Lot n° 232

NERVAL (Gérard de). Gaîté. Sans lieu ni date. Manuscrit autographe signé “Gérard de Nerval” ; 1 page in-12. Précieux manuscrit autographe signé d'une odelette célébrant le vin de Mareuil, “petit piqueton”. “Le piqueton, ou...

Estimation : 15 000 - 20 000 €
Adjudication : Invendu
Description
piquette, était à l'origine une boisson faite d'eau et de marc de raisin après l'extraction du jus, une boisson de pauvre. Au XIXe siècle, le mot a déjà le sens qu'on lui donne aujourd'hui de vin médiocre, piquant, pas cher. Gérard n'est pas plus amateur de grands crus (il n'en a d'ailleurs pas les moyens) que de crus exotiques. Quand notre consul au Caire lui fait goûter «un assez bel assortiment de vins de Grèce et de Chypre», il en retient surtout la saveur de goudron. Il aime le cidre nouveau, pas le cidre dur, le poiré qui écume comme la blanquette de Limoux, les bières blondes, pas les brunes. Côté liqueur, l'absinthe, le verjus, le ratafia du père Dodu. Et, cela va de soi, tous les petits vins, clairets et piquetons compris” (Florence Delay in Dit Nerval).

Petit piqueton de Mareuil,
Plus clairet qu'un vin d'Argenteuil,
Que ta saveur est souveraine!
Les Romains ne t'ont pas compris
Lorsqu' habitant l'ancien Paris,
Ils te préféraient le Surène.

Ta liqueur rose, ô joli vin!
Semble faite du sang divin
De quelque nymphe bocagère ;
Tu perles au bord désiré
D'un verre à côtes, coloré
Par les teintes de la fougère.

Tu me guéris pendant l' été
De la soif qu'un vin plus vanté
M'avait laissé depuis la veille ;
Ton goût suret, mais doux aussi,
Happant mon palais épaissi,
Me rafraîchit quand je m' éveille.

Eh quoi, si gai de si matin,
Je foule d'un pied incertain
Le sentier où verdit ton pampre...
- Et je n'ai pas de Richelet
Pour finir ce docte couplet...
Et trouver une rime en ampre!

La référence à Richelet est un clin d'oeil, le lexicographe ayant noté :

“Ampre : pampre - pas de rime.”
Le manuscrit est sans doute extrait d'une page d'album amicorum et porte, au verso, deux sizains d'Octave Lacroix intitulés : Imités de Goethe. Ces vers de mirliton célébrant une Lise ont été composés par Octave Lacroix, un temps secrétaire de Sainte-Beuve et amant de Louise Colet.

Gaîté a paru dans L'Artiste en 1852. Il fut repris l'année suivante dans le volume des Petits châteaux de Bohême.
On connaît deux manuscrits autographes : une première version au crayon et cette version à l'encre.

▬Provenance : liber amicorum de.
• Marc Loliée (le manuscrit est désormais répertorié sous son nom).
•Egide Bouchez (Bruxelles, 1988, nº 10 : avec reproduction).

(Nerval, Oeuvres complètes III, Bibliothèque de la Pléiade, 1993, p. 1156.)
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