Lot n° 327

STENDHAL - Lettre autographe à son beau-frère François Périer-Lagrange, signée De B., datée St Cloud le 23 juillet 1812.

Estimation : 3 000 - 4 000 €
Adjudication : 3 750 €
Description
3 pages in-4 (222 x 182 mm), adresse autographe et marques postales au verso du second feuillet, sous chemise demi-maroquin noir moderne.

►Belle lettre familiale, le jour de son départ pour la Russie, alors en pleine conquête napoléonienne.
Sur le point de quitter la France, Stendhal ne veut pas s'en aller sans avoir remercié son beau-frère de l'amitié vraiment fraternelle que tu as montrée dans l'affaire de la maison. Il regrette que cela n'ait pas eu lieu plus tôt, lorsqu'il avait 20 000 frs. d'appointement, et que le titre de baron n'était pas aussi important: Tu as vu que S.M. récompensait avec ce titre les députés du Dépt. C'est un malheur de presque tout ce qu'on désire dans ce monde d'arriver trop tard... Il n'en est pas moins reconnaissant à son beau-frère et à son ami Félix [Faure] qui a suivi l'affaire, tes fréquentes courses à la campagne m'ont fait penser que l'affaire marcherait plus vite avec Faure...
Stendhal s'apprête à rejoindre l'Empereur en Russie et aurait bien besoin de la superbe santé de son beau-frère: Je vais être 20 jours et 20 nuits sans m'arrêter. J'ai 2 énormes portefeuilles, et 50 paquets particuliers, entr'autres une lettre que S.M. l'Impératrice [Marie-Louise] vient de me remettre en me recommandant de la porter vite à l'Empereur. Au milieu de tout cela je n'ai pas le sou, et quand mes créanciers ne voudront plus me prêter, je retomberai à la sous-préfecture...
Il consacre les dernières lignes de sa lettre à sa famille, félicitant son beau-frère pour les arbres qu'il plante sur son coteau de Thuellin, en Isère: Il n'y a de vraiment beau que les massifs d'arbres assez épais pour isoler entièrement le spectateur. Je critiquerai cela à mon retour de Russie. Il parle ensuite d'un clos appartenant à son père et qu'il a suggéré de boiser: Je ne sais pourquoi j'y prends intérêt, car grâce à mes dettes, je ne sais si j'aurai à moi un pouce de terrain. Mais alors pour mes vieux jours je me mettrai en pension à Thuélin [sic]. Fais-le donc bien joli et continue à rendre ma soeur [Pauline] heureuse. Elle te montrera la route que je vais suivre...

Correspondance générale, éd. V. del Litto, Champion 1998, t. II, n°814.

Petite déchirure par bris de cachet.
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