Lot n° 235

NIETZSCHE (Friedrich). Also sprach Zarathustra. Ein Buch für Alle und Keinen. Chemnitz, Schmeitzner [puis Leipzig, C.G. Naumann], 1883-1891. 4 parties en 2 volumes grand in-8 [218 x 144 mm ; 233 x 150 mm] de 114 pp. ; (2) ff., 103 pp. ; (2)...

Estimation : 30 000 - 40 000 €
Adjudication : Invendu
Description
ff., 119 pp. ; 1 portrait, 134 pp., (1) f. de table, 21 pp., (1) f. : les trois premières en un volume en demi-basane brune de l'époque ; la dernière brochée.

Édition originale des trois premières parties ; première édition dans le commerce pour la quatrième (Leipzig, C. G. Naumann, 1891).

▬Célèbre portrait photographique de Nietzsche en frontispice de la quatrième partie.

►Cette édition est rare :
on rencontre le plus souvent des exemplaires de la seconde édition, avec toutes les parties à la même date. L'éditeur ayant refusé de continuer une publication qui manquait fatalement de succès, la quatrième partie a paru à compte d'auteur en 1885. Elle n'a été tirée qu'à 45 exemplaires, distribués à des proches de l'auteur.

▬On ne connaît aujourd'hui qu'une petite dizaine d'exemplaires rassemblant les quatre parties en édition originale.

“Thus Spoke Zarathustra glorifies the übermensch (superman). It is a long philosophical prose poem and the most widely known of his works. [...] Nietzsche's influence in Germany, where the false glosses introduced by his sister were even further debased, was bad. In England his influence on the Shavian coterie, responsible for the earliest English translations, was temporary. His greatest influence has been in France” (Printing and the
Mind of Man).
Nietzsche lui-même considéra son Zarathustra comme un 5e Evangile, comme le plus haut point de perfectionnement de la langue allemande, issu d'une lignée inaugurée par Luther et Goethe : “Ich bilde mir ein, mit diesem Zarathustra die deutsche Sprache zu ihrer Vollendung gebracht zu haben. Es war, nach Luther und Goethe, noch ein dritter Schritt zu tun”.

▬Célèbre et précieux exemplaire ayant appartenu à Franz Overbeck, le compagnon inséparable de Nietzsche.

Il porte une longue note autographe d'Overbeck sur la doublure et le premier feuillet de garde du volume relié, recopiant deux longs passages de Ecce homo, l'autobiographie intellectuelle de Nietzsche, relatifs à Zarathoustra. Le premier passage traite de l'inspiration : Der Begriff Offenbarung, in dem Sinne, dass plötzlich mit unsäglicher Sicherheit, und Feinheit etwas sichtbar, hörbar wird, etwas, das einen im Tiefsten erschüttert und umwirft beschreibt einfach den Thatbestand. Man hört, man sucht nicht, man nimmt, man fragt nicht, wer da giebt ; wie ein Blitz leuchtet ein Gedanke auf, mit Notwendigkeit, in der Form ohne Zögern, ich habe nie eine Wahl gehabt. Eine Entzückung, deren ungeheure Spannung sich mitunter in einen Thränenstrom auslöst, bei der der Schritt unwillkürlich bald stürmt, bald langsam wird ; ein vollkommenes Ausser-sich-sein mit dem distinctivsten Bewusstsein einer Unzahl feiner Schauder und Ueberrieselungen bis in die Fusszehen [].

[L'idée de révélation, si l'on entend par là l'apparition soudaine d'une chose qui se fait voir et entendre à quelqu'un avec une netteté et une précision inexprimables, bouleversant tout chez un homme, le renversant jusqu'au tréfonds, cette idée de révélation correspond à un fait exact. On entend, on ne cherche pas ; on prend, on ne demande pas qui donne ; la pensée fulgure comme l'éclair, elle s'impose nécessairement, sous une forme définitive : je n'ai jamais eu à choisir. C'est un ravissement dont notre âme trop tendue se soulage parfois dans un torrent de larmes ; machinalement on se met à marcher, on accélère, on ralentit sans le savoir ; c'est une extase qui nous ravit à nous-mêmes, en nous laissant la perception de mille frissons délicats qui nous parcourent jusqu'aux orteils ; ]

Le deuxième passage s'arrête sur le personnage de Zarathoustra.

Sur la couverture de la quatrième partie, Overbeck a noté le titre d'un article de Théodore de Wizewa paru dans le Figaro du 10 avril 1892.
Nietzsche et Franz Overbeck (1837-1905) se rencontrèrent à Bâle en 1870 ; ils venaient d'être nommés à l'université de la ville, Nietzsche à la chaire de philologie, Overbeck se voyant attribuer l'enseignement de l'histoire ecclésiastique ancienne et moderne. Les deux amis ne devaient plus se quitter. C'est à Overbeck que Nietzsche dédia son Hymne à l'amitié composé en 1875. Nous sommes deux naturels de savant qui cherchent à se dépasser, constate Overbeck lorsqu'il cherche à expliquer la solidité des liens qu'il avait tissé avec son ami.

►Très précieux ensemble : l'exemplaire le plus désirable de ce livre majeur de l'histoire des idées.

Ex-libris Georges et Geneviève Flore Dubois.

La reliure est usagée. Le dos du volume broché a été refait.

(Printing and the Mind of Man, n° 370.- Schaberg 36-39.- Zimmermann, 30-32 & 34.- Borst, 3580.- Wilpert-
Gühring, 12.)
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