Lot n° 97

[DUNOYER DE SEGONZAC (André)]. Ensemble d’environ 50 documents imprimés ou dactylographiés pendant l’Occupation allemande, certains avec annotations autographes.

Estimation : 1000 / 1000
Adjudication : 2 318 €
Description
Intéressant dossier sur l’attitude de Segonzac sous l’Occupation. L’artiste a notamment participé, en novembre 1941, à un « voyage d’études » en Allemagne, organisé par Arno Breker, avec Othon Friesz, Vlaminck, Despiau, Van Dongen, Paul Landowski (directeur de l’École des Beaux-Arts), Paul Belmondo, etc. Impressions d’Allemagne, récit dactylographié avec corrections autographes : « Je dirai tout d’abord que ce qui m’a frappé au cours de notre beau voyage en Allemagne, c’est l’accueil spontané et amical que nous y avons trouvé […]. Cette volonté et cette grandeur nous la trouvons, tant dans l’ébauche de la Salle du Congrès [de Nuremberg], qu’à la Luitpold Arena, à la Zeppelin Vice, expressions magnifiques de l’âme de la jeune Allemagne. Cette conception, nous la retrouvons dans le projet architectural du Grand Berlin et dans la réalisation du Kunsthaus de Munich. Là aussi on est frappé par l’appui considérable et immédiat que les artistes allemands trouvent, tant auprès du Führer que du Gouvernement... » Mise au point, avec corrections autographes au stylo rouge, tout à fait différente de la relation précédente (rédigée probablement juste après la guerre, afin de se disculper) : « La première invitation à un voyage d’étude des artistes français en Allemagne a été formulée en juillet 1941. Les peintres et sculpteurs pressentis déclinèrent l’offre qui leur a été faite. Une promesse de geste très large en faveur des artistes prisonniers avait été formulée dès le début. C’est en Octobre 1941 [par la Propagande] qu’une liste qui désignait un certain nombre d’artistes fut faite pour un voyage d’études artistiques en Allemagne. Des artistes de l’Art officiel et de l’Art Indépendant étaient désignés […]. Paul Landowski, Directeur de l’École des Beaux-Arts accepta, ayant la promesse de la libération des artistes prisonniers. A. Dunoyer de Segonzac fournit la liste des prisonniers du Salon d’Automne […]. Après l’exposition d’Arno Breker, qui avait promis d’en faire libérer une centaine à lui tout seul, devant la lenteur de l’exécution, Paul Landowski fit faire une démarche à l’Ambassade d’Allemagne, demandant des explications. Après enquête, on lui répondit que les listes des prisonniers avaient été égarées ; cette liste fut reconstituée aussitôt et remise à l’Ambassade qui répondit par la négative, prétextant l’évasion du Général Giraud »… Comité Arno Breker, page dactylographiée sous forme de confession personnelle de Segonzac visant à se disculper en énumérant les démarches entreprises auprès d’Arno Breker pour faire libérer un certain nombre d’amis victimes de la déportation : « J’ai depuis cessé tous rapports artistiques ou autre avec les représentants de la sculpture allemande à Paris. Néanmoins, j’ai cru devoir conserver des relations cordiales avec Arno Breker, sachant quelle influence il avait, et pensant à utiliser sa grande influence, pour sauver des prisonniers israélites déportés et protéger leurs intérêts. J’ai fait de nombreuses démarches auprès de lui pour sauver les biens de Georges Lévy […]. Vers la même époque j’ai mis en contact le peintre Clairin (une des figures héroïques de la Résistance) et Arno Breker pour tâcher d’intervenir en faveur de son fils qui devait être déporté de Compiègne en Allemagne. Démarche au début 44 pour tâcher de sauver Denis, fils de Claude Roger-Marx arrêté près de Grenoble […]. Démarche pour Bertrand Guégan et, à Paris, pour tâcher de faire libérer Maurice Goudeket ; démarche en commun avec José Maria Sert, pour faire revenir le peintre Zamorano déporté en Allemagne »... Jeux d’épreuves dactylographiées préparatoires à des articles de journaux ou émissions radiophoniques, certaines comportant quelques corrections autographes. Sont jointes les coupures de divers journaux s’y rapportant. Plusieurs minutes de lettres dactylographiées, certains avec corrections autographes. 20 décembre 1941. 2 à Maurice Loncle pour la libération de Maurice Goudeket : « J’ai vu Colette tout à l’heure. […] Elle a affirmé n’avoir que de la sympathie pour l’Allemagne […] Elle a vu Madame Abetz qui lui a donné beaucoup d’espérance au sujet de la libération de Goudeket, mais la situation est toujours la même, il est toujours à Compiègne, dans les baraques, pour un temps indéterminé. Les Israélites âgés de plus de 65 ans ont été libérés »... 1er mars 1944, incomplet au sujet de la tentative de libération de Denis Roger-Marx, arrêté à Grenoble en février 1944. Réponse négative à la proposition de Georges-Armand Masson, inspecteur général des Beaux-arts de Paris, de le nommer Membre du Jury du Concours d’eaux-fortes de Paris. Diverses lettres adressées à Segonzac par le Dr Buesche, directeur du Pariser Zeitung (6, 1941-1942, remerciements pour un « excellent papier » et pour le reversement de ses rémunérations à L’Entraide d’artistes, demande d’autorisation pour publier plusieurs de ses dessins, envoi d’un numéro de la revue Die Dame comportant les photos de l’exposition Breker, etc., et quelques réponses de Segonzac), par des organismes d’État (8 avril 1942, V. Poli, du Bureau des travaux d’art, annonce à Segonzac sa nomination au bureau de la gravure du Comité d’organisation professionnelle des Arts graphiques et plastiques ; 1er mai 1942, André H. de Grosville, attaché au cabinet de Benoist-Méchin, au sujet de l’accueil de l’exposition en France d’Arno Breker ; 11 Août 1942, André Lavagne, chef du cabinet civil du maréchal Pétain, au sujet de la Commission chargée par le Maréchal d’établir les armes de l’État Français) ; etc. Divers documents : sauf-conduit complété par Segonzac, lui permettant de sortir de la zone occupée pour se rendre de Paris à Saint-Tropez ; résumé dactylographié d’une entrevue avec Bernard Faÿ, nouveau conservateur de la Bibliothèque Nationale (2 octobre 1941) ; etc.
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