Lot n° 177

GOURGAUD (Gaspard, général). Lettre adressée à John Jackson. Francfort, le 1er mars 1821. Lettre autographe signée “Gourgaud” ; 3 pages in-4, adresse avec marques postales sur la quatrième page. L'exil amer d'un héros de la Grande...

Estimation : 400 - 600 €
Adjudication : 515 €
Description
Armée.

Fidèle entre les fidèles, le général Gourgaud avait accompagné l'empereur déchu à Sainte-Hélène ; homme d'action, vouant un véritable culte à Napoléon, il supporta mal l'exil et ses relations avec l'entourage, notamment Las Cases, s'aigrirent au point qu'il dut quitter l'île en 1818.

“Qu'on ne me parle plus de cet homme, devait déclarer l'Empereur au général Bertrand : c'est un fou. Il était amoureux de moi. Que diable! je ne suis pas sa femme et ne puis coucher avec lui.”
Interdit de séjour en France, Gourgaud erra à travers l'Europe, rédigeant ses Mémoires édités en 1822.
Dans cette lettre datée de Francfort le 1er mars 1821, deux mois avant la mort de l'Empereur, il s'épanche auprès d'un ami anglais installé à Hambourg, John Jackson : “Si je meurs ici d'ennui et de tristesse, c'est au moins une consolation pour moi de voir que mes amis de Hambourg s'amusent. Ainsi parlant de vos plaisirs vous me dites que vous êtes constamment en fêtes, en bals, & tout cela c'est très bien - la vie est courte et il faut en jouir autant qu'on le peut. [...]”
Il lui reproche ses publications critiques, lui faisant remarquer qu'elles ne flattent que l'amour-propre, procurant des plaisirs éphémères et sont sources d'ennuis dans la durée.

“Je m'occupe aussi d'un ouvrage que j' intitulerai Souvenirs militaires de Ste Hélène. Aussitôt que je me déciderai à le publier, je m'empresserai de vous en envoyer quelques exemplaires.”
Il se préoccupe de son retour en France ; à cette fin, il a fait adresser par sa mère une pétition à la chambre des Députés. Chaque mot a été pesé et tout ce qui aurait pu froisser tel ou tel a été gommé de manière à ce que “les plus grands ultras ne pussent s'en fâcher. [...]
Si je ne puis pas encore rentrer en France, je ne sais où j' irai me fixer, mais je vous assure que je quitterai Francfort ; je m'y ennuie trop et les habitans sont trop francfortois, c'est-à-dire égoïstes, bas, sots et plats. [...]”

Enfin, sa situation lui pèse : “Je suis tellement las de la solitude où je suis et de la vie errante que je mène, que j'ai la plus grande envie de me marier, dites-moi donc s' il reste encore des demoiselles ou des veuves à Hambourg. [...]”

L'année suivante, il épousa la fille du comte Roederer qui lui donnera un fils.
Peu après la mort de Napoléon, il fit imprimer une pétition À MM. les membres de la Chambre des députés, demande des restes de Napoléon Bonaparte. Elle n'eut aucun écho. Près de vingt ans plus tard, en 1840, c'est pourtant lui, Gourgaud, qui accompagna le prince de Joinville à Sainte-Hélène pour le retour des cendres de l'Empereur.
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