Lot n° 339

Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de MIRABEAU. L.A.S. « Mirabeau fils », [début 1776], à un ami ; 2 pages et quart in-4 (fente réparée, manque le bas du 2e feuillet sans perte de texte).

Estimation : 2000 / 2500
Adjudication : 2 000 €
Description
Stratégie pour fléchir la sévérité de son père. Il prie son ami d’écrire à son père sans plus tarder, « car enfin il peut prendre un parti vis-à-vis du ministre, et avec toute sa feinte indifférence me faire arrêter. Le tems n’y fait rien ; il doit bien penser que je ne suis pas éloigné de la frontière ; et Pontarlier n’est qu’à une lieue ; ainsi vous êtes censé avoir tout le tems nécessaire pour m’avoir vu »… Mirabeau écrit ensuite le contenu de la lettre au marquis de Mirabeau que son ami devra copier et signer : « J’espère que vous ne regarderez pas comme une importunité les nouvelles supplications que j’ai l’honneur de vous adresser » ; sa démarche est dictée par l’amitié : « Certainement il n’est pour monsieur votre fils qu’un danger, c’est d’avoir aliéné votre cœur sans retour. Le secret dont il est chargé n’est absolument rien. Je me garderais bien, Monsieur le marquis, d’oser vous donner mes opinions en fait de procès […] mais les formes judicaires sont mon métier ». Les créanciers ne sont pas le plus inquiétant car « vous êtes son curateur et quelques embrouillées que puissent être ses affaires, votre prudence et votre habileté en viendront à bout. Les ordres du roi ne seront jamais accordés contre M. le comte de Mirabeau qu’à votre sollicitation. […] Un prisonnier est sous une garde. Sa détention n’est pas volontaire et s’il recouvre la liberté en s’échappant, il ne désobéit point, il use des moyens que lui suggère son adresse, ce n’étoit pas à lui à se garder ». Il n’y a que le courroux du marquis qui puisse être un véritable malheur pour son fils. Quant au rapport que ce dernier aurait envoyé au comte de Saint Germain, c’est « évidemment le fruit d’un premier mouvement et d’une vive inquiétude ». Cette lettre n’est en aucun cas un reproche : « M. le Comte propose de se laver des imputations dont on pourroit le noircir. Il auroit beaucoup mieux fait sans doute de ne les point prévoir […] mais enfin, ce tort, qui est celui d’un jeune homme, auquel on avoit exagéré votre mécontentement et les projets de votre sévérité n’a pas mérité sa perte, et ne la lui attirera pas ». Que le marquis ne reste pas insensible à un fils qui ne cherche qu’à lui plaire et à soulager le chagrin qui oppresse sûrement son cœur : « Vous apercevrez que ne pas sauver votre fils en ce moment, c’est le perdre, que ne point le relever c’est le précipiter »… Mirabeau termine en priant son ami d’envoyer cette lettre le jour même…
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