Lot n° 172

Jehan RICTUS. 11 L.A.S., Paris 1931-1933, à P.A. Fils au Caire ; 41 pages in-8 ou petit in-4, quelques enveloppes.

Estimation : 500 / 700
Adjudication : 1 000 €
Description
Intéressante correspondance dans le souvenir de Léon Bloy. 17 juin 1931, au sujet de la copie sur papier Japon de son manuscrit sur Léon Bloy, que P.A. Fils lui a commandée. Il espère le rencontrer prochainement et se propose de lui signaler les manuscrits ou livres rares qui pourraient l’intéresser à Paris… 8 juillet. Il a joint à l’envoi du manuscrit 3 croquis, « souvenirs sur le milieu bloyen ». Il ne renonce pas à son projet de publication sur Bloy, qu’il illustrerait lui-même : « Ce sont trois de ces dessins Portrait-Souvenirs que je vous adresse » ; mais il ne sait quand il pourra le réaliser, ne disposant pas pour le moment d’un atelier pour travailler et ayant une bien mauvaise vue. Il va donner une causerie sur la vieille chanson populaire française sur Radio-Paris… 28 août. À propos de l’amour qui unissait Léon Bloy à sa femme et de son fort sentiment de l’amitié : « Sa fureur d’aimer était dévorante : il absorbait ses amis. Et moi-même je dus finir par me dérober à ses transports car je n’aurais su résister. Il m’eut dévoré tout à fait et il ne serait resté que quelques os de mon maigre squelette… Bloy ce fut l’affamé de tendresse, l’affamé d’amitié et d’amour. Aussi que de déceptions, que d’amertumes pour lui »… Il encourage Fils à investir dans les manuscrits et les livres ; pour sa part il aimerait s’offrir une « petite bicoque » avec un atelier pour dessiner à son aise… 8 octobre Au sujet de la situation économique en Égypte : « Je suis fâché d’apprendre que vous avez encore écopé dans la chute de la livre. Et fais des vœux pour que la répercussion s’arrête. Cependant l’Angleterre serait à la veille d’une secousse violente que je n’en serais pas surpris »… 1er novembre. Il a reçu un courrier d’une agence théâtrale en formation à Alexandrie et demande s’il peut s’y fier : « Je ne peux, vous comprenez bien, lâcher tous mes travaux et occupations et m’embarquer pour l’Égypte sans un viatique solide pour le voyage aller-retour et sans la possibilité d’en rapporter quelques billets de mille francs qui m’aideraient à attraper ma maisonnette, ma gouvernante rousse (car je la veux rousse – j’adore les rousses) ou un atelier pour faire mes dessins »… Quelques semaines plus tard, il remercie des renseignements procurés au sujet de l’agence. Cette dernière ne l’a par ailleurs jamais recontacté… Il s’est rendu à Bruxelles pour faire une causerie et une récitation à la Radio Belge : « La succès a, paraît-il, été considérable »… 10 décembre 1932. Difficultés financières : « Je viens sonner à votre porte. Ça ne va pas. Je traverse une crise très dure ». Il travaille à un ouvrage compilant sa correspondance avec Bloy, illustrée de ses propres dessins, publiée dans Les Cahiers Léon Bloy. Il manque d’argent pour se chauffer et travailler correctement et prie Fils de bien vouloir lui acheter quelques manuscrits : « J’ai besoin de charbon et d’électricité pour travailler »… 27 décembre. Il est heureux d’apprendre que ses lettres l’intéressent. Les croquis lui ont demandé beaucoup de labeur : « Je vois trop beau. J’ambitionne trop grand. De sorte que beaucoup de mes constructions sont en panne. Ça et les soucis domestiques et l’administration du peu que je possède me mangent mon temps pour le travail »… Son poème Jasante de la Vieille, cœur populaire a été dit à une matinée poétique de la Comédie Française par Berthe Bovy, « ce poème qui avait tant bouleversé Bloy ». La salle était pleine : « Le public était en pleurs. Bovy a eu neuf rappels !!! » Polydor a enfin édité le disque de ce poème, enregistré par lui : « C’est la gloire… Et avec tout ça je tire toujours le diable par la queue »… 17 avril 1933. La croix de la Légion d’Honneur lui a été décernée, suite à l’intervention d’« amis admirateurs fanatiques ». Mais sa situation matérielle n’a pour autant pas changé. Il prépare la réédition de ses Soliloques… Les Cahiers Léon Bloy ont terminé la publication de ses lettres mais tous ses portraits dessinés n’y ont pas paru… 14 septembre. Au sujet d’un projet de conférence sur lui, dont son « cher Papa d’Égypte » lui a fait part dans sa dernière lettre… Etc. On joint une petite photographie signée (juillet 1931), 2 L.A.S. à M. Guignard, qui l’a mis en relation avec P.A. Fils (1924-1931) et 1 lettre du libraire G. Privat au sujet d’un autographe de Rictus (1932).
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