Lot n° 244

Xavier AUDOUIN (Limoges 1766-1837) prêtre puis meneur révolutionnaire, membre de la Commune de Paris, administrateur à la Guerre et gendre de Pache, puis publiciste et magistrat. Manuscrit avec corrections autographes, Souvenirs anecdotiques sur...

Estimation : 1200 / 1500
Adjudication : 4 000 €
Description
les principaux événemens de la révolution de 89, par un officier municipal de la commune de Paris, depuis Commissaire ordonnateur en chef des guerres, secrétaire général du ministre de la Guerre et juge à la Cour de cassation sous la république et sous l’empire ; 195 pages in-fol.
Mémoires inédits, pleins de verve et d’intéressants détails sur la Révolution. Le manuscrit, dicté par Audouin ou copié par un secrétaire, a été repris et corrigé par lui plus tardivement (Audouin était devenu royaliste sous la Restauration). Des coupures et mutilations ont été portées dans les premières pages, et le manuscrit comporte quelques autres lacunes. Il présente également de nombreuses ratures et corrections (ainsi « Capet » devient « le Roi » ou « Louis 16 »). Cette copie incomplète s’ouvre au milieu d’un vif échange (dont le début manque) entre l’auteur et un duc : « M. s’il ne suffit pas de détruire les mots ne détruirons les choses. – Que dites-vous ? Que dites-vous Monsieur, savés vous bien que l’on ne sent pas impunément un sang noble couler dans ses veines. – Et croyés-vous que mon sang roturier ne bouillone pas aussi »… À la fin, le manuscrit s’interrompt brusquement, au milieu d’une page, au cours d’observations sur les écoles spéciales pour des « élèves de la patrie ». Ces Souvenirs, où Audouin se montre fort critique sur ses contemporains (« faquins », « coquins », intrigants, faux, etc.), évoquent notamment les séances des clubs (un passage sur son discours aux Jacobins pour « la déchéance de Capet » a été soigneusement biffé), de la Constituante et de la Convention ; ils livrent des portraits et souvenirs sur de nombreux acteurs de la Révolution, des hommes politiques tels que Billaud-Varenne, Charles de Lameth, Mirabeau, Robespierre, Danton, Camille Desmoulins, Monge, Chénier, Condorcet, De Bry, Carnot, Pache, ou Manuel, et sur des généraux tels que Jourdan, Lafayette, Dumouriez, etc. Il raconte l’activité du Comité de Correspondance des Jacobins (curieuse anecdote sur une plainte de « la femme du roi » pour « l’enlèvement d’un pot de chambre dans la journée du 20 juin »), le déroulement dans le détail de la journée du Dix Août, les suites de l’invasion des Tuileries, les problèmes de la Commune, puis ses missions dans les départements… Ces souvenirs donnent à leur auteur un beau rôle de défenseur des droits du peuple, révolutionnaire désintéressé, orateur et rédacteur d’adresses aux armées ou aux départements, prompt à parler de ses propres sentiments, principes et préjugés, et de quelques erreurs aussi. Ainsi en 1791 : « le feaux Brissot trompa la simplicité des patriotes. Il n’en étoit pas un qui ne fît des vœux ardens pour son élection. Que d’efforts que de soins pour y réussir. Sa phisionomie me déplaisoit j’étois aussi mécontent de le voir m’écouter sans me répondre. Il paroissoit occupé de trop de choses, et ce rédacteur du Patriote françois ne m’eut point paru patriote si je m’étois rapporté à mon instinct plustot qu’à toutes les combinaisons dont je fus duppe. D’abord je l’ai entendu parler aux Jacobins en faveur des hommes de couleur et ce souvenir me plaisoit. […] J’ai longtems eu pour regle de conduite de marcher toujours en sens inverse des aristocrates. Tous les royalistes paroissoient détester Brissot je crus que tous les patriotes devoient l’aimer. Je votai constament pour lui, et tous les sans culottes en firent autant, il ne fut pas plustot nommé que mes yeux se désillerent en le voyant embrasser Ramon royaliste gangrené, et surtout en l’entendant nous inviter à lui donner nos voix. Je fus encore duppe du ton marin du marquis de Kersaint »… Etc.On joint une copie dactylographiée de ces Souvenirs.
Partager