Lot n° 152

Charles NODIER (1780-1844). 7 L.A.S., [1815]-1834, à Louis Aimé-Martin, homme de lettres et secrétaire du Corps législatif ; 7 pages in-8 ou in-4, 3 adresses (lég. fentes ou effrang.).

Estimation : 1500 / 2000
Adjudication : 1 800 €
Description
Belle correspondance littéraire et amicale. [1815]. Il s’excuse pour « la manière sèche et peu gracieuse dont j’ai paru répondre à vos intentions dans l’annonce de l’ouvrage de Monsieur de Saint-Pierre [Martin édita en 1815 les Harmonies de la nature de Bernardin de Saint-Pierre]… – Il le félicite pour son préambule des Harmonies : « C’est une des plus excellentes choses que vous ayez écrites, mais je n’en suis que plus embarrassé sur le choix des citations » pour l’article qu’il doit rédiger… [1820]. Il lui transmet un article et le prie d’intervenir auprès de Martainville : « Ils n’ont aucune raison pécuniaire pour en retarder la publication, et ils ont peut-être quelque raison morale pour reprendre mon nom qu’entre nous je ne leur donnerai plus. […] J’ai mis dans ce qui vous concerne l’expression de ma pensée, et je me suis emparé peut-être avec assez de bonheur d’un reproche qui vous sera fait pour les convertir en éloge, parce que telle est l’impression que m’a laissé votre biographie de Bernardin » [Essai sur la vie et les ouvrages de Bernardin de Saint-Pierre, 1820]… 3 mai 1834. Il a appris son mécontentement quant à son premier article et espère le reconquérir avec le second… Il a été obligé d’y mettre « des détails imposés par l’urgente nécessité de faire passer mes articles de linguistique, le volume étant en attendant son complément que mes autres affaires m’ont jusqu’ici empêché d’écrire, ce qui me tient sous le poids d’un dédit considérable en vertu duquel je serai rigoureusement poursuivi »… Il regrette de ne pouvoir écrire des articles plus régulièrement… Il a appris qu’il avait reçu l’offre d’un rédacteur moins affairé, qui saura probablement le satisfaire davantage… S.d. Il requiert une aide financière. Il s’est vu confier la mission par le Ministre de rédiger des articles sur « la nécessité des colonies général et sur la colonie africaine en particulier. […] En me confiant cette besogne, le Ministre eut la bonté de me dire qu’il savoit que ce genre de question étoit étranger à mes études habituelles et pouvoit me détourner d’une occupation plus agréable ou plus facile ; qu’il n’entendoit pas que le temps que j’y donnois fût perdu ; que les fonds applicables aux gens de lettres dont il pouvoit disposer étoient extrêmement restreints, mais qu’ils lui permettoient cependant de me promettre un faible dédommagement de mes peines »… Il le prie d’intervenir auprès du Ministre pour obtenir une avance sur salaire… – « Ce que l’amitié m’avoit promis hier est devenu inutile »… Le Ministre lui a écrit que tout ce qu’il pouvait pour lui était de ne rien réclamer, car « j’ai changé de dessein »… Lainé et Richelieu n’ont pas tenu leurs engagements : « Si M. Lainez peut me faire tenir le tiers des promesses écrites qui m’étoient faites […] je suis encore prêt à partir pour Odessa ; mais il est absurde de supposer que j’irai chercher à neuf cent lieues la détresse et la mort par respect pour un engagement qu’on a violé en tout point »… Il refuse que l’on attente à sa réputation : « Il sera difficile mais il sera piquant d’expliquer comment je me suis trouvé réduit, par l’effet de la protection spéciale de deux ministres, à la seule alternative d’aller me noyer dans la mer Noire ou de venir me noyer dans la Seine, et comment j’ai opté pour la Seine parce qu’on m’avoit rendu trop pauvre pour que j’allâsse plus loin »… – Sa situation matérielle s’améliore : « Un mois de travail obstiné me tirera de mes fâcheux embarras » et pourra bientôt rembourser ses dettes… On joint une L.A.S. de sa fille « Marie Antoinette Nodier », remerciant Aimé-Martin des vers qu’il a mis dans son album.
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