Lot n° 215

HUGO (Victor) - [La Pente de La Rêverie]. Poème autographe, daté 28 mai 1830.

Estimation : 8 000 - 10 000 €
Adjudication : 10 000 €
Description
6 pages in-4 (235 x 182 mm) sur papier au filigrane J. Whatman. Turkey Mill 1827, sous chemise demi-maroquin noir moderne.
Superbe poème manuscrit tiré des Feuilles d'Automne (1832), que Baudelaire qualifiera de «poème enivrant», l'un des premiers grands poèmes visionnaires de Victor Hugo.
►Très intéressant manuscrit de premier jet, retravaillé ensuite, d'un poème capital.

Il s'agit ici de la plus grande partie (du vers 11 à 144) du célèbre poème La Pente de la Rêverie, peut-être la plus belle pièce du recueil.

Ce manuscrit donne la première pensée complète du poème, tel qu'il fut composé le 28 mai 1830.
Regardant son jardin par la fenêtre après une averse, Hugo se laisse aller à une longue rêverie et fait défiler devant lui toute l'histoire passée de l'humanité: [...]
Je regardais au loin les arbres et les fleurs.
Le soleil se jouait sur la pelouse verte
Dans les gouttes de pluie, et ma fenêtre ouverte
Apportait du jardin à mon esprit heureux
Un bruit d'enfants joueurs et d'oiseaux amoureux... [...]
Alors, dans mon esprit, je vis autour de moi
Mes amis, non confus, mais tels que je les voi[sic]
Quand ils viennent le soir, troupe grave et fidèle, Vous avec vos pinceaux dont la pointe étincelle, Vous, laissant échapper vos vers au vol ardent, Et nous tous écoutant en cercle, ou regardant.
Ils étaient bien là tous, je voyais leurs visages, Tous, même les absents qui font de longs voyages
Puis tous ceux qui sont morts vinrent après ceux-ci, Avec l'air qu'ils avaient quand ils vivaient aussi.....
[...]
Je vis soudain surgir, parfois du sein des ondes, A côté des cités vivantes des deux mondes, D'autres villes aux fronts étranges [au-dessus inconnus], inoüis, Sépulcres ruinés [au-dessus effacés] des tems [sic] évanouis, Pleines d'entassements, de tours, de pyramides, Baignant leurs pieds aux mers, leur tête aux cieux humides.
Quelques-unes sortaient de dessous des cités
Où les vivants encor bruissent agités....
[...]
Les dix premiers vers manquent mais ce manuscrit peut être considéré comme complet tel quel: ces dix premiers vers formant une sorte d'introduction générale et étant suivis d'un blanc, ils furent très vraisemblablement composés ultérieurement par Hugo, comme le suppose J. Gaudon dans son étude Le Temps de la Contemplation (Flammarion, 1969), où il souligne à la fois l'aspect «maladroit et pesant» de cette introduction, et le «caractère exemplaire» du poème.

►Ce manuscrit, avec diverses corrections, ratures et ajouts, est de la première écriture de Victor Hugo; mais il comporte également, pour une vingtaine de vers, des modifications et variantes d'une écriture plus tardive, au crayon, variantes la plupart retenues pour l'édition définitive.

Œuvres poétiques, éd. P. Albouy, «Pléiade», t. I, 1964, p. 770.
Infimes traces de pliures.
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