Lot n° 263

Antonio BUONAVITA (1752-1833) aumônier de Napoléon à Sainte-Hélène. 6 L.A.S. et 2 L.S., 1819-1831, au cardinal Fesch ; 14 pages in-4, 2 adresses ; 7 en italien.

Estimation : 2000 / 2500
Adjudication : 2 600 €
Description
Bel ensemble de lettres à l’oncle de Napoléon, la plupart concernant son prochain départ pour Sainte-Hélène. [Antonio Buonavita eut une vie mouvementée. Originaire de Corse, il entra dans les ordres et partit pour Cadix où il avait des attaches. Il s’engagea ensuite comme aumônier dans la marine espagnole, pour finalement se fixer au Mexique où il resta longtemps et fut momentanément précepteur du fils du vice-roi. Après deux séjours aux États-Unis, il revint en Europe et entra en contact avec le cardinal Fesch, grâce à qui il obtint la place d’aumônier de la mère de Napoléon à l’île d’Elbe. Après Waterloo, celle-ci l’envoya une première fois auprès de Napoléon, mais l’abbé ne put le rejoindre et rentra à Rome où il servit auprès de Madame Mère et de Pauline. Enfin, alors que Napoléon sentait la fin approcher et voyait plusieurs personnes le quitter (Santini, Archambault, Le Page, Rousseau, O’Meara, qui repartirent vers l’Europe, et Cipriani Franceschi qui mourut à Longwood), le général Bertrand fit une démarche auprès du cardinal Fesch, le 22 mars 1818, pour obtenir l’envoi d’un prêtre, d’un médecin, d’un maître d’hôtel et d’un cuisinier. L’accord fut donné par les Anglais le 10 août 1818, et le cardinal Fesch décida d’envoyer Antonio Buonavita comme aumônier en titre, Angelo Vignali comme chapelain adjoint, Francesco Antommarchi comme médecin, Chandelier et Coursault comme cuisinier et maître-d’hôtel. Les cinq hommes partirent de Rome en février et arrivèrent à Sainte-Hélène le 20 septembre 1819. Buonavita, âgé et souffrant de maladie avant même son départ, dut repartir le 17 mars 1821. Il obtint ensuite une cure à l’île Maurice (1823) et y mourut en 1833.] Sept lettres sont écrites avant le départ pour Sainte-Hélène, durant le voyage d’Italie à Londres : Bologne 6 mars 1819, Turin 13 mars, Genève 20 mars ; puis de Londres, les 27 avril, 29 juin (2 lettres), et 9 juillet 1819. Ces documents se révèlent être un complément utile aux Mémoires d’Antommarchi, principalement sur les activités du groupe à Londres avant leur embarquement : outre des remarques sur la cherté de la vie dans la capitale anglaise et sur ses problèmes financiers, Buonavita informe le cardinal Fesch de ses achats pour Napoléon (un équipement de cuisine, des instruments médicaux, deux globes, deux télescopes, du café, etc.) et des personnes auxquelles il a rendu visite pour lui-même et sur ordre du cardinal. Il raconte ainsi ses rencontres avec le vicaire apostolique à Londres, l’évêque catholique William Slater, et la famille francophile Hamilton (le frère du marquis de Douglas et le duc de Hamilton). Il décrit ses entretiens avec Lord Bathurst, secrétaire d’État à la Guerre et aux colonies, détaille les difficultés que celui-ci lui fit pour accepter l’embarquement conjoint d’un deuxième prêtre (Vignali) et pour lui donner des renseignements sur la situation et la maladie de l’Empereur. Buonavita précise qu’il a pu rencontrer le cuisinier Lepage, qui, de retour de Sainte-Hélène où il travaillait pour Napoléon, lui donna des nouvelles plus fiables. L’abbé parle aussi du comportement mondain et arrogant d’Antommarchi, lequel n’aimait pas Vignali et travaillait à sa propre gloire dans les milieux intellectuels londoniens en jouant de la renommée que lui avait acquise la publication des planches anatomiques de Paolo Mascagni.... Une dernière lettre est datée de l’Île de France (Maurice) du 30 août 1831. Buonavita, alors titulaire de la cure de Port-Louis, à l’île Maurice, terre conquise par les Anglais en 1810, y donne son opinion sur les problèmes rencontrés par l’évêque du lieu avec son clergé, dont certains membres, bénéficiant de hauts appuis à Rome, se montraient indociles à l’autorité épiscopale...
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