Lot n° 279

SEGALEN (Victor). Stèles. Pei-King, Des presses du Pei-T’ang, 1912. In-4 étroit [288 x 142 mm] imprimé d’un seul côté sur une feuille pliée formant 102 pages ; couvertures de papier beige avec étiquette de titre imprimée et collée sur...

Estimation : 6 000 - 8 000 €
Adjudication : 7 519 €
Description
le plat supérieur, boîte moderne.

Édition originale.
Tirage limité à 281 exemplaires : 81 numérotés sur papier impérial de Corée – les 21 premiers sur un papier plus épais – et 200 sur papier vélin parcheminé. En outre, il a été tiré cinq exemplaires non numérotés : 2 Chine, 2 Japon et 1 exemplaire de passe.

▬UN DES 81 EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS SUR PAPIER IMPÉRIAL DE CORÉE, “NON COMMIS À LA VENTE” (Nº 37).

Beau livre, d’une mise en page non seulement subtile mais d’une incomparable autorité : une des œuvres phares de la poésie du XXe siècle, “un genre littéraire nouveau” selon les vœux de l’auteur. Fruit du choc éprouvé par Segalen lors de sa première expédition en Chine en compagnie d’Auguste Gilbert de Voisins (1909-1912), l’édition de Stèles fut conçue et financée par son auteur. L’impression eut lieu à Pékin, sur les presses de la mission lazariste. Elle renferme près de 150 poèmes en prose, avec des épigraphes en calligraphie classique.
L’ouvrage est orné de deux sceaux “apposés à la main et faits de cinabre impérial”. Le troisième sceau figurant habituellement en fin d’ouvrage ne se trouve pas ici, mais un sceau supplémentaire figure en tête de volume.
Il existe deux sortes de couvrure pour Stèles, l’une constituée de deux plaques en bois, l’autre faite de deux cartons recouverts d’une soie chinoise : le présent exemplaire ne possède ni l’une, ni l’autre. Cela s’explique sans doute par la date de l’envoi – août 1912 – c’est-à-dire précisément quand l’ouvrage commença à sortir des presses ; les reliures n’étaient peut-être pas encore confectionnées. De même, on peut supposer que l’absence du sceau final et la présence d’un sceau supplémentaire au début relève d’erreurs de fabrication au début.

▬PRÉCIEUX ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉ :

A Jean Chabaneix
en parfaite sympa-
thie littéraire & a-
mitié – A Madame
J. Chabaneix, en
respectueux hommage
Victor Segalen
Tientsin. Août 1912

Sous l’envoi, Segalen a tracé neuf idéogrammes chinois : cette citation de Zeng Zi, disciple de Confucius, peut être traduite par :
Un vrai gentilhomme, un homme sage trouve ses amis grâce à ses écrits.

▬Superbe provenance que celle du docteur Chabaneix (1870-1913) que fréquenta Segalen en Chine. L’écrivain fut nommé à Shan-hauguan en janvier 1911 afin de diriger le service de quarantaine, à la place de Chabaneix rappelé à T’ien-Tsin. Deux mois plus tard, les deux médecins se retrouvent à T’ien-Tsin : moins d’un an plus tard, Chabaneix devait mourir du typhus. Segalen, qui l’a assisté dans son agonie, a rapporté les événements dans une lettre bouleversante.
Les liens entre les deux hommes remontaient avant leur rencontre en Chine : dans sa thèse soutenue en 1902 – Les Cliniciens ès Lettres – Victor Segalen citait l’ouvrage du frère de son confrère, Paul Chabaneix, intitulé : Influence du subconscient dans les œuvres de l’esprit. Paul Chabaneix et sa femme publièrent également des poèmes sous les pseudonymes de Marie et Jacques Nervat.


▬PRÉCIEUX VOLUME, L’UN DES TOUT PREMIERS EXEMPLAIRES DE STÈLES OFFERTS PAR SEGALEN.

(Bibliothèque nationale, En français dans le texte, Paris, 1990, nº 340 : “En même temps qu’il écrit sa première stèle, le 24 septembre 1910, Segalen commence à rédiger l’admirable texte préliminaire en s’arrangeant « pour que tout mot soit double et retentisse profondément ». Il compose ainsi un très lucide art poétique et, par la formule jour de connaissance au fond de soi, se rattache à la famille des poètes pour qui la poésie est un moyen de connaissance et tentative pour forcer les portes du monde.”)

Couverture défraîchie.
Traces de colle au niveau des raccords de papier.
Pâles piqûres éparses.
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