Lot n° 337

Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de MIRABEAU (1749-1791) le grand orateur des débuts de la Révolution. L.A. (minute), 21 décembre [1775, à son père] ; 2 pages petit in-4.

Estimation : 2500 / 3000
Adjudication : 3 200 €
Description
Justification après la parution anonyme de l’Essai sur le Despotisme (1775). Le respect filial pousse Mirabeau à faire part à son père d’un événement auquel il n’accordait pas d’importance mais qui fait quelque bruit : « Au reste je n’ai jamais cru que le gouvernement fut assez bon pour me donner de la célébrité pour si peu de chose ; ainsi je n’ai pas craint que cela alla fort loin. Si l’ouvrage qu’on m’attribue, l’a choqué, tant pis pour lui ; car tous les principes en sont vrais et bons ; et certainement un honnête homme ne les désavouera jamais, mais comme on ne se met pas de gaieté de cœur à l’embouchure d’un canon, je ne l’avouerai pas non plus. Voilà ce que veut dire, Non, ce n’est pas moi. Si je me fusse mieux exprimé, j’aurois dit : ma défense se borne à ces mots : prouvez que c’est moi. Il me semble qu’on s’en est peu soucié et l’on a bien fait. Au reste la démangeaison d’imprimés n’est pas à beaucoup près mienne. J’ai eu l’honneur de vous le dire dans toute la sincérité de mon cœur : j’ai trop d’amour propre pour mettre à ce livre la moindre prétention ; j’ajoute que je suis bien sûr de pouvoir faire mieux ; mais bien plus sûr de n’être jamais content de ce que j’écrirai ; parce que je porte en moi le tourment des hommes médiocres mais sensibles ; je veux dire : beaucoup plus de goût que de talent »… Mais il ne compte pas se laisser décourager pour autant, ainsi que son père le lui a appris… « Je suis bien convaincu que l’universalité de l’instruction peut seule forcer la main aux gouverneurs ; or cette universalité de lumières ne s’acquierra pas par des mémoires manuscrits croupissans dans le cabinet des ministres. L’impression est donc de première utilité, et peut-être aussi, en beaucoup d’occasions de premier devoir ; j’ai de plus éprouvé que l’idée qu’avoient inspiré mes principes, et ma chaleur à les répandre, m’a procuré beaucoup de secours, loin de m’en priver. C’est apparemment un effet de la confiance qu’on a que le gouvernement veut réellement le bien. Il me paroit que vos éphémérides et les gazettes du commerce annoncent toujours à l’avance, et par la discussion, le point de réforme qu’a résolu le gouvernement ; cela ne prouve pas qu’on rejette les recettes imprimées »… Son ouvrage sur les Salines serait déjà terminé s’il n’avait subi quelques contretemps. Il évoque une affaire qui l’a beaucoup accaparé, « un assassinat commis par un employé des fermes prétendument dans ses fonctions. Ces délits sont fréquents et font frémir »…
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