Lot n° 363

Dominique Dufour de PRADT (1759-1837) député du Clergé, émigré, aumônier de Napoléon, évêque de Poitiers, puis archevêque de Malines, diplomate, et écrivain politique. L.A.S., Blesle (Cantal) 2 février 1804 ; 3 pages et demie in-8...

Estimation : 400 / 500
Adjudication : 350 €
Description
(portrait joint).
Très belle lettre en réponse à la proposition de collaborer à un ouvrage collectif. Flatté et étonné de figurer parmi les noms éminents de son prospectus, il craint cependant de ne pas pouvoir collaborer de manière suivie. « Je serai moins impropre à un travail, à des écrits politiques qu’à tout autre… Après eux, viendrait l’agriculture cette partie ne peut être mieux placée que dans les mains de M. Lasterye… Pour écrire sur la politique, il faut une liberté que nous avons sur toutes les estampilles de nos passeports, de nos cartes de sûreté, de nos murailles, de nos prisons, comme à Gênes, mais qui est absente depuis longtems de chez les imprimeurs. Pour encenser les idoles, et les erreurs du tems, grossir la foule des esclaves publics, et des empoisonneurs de l’esprit public en France et en Europe, je n’ai pas un front d’épaisseur à soutenir un pareil rôle, à l’envisager de sang-froid, une demi-seconde. Je suis l’opposé aux systèmes politiques du tems, je suis si frappé de leurs inconduites, ils se montrent tous les jours sous des caractères si allarmans, le public est si distrait, l’Europe politique aussi… que je n’ai rien à dire à tous ces gens-là… Je ferais tort à l’ouvrage, et ne ferais de bien à personne… Me voilà donc forclos des deux seuls articles où je pourrois travailler… En littérature, que faire encore. J’y travaillerois comme en politique, suivant la rigueur des principes, et Dieu sçait quels cris on élèverait. Personnellement je ne suis pas littérateur : quelque facilité à faire de méchans vers ne donne pas de droits à ce titre… À l’exception du latin, je ne sçais pas les langues vivantes ou mortes. Je n’en ai jamais eu le don : jugez d’après cet exposé à quoi je puis être bon. Veuillez observer que je ne suis pas fixé : que j’appartiens à un état qui pourroit le faire : et qu’à la veille d’evenemens aussi prodigieux que celui qui va frapper dans un sens ou dans l’autre, tout engagement de quelque durée est téméraire. Je suis par ma position autant que par la faiblesse de mes talents, hors d’état d’en contracter. Car si j’en prenois, j’y tiendrois beaucoup »…
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