquis C. partait pour Londres et là il pourra en rencontrer de plus sérieuses. Je crois beaucoup plus à l’argent des Anglais qu’à celui des Russes, et Nicolas a maintenant tant de chats à peigner qu’il me parait invraisemblable qu’il achète d’autres bronzes que des canons ». Il a dit à Fould l’importance de cette collection, mais ce dernier n’a pas un sou, étant « entouré d’artistes mourant de faim et demandant des commandes ; qu’il n’y avait pas apparence de les envoyer tous promener pour acheter des antiquités »… Mérimée a suggéré de « demander un crédit extraordinaire au corps législatif appuyé d’un rapport et d’un catalogue », ou de s’arranger avec le Marquis pour des paiements successifs, ou enfin « que l’Empereur achetât de sa bourse la collection, quitte plus tard à en faire la cession à l’État. M. Fould m’a dit que l’Empereur ne pouvait faire une dépense si considérable en ayant déjà tant à sa charge »... Mais Napoléon III semble tenté, et a fait demander par Fould des renseignements plus précis sur la somme demandée par le marquis, les descriptions détaillées des objets et leur valeur estimée. « Donnez-moi aussi des nouvelles du prince Wolkonski et faites-le assassiner […] s’il persistait dans ses projets d’enlèvement. Le meilleur sans doute serait qu’il achetât et payât, et qu’il envoyât la grenouille par mer. Nous aurions soin de surveiller le départ »… Il termine en évoquant ses envies de voyage et songe à passer un hiver à Rome chez son ami. « Le monde de Paris est devenu un peu plus embêtant qu’il ne l’était avant votre départ »…{CR} Correspondance générale, t. VII, p. 298.
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