Lot n° 105

FLEURET (Fernand). (1884-1945). Manuscrit autographe signé, [Échec au Roi, tableaux de la fin de Henri IV], Paris-Beauchamp 1 avril-7 septembre 1933 : 153 pages in-4 montées sur onglets et reliées en un volume de maroquin brun, avec plats...

Estimation : 1500 / 2000
Adjudication : Invendu
Description
insérés de vélin ivoire, titre en lettres dorées sur le plat sup., étui (P. L. Martin).
Manuscrit de travail de ce roman historique sur Henri IV. Composé de 21 chapitres, il fut publié chez Gallimard en 1935, soit trois années avant l’internement de Fleuret en hôpital psychiatrique. Le manuscrit de travail, à l’encre noire et d’une petite écriture serrée qui remplit les pages, à l’exception d’une petite marge, est abondamment raturé et corrigé, avec de nombreuses additions interlinéaires, marginales ou sur des béquets, et il comporte plusieurs parties refaites et encollées sur la version primitive. Fleuret avait débuté dans la littérature par des rééditions de textes des XVIIe et XVIIIe siècles, qui influencèrent fortement son art très poli, aux phrases ciselées, et son goût pour l’histoire. Aussi s’agit-il d’un roman historique, qui se passe dans les toutes premières années du XVIIe siècle, sous le règne d’Henri IV, dans lequel apparaissent des personnages illustres, comme le Roi lui-même, Rosny (Sully), les princes de Conti, Vendôme, le maréchal de Bassompierre, Henriette d’Entragues, maîtresse royale. La trame du roman est fournie par la conspiration du duc de Biron, gouverneur de Bourgogne, qui se jugeant mal payé des services qu’il avait rendus au Roi lors de la reconquête du royaume, complota avec le duc de Savoie, le gouverneur de Milan, et l’Espagne, et mourut décapité en 1602. L’exemple fournit à Fleuret le second élément de son roman, la conspiration de Ravaillac, au moment où le roi allait entrer en guerre contre les Habsbourg d’Espagne et d’Allemagne. Ainsi, c’est toute la seconde partie du règne d’Henri IV qui fait l’objet de ce roman, œuvre truffée de petites notes d’érudition, de citations tirées des grands esprits du temps, et qui se termine sur l’assassinat du Roi : « Le carrosse venait de s’arrêter pour ne pas accrocher les bornes plantées devant les boutiques. C’était en face du Cœur couronné d’une Flèche. D’Épernon fit un geste de la main qui serrait la lettre, comme s’il eût dû en replacer le texte sous ses yeux. Alors, François Ravaillac, un pied sur le moyeu, l’autre sur une borne, le manteau rejeté sur l’épaule, la main droite appuyée aux ridelles, et soufflant une forte haleine de fièvre et de vin, frappa de la main gauche le Roi au-dessus du cœur, d’un coup rapide mais mal assuré, qui ne fit qu’une blessure peu profonde. – Ah! je suis blessé !... s’écria le Roi en haussant le bras »... (p. 152). Ce passage révèle bien l’érudition de Fleuret qui donne vie à la célèbre gravure représentant l’assassinat d’Henri IV. Quant à la phrase prononcée par le Roi, elle est aussi historique. On a relié en tête 2 L.S. : Gaston Gallimard à Fernand Fleuret (14 mars 1934, en-tête de la Librairie Gallimard), demandant si son « grand roman historique sur Henri IV » pourra être publié cette année chez Gallimard ; Pierre Hamp à Mme Rouzaud (Le Vésinet 4 mars 1935), sur le prix que le jury de la Renaissance va attribuer à Fleuret pour son œuvre, à la suite d’Échec au Roi, « volume superbe, puissant »…
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