Lot n° 202

SAINT-POL-ROUX. L.A.S., 63 rue de la Goutte d’Or [1893 ?], à Gustave Geffroy ; 4 pages in-8.

Estimation : 400 / 500
Adjudication : 500 €
Description
Très belle lettre après un article de Geffroy sur le tome I des Reposoirs de la procession. Le poète est gâté : « mon miroir en quelque sorte m’a trouvé tout rose et comme glorieux. J’étais passionné de me concilier la grande âme de l’impression, c’est-à-dire Gustave Geffroy. Je vous aime parce qu’en vous il y a […] du guerrier jeune et de l’aïeul déjà. Certes, si en coopération que vous soyez avec les nouveaux Lohengrins de l’idée pure, je n’oublie point que vous fûtes parmi les premiers sur la barricade de Manet ; c’est donc jouir d’un héritage que vous lire. C’est aussi escompter de l’avenir que vous entendre, puisque ayant délibérément souscrit au progrès de l’évolution vous figurez parmi les meilleurs conseils de l’art neuf. Croyez-moi ravi de l’intuition de votre lecture de mes reposoirs : quel charme vraiment d’être ainsi compris et discuté ! Au fond, je le sens, nos avis sont analogues ou sont à la veille de l’être. À force de se réciproquement courtiser, les esprits même les plus divers de l’époque finiront bien par engendrer la décisive harmonie de l’idéoréalisme. Il ne faut pas être tout réaliste ou tout idéaliste (testiculus unus, testiculus nullus), mais les deux à la fois : envergure qui décide de l’absolue puissance d’art. Nous devons, bref, cultiver le vase d’argile où s’est blottie l’idée. Ne nous esquivons point par les tangentes superficielles, accomplissons l’intime pèlerinage du cercle au centre, et ne voyons en la matière des êtres que le tangible rayonnement de l’âme de ces êtres. Faisons mieux et davantage que nos pères choisis, lesquels exprimèrent des choses qui vivent, exprimons des choses qui vivent et qui pensent. Nous aurons ainsi réalisé l’entière création et mérité le droit de dire à Dieu : mon cher confrère ! »…
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